La Sculpture : un art fondateur, thérapeutique et nécessaire 4


 

La sculpture, un art révélateur d’énergie motrice

 

Depuis la rentrée de septembre 2015, j’ai pris la décision de quitter le confort de mon atelier pour aller à la rencontre d’une autre pratique artistique. Le hasard aidant, j’ai eu la chance de pouvoir intégrer un cours de sculpture (modelage et moulage) au sein de ma ville de résidence. Vous raconter toutes les belles histoires qui en ont découlé serait long et inintéressant pour tous ceux qui ne me fréquentent pas au quotidien. Néanmoins, je vais vous compter l’essentiel, c’est-à-dire les conséquences directes que cela engendre dans ma pratique professionnelle des arts. Les projets que j’y développe et l’apport du modelage dans ma vie d’auteur m’apportent plus que je n’aurais pu l’imaginer. Partager avec vous cette expérience est en quelque sorte une suite à l’article que j’avais écrit en 2014, à savoir : Êtes-vous un artiste premium ? C’est incroyable comment on peut écrire sur soi et s’apercevoir deux ans plus tard comment on reste fidèle à une vision et à un état d’esprit. Je vous conseillerais bien de le lire avant de commencer celui-ci mais l’inverse est possible aussi. Certaines images de l’un de mes projets les plus ambitieux ayant fuité via d’autres relais, je vous offre donc une vue de ce qui occupe mes semaines depuis des mois. Vous savez comme je suis économe en démonstration de mes savoir faire. Cet article est une occasion pour moi de rappeler à ceux qui ne me connaissent qu’au travers de mes écrits que je suis aussi et avant tout un producteur d’œuvres d’art.

 

Depuis le mois de septembre, j’ai la sensation de ne plus avoir le contrôle sur l’intégralité de mes mouvements. Comme touché par un virus, je suis guidé par une incroyable énergie qui me pousse à sculpter sans discontinuer semaine après semaine. Modéliser manuellement en volume tous ces dessins qui ont depuis si longtemps gravité dans ma tête est une véritable libération. Certains parlent de feu sacré, d’autres de transe, moi je ne cherche même plus à nommer cette force, je l’utilise tout simplement. Après des années de dessins, de peintures et d’expérimentations diverses, il fallait absolument que je puisse aborder le monde du volume sous une forme éloignée de celle que j’avais apprise il y a longtemps.

Alors que l’Europe traverse sa plus terrible période d’attaques terroristes, je vis très certainement l’une de mes plus puissantes périodes de production artistique. C’est une situation assez paradoxale durant laquelle tout votre potentiel artistique n’est absolument pas chamboulé par les événements. Vous êtes touché comme les autres par les faits marquants d’actualité, en faisant preuve d’empathie envers les victimes et personnes que vous connaissiez.

Pourtant, le matin, alors que les sirènes résonnent dans votre ville, vous savez que vous devez vous exécuter à faire ce pour quoi vous êtes fait : créer. Nous avons vu ces derniers temps de nombreux auteurs prendre leur plume ou tous les instruments qui leur permettaient de s’exprimer pour communiquer sur ces événements. Personnellement, à force d’ouverture de sacs, de fouilles, et de « scans » de manteaux, je reviens à ma réalité créative en m’évertuant à développer mon potentiel en matière de modelage.

On ne le dit pas assez souvent mais les arts ont des vertus thérapeutiques. L’art thérapie en est un parfait exemple. La sculpture apporte quelque chose en plus de la peinture ou du dessin, elle apporte un rapport direct à la matière sans ustensiles et sans intermédiaires. N’importe qui peut prendre un morceau de terre et lui donner une forme qui sera reconnaissable à force de travail. Le dessin, lui, implique des connaissances de base qui peuvent vous éloigner de votre feuille. En sculptant, vous entrez dans une dimension où la matière évolue à chaque fois que votre main passe dessus. C’est une sorte de naissance qui prend des vertus curatives en ce moment, car elle vous plonge dans une forme de concentration et de repos. Il suffit de vous isoler dans une pièce et de vous poser devant une stèle pour voir comment le monde n’est plus le même. Le monde devient soudainement celui que vous fabriquez, gestes après gestes, et peu importe ce qui se passe, vous avez déjà l’impression de laisser une empreinte. Cette empreinte est importante car c’est aussi au-delà de votre premier ouvrage votre premier legs aux arts.

 

L’art, une arme curative contre les effets de la guerre

 

Souvenez-vous qu’enfant on vous confiait déjà de la pâte à modeler afin de produire un présent pour vos parents. Combien de tasses, de cendriers et de petits personnages informes sont venus peupler les étagères des salles à manger. Combien de parents se sont émerveillés en découvrant que leur progéniture pouvait représenter un objet. La faculté de concevoir est dans nos gènes, elle nous a permis de survivre jusqu’à maintenant. Que ce soit pour nous protéger ou alimenter notre foi et nos rêves, cette capacité à pouvoir représenter physiquement le monde ne s’effacera jamais de notre code génétique. Le monde tel que nous le connaissons peut disparaitre ou être tyrannisé, il y aura toujours quelque part des artistes pour produire des œuvres.

Durant l’été dernier, j’ai eu la chance de découvrir Rodez. Outre la ville et son potentiel, une exposition m’a permis de voir, une fois de plus, le pouvoir des arts en période troublée. (vous pouvez lire l’article ici) Un artiste avait produit durant la première guerre mondiale un ensemble de dessins et de peintures qui mettaient en image et en relief cette guerre. Si les premières esquisses représentaient des soldats en tenue et des situations de tranchées, il est intéressant de voir que rapidement son esprit a illustré un univers différent et riche de symboles dans la composition de ses peintures. De grandes scènes au sein desquelles des couleurs vives et épaisses jaillissaient de la toile comme un feu ardent suite à une explosion. Nous sommes des êtres humains et nous apprenons à surmonter nos peurs et nos traumatismes avec l’aide de mots, de croyances ou de pratiques artistiques.

Je crois qu’on ne le répétera jamais assez mais l’art se moque des guerres, des actes terroristes et des pluies de météorites. L’art nait partout sans chercher à obéir à une logique commerciale. L’art est la meilleure réponse à la définition de création spontanée, car il y aura toujours quelqu’un qui cherchera à exprimer de manière artistique un message suite aux plus terribles événements qu’il viendra à vivre. Des tranchées jusqu’aux asiles psychiatriques en passant par les prisons, il n’y a pas un seul lieu ou une seule période qui n’ait pas connu de productions artistiques.

S’il est facile de bruler des toiles et des dessins, détruire un patrimoine sculptural est une entreprise qui nécessite des moyens beaucoup plus contraignants. Quand bien même nous avons appris que des idoles étaient découpées, explosées et martelées, il y aura toujours un morceau, un fragment d’une statue qui racontera une histoire. La sculpture a cet avantage-là vis-à-vis des autres disciplines artistiques. Vous pouvez vous engager à vouloir détruire l’ensemble des pièces existantes d’une civilisation, il restera toujours quelque part enfoui ou à demi enterré un objet laissé en témoignage à des populations futures.

Du fin fond des forêts au plus profond de l’océan, pas un mois sans que l’on apprenne que l’on a découvert un artefact qui donnerait des éléments sur un peuple disparu. Pendant que je pratique moi aussi cet art ancestral qui traverse les âges, je me pose souvent cette question, que restera-t-il de nous si nous venions à disparaitre ? Et que restera-t-il de moi quand viendra mon heure aussi ? La sculpture est un véritable moteur qui permet de trouver en soi une force venant du fin fond des âges, vous poussant ainsi à donner le meilleur de vous-même. Cette sensation se ressent peut-être aussi parce que vous savez que quoi qu’il arrive, votre œuvre sera l’une des dernières choses qui subsistera quand vous ne serez plus là.

 

Mon œuvre, produit d’une expérience de vie en incubation.

 

Pour aller un peu plus loin avec vous sur le sujet, j’aimerais vous présenter un de mes projets en sculpture. Vous dévoiler une partie de celui-ci n’est pas anodin. C’est une œuvre symbolique sur plusieurs niveaux et certainement celle qui me tient le plus à cœur. J’y consacre un temps incalculable chaque semaine, et elle incarne de la meilleure manière qui soit les vertus de la sculpture. C’est un projet que j’avais déjà dévoilé il y a quelques années sur mon ancien site personnel et grâce à une rencontre exceptionnelle, il renait pour prendre enfin la dimension qui lui revient. Je vous ferai grâce des nombreuses images que j’ai prises et qui témoignent de l’avancement progressif de cette entreprise. Il y a des chances pour qu’un jour on les retrouve sur un support où leur présence sera plus justifiée. Trois images suffisent amplement pour le moment à démontrer mon propos.

 

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Une discipline qui vous pousse à dépasser vos limites

 

En sculpture, on ne cherche pas à créer de la valeur commerciale, ou encore répondre à un business plan. On touche à une réelle dimension artistique en lien avec nos émotions les plus profondes, voire avec la spiritualité en fonction de nos croyances. La notion d’inspiration et la capacité à représenter l’invisible dépendent autant de notre culture artistique que de notre aptitude à interpréter des rêves, des messages, voire des voix intérieures. Les voix intérieures n’ont rien à voir avec des symptômes de maladies mentales. Elles sont une part de notre être qui communique en permanence avec nous pour guider nos gestes. Diminue la matière ici, ajoute de la matière là, prends du recul… autant de petites instructions qui ne s’entendent pas à proprement parler mais qui peuvent parfaitement se comprendre quand bien même on ne pratique pas la sculpture. Notre part intuitive est elle aussi mise à contribution dans un domaine où vous allez apprendre, réagir et interagir avec une matière neutre pour lui insuffler de l’expressivité, pour ne pas dire de la vie.

Je me suis totalement laissé submerger par la sculpture car c’est aussi un appel plus profond auquel j’ai répondu présent. Deux personnes proches disparues trop tôt m’ont ouvert les yeux sur la notion de temps. On vit en oubliant en partie que nous sommes présents sur terre autant pour apprendre que pour transmettre. Certaines personnes limitent leur transmission en passant devant le notaire, d’autres en offrant une éducation à leurs enfants et parfois en effectuant les deux et bien plus encore. Un artiste se retrouve dans une situation où son désir de passer un message prend la forme qui lui semble la plus pertinente et la plus représentative des symboles qui l’assaillent.

A mon âge, je peux assumer pleinement cette idée d’être assailli par un torrent d’images sans que l’on me prépare une camisole. Parce que tout mon travail d’auteur réside dans ma capacité à canaliser mes flux pour qu’ils convergent dans des projets cohérents et compréhensibles pour tous ceux qui s’y intéresseraient. Ce n’est pas parce que nous vivons une période où l’appauvrissement culturel est quantifiable que les images qui nous viennent en tête le sont tout autant. Bien au contraire, je ne pense pas paraître dément en affirmant qu’une diminution qualitative dans notre champ visuel crée une augmentation de stimuli dans la zone du cerveau dédiée à la création. C’est une forme de logique qui touche ceux qui veulent que les choses changent grâce à leurs actes, et qui sont prêts à y accorder du temps sans en rechercher de retombées financières.

Vous vous doutez bien qu’en vous révélant mon point de vue au sujet de la sculpture, et en vous offrant les détails d’un projet de longue date, je ne cherche pas à vendre quelque chose. A titre informatif, j’ai eu cette idée en 2012, en matière d’incubation artistique il y aura de quoi écrire sur cette thématique. J’ai voulu, le temps d’un article, rappeler à beaucoup que peu importe la période, la créativité s’exprime et s’exprimera toujours. Mon œuvre ne représente ni un symbole de paix ni un symbole d’unité, elle appelle surtout à mettre en volume ma vision de la vie pour ne pas dire la matérialisation de ma renaissance.

 

Une incubation lente mais passionnante

 

Il y a des années, je pose les premières esquisses d’un projet qui allait prendre des proportions si grandes qu’en vous livrant aujourd’hui une partie de cette histoire, je ressens au plus profond de mon être des sensations tellement fortes qu’elles m’induisent à ne pas trop en dire. Quand j’ai commencé à travailler sur ce projet, j’avais le point de vue d’un designer qui souhaitait réaliser une œuvre majeure comme pour clore un cycle. Depuis ma première esquisse, de nombreuses expériences sont venues tout chambouler et remettre une couche de sens sur ce qui apparaitrait comme une fantaisie d’artiste aux yeux d’un néophyte. La résilience est un long processus dont j’avais déjà parlé dans un ancien article que vous pouvez consulter en cliquant ici.  En ce qui me concerne, l’acte créatif de ce processus a pris une dimension à l’échelle de ce que j’ai traversé durant ces dernières années. Quand votre esprit vous somme de créer et de vous dépasser en vous appuyant sur un art aussi influent que la sculpture, le résultat peut être à la fois puissant et enivrant.

 

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Vous pouvez passer des heures à chercher des formes, les tailler, les ajuster et finalement les recommencer. Comme ici (sur l’image du dessus) je découpe pour la seconde fois des jambes de ma sculpture humanoïde pour remplacer les anciennes que je trouvais trop fines. Un travail de longue haleine durant lequel vous prenez le temps de réfléchir à ce que vous faites. Vous rentrez dans un état de concentration qui fait appel à votre expérience pour autoriser les prises de risque. Tous les outils dont vous disposez sont utilisés et parfois réinterprétés pour accéder à un but. L’avantage de ma présence au sein d’un atelier prend du sens quand, face à un dilemme technique, esthétique ou symbolique, la voix de votre professeur intervient pour vous guider sur une piste que vous n’envisagiez pas. On se plait à croire que la solitude est gratifiante pour valoriser un parcours artistique. Je n’ai aucun problème pour ma part à admettre que recueillir les voix des autres au cours d’une réalisation est un enrichissement non négligeable sur la durée. Quand je parlais de rencontre exceptionnelle au début de cet article, je parlais de celle avec mon professeur de sculpture : Jean Sébastien Raud. En comprenant la dimension spirituelle de mon œuvre, ses conseils vont bien au-delà d’une simple remarque sur la longueur d’un torse. Mettre en place un tel volume de matière est toujours plus efficace quand vous êtes accompagné par un professionnel qui est capable de lire des formes sur tous les plans y compris ceux que l’on ne voit pas.

Quand, face à vous, trône une forme d’environ 1m80, disposée dans une position qui la transforme en une sorte de petit monument, des avis différents du vôtre sont autant de raccourcis que d’impulsions complémentaires à l’achèvement de votre rêve. A la fin de la journée, alors que dans les foyers les familles digèrent leur repas en regardant un bon film, vous rentrez chez vous recouvert de mousse et matières tout autant exotiques. Les mains abimées par un travail manuel éreintant, mais avec la satisfaction d’avoir posé une pierre de plus dans ce nouvel édifice qui vous correspond tellement.

 

Tester différentes approches pour atteindre un objectif précis

 

Travailler la terre, cette matière qui ne se dompte qu’en fonction d’une habileté et d’une température, n’est pas aisé pour quelqu’un qui avait pour habitude de découper des formes précises dans des blocs fins et denses. Et pourtant, mois après mois, j’ai essayé d’enseigner à mes mains comment par contacts successifs elles pourraient me servir à exprimer des volumes que je découvrais heures après heures. C’est une chose de dire « j’ai sculpté cette forme pendant des heures », il en est une autre de rester debout des heures face à une stèle, travailler sans relâche à trouver un équilibre, commencer à l’atteindre et puis tout détruire, recommencer et affiner une forme avec vos doigts et tout ce qui vous tombe sous la main pour aplanir une matière qui ne se dompte qu’avec du temps.

En apprenant à modeler, le dessin ne m’a jamais aussi bien servi autant pour me donner une direction que pour corriger des formes. Trouver une esthétique qui vous plait n’est pas une chose facile quand vous avez en tête de multiples références. Vous devez apprendre à vous débarrasser de vos clichés et de tous ces artifices complexes qui surchargent un message qui, lui aussi, doit être simplifié. La tête que vous voyez ci-dessous est toujours en cours de modification, elle en a déjà subi deux majeures d’un point de vue morphologique. Les allées et venues avec mon carnet de croquis ont corrigé de manière efficace une vision qui exigeait d’être clarifiée.

 

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Enfin, après des mois de travail, de dessins, de tests de réflexion et de doutes, une forme a émergé devant moi. A la fois grande et élancée, elle me rappelle à quel point je suis loin du résultat final et tellement proche de mes rêves les plus fous. Ces images qui s’accumulaient sur le papier, qui n’avaient de sens que pour moi, deviennent l’incarnation d’une théorie, d’un concept et d’un souhait. Tenter de faire comprendre à tous ceux qui ne savaient pas qui j’étais, que je suis ce que j’ai toujours voulu devenir : un fabricant d’imaginaire.

 

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Je sais, en voyant cette image, que mon année prochaine sera encore chargée. Je découperai à nouveau, j’ajusterai, je prendrai du recul, je testerai encore et encore. J’ajouterai de la matière, j’en découvrirai d’autres. Peut-être qu’inconsciemment c’est une partie de ma vie que j’inscrirai dans cette sculpture qui réservera une surprise de taille une fois achevée. En attendant, je vais continuer à en rêver, à dessiner et à prendre le temps d’écouter ces voix qui guident mes mains en apprentissage.

 

Je conclurai par cette citation d’Antoni Tapies :

 

« Il faut que chacun élève sa propre activité au rang d’œuvre d’art et

que toutes les professions acquièrent la dimension spirituelle de l’art. »

 


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4 commentaires sur “La Sculpture : un art fondateur, thérapeutique et nécessaire

  • Etienne Frouin

    bonjour, il est vrai qu’il est intéressant de mettre des mots sur ce que l’on ressent pour qu’un néophyte puisse approcher plus facilement le travail de l’artiste. Maintenant, je pense que cette volonté d’écrire est plus utile à l’artiste 😉 qu’aux admirateurs. Au plaisir de voir les travaux finis!

  • Mémovoix

    Bonjour, bel article. Je partage votre point de vue sur l’impact souvent bénéfique du temps. Parfois on est même dépassé par la façon dont il nous influence au gré des créations, et il est vrai que la sculpture par son caractère évolutif est un art très parlant en ce sens. Est-ce que ce n’est pas en acceptant davantage d’être poli et façonné par le temps, qu’on est plus en mesure d’oeuvrer au sens premier? 😉

  • papini

    J ne puis que confirmer cette approche en tant que peintre, j’ai ressenti le besoin de volume, et un jour j’ai franchi le pas j’ai donc pris un bloc de pierre, acheté gouges et ciseaux et voici ce que j’en ai ressenti…. »lorsque je dégrossis l’entame d’un bloc, l’écho me rapporte l’onde de choc; quand du pouce je caresse le galbe d’un sein; il me dit quand je dois y mettre un frein; pour affiner le grain de peau; j’écoute ma râpe glisser sans Maux….

  • Papini

    Après avoir beaucoup dessiné, puis essayé la mise en couleur de mes dessins, enfin la mise en peinture l’aquarelle, l’huile sur carton, sur bois, sur toile, mélangeant pinceaux brosses et couteaux, le travail de la matière m’apportait une émotion intense, je me mis donc à la sculpture sur pierre, et le plaisir fut encore plus grand, de la pierre je passais au bois, le buis, l’olivier, le cade et à chaque changement de matière le plaisir éprouvé était différent, certainement olfactif par la diversité des essences, et la troisième dimension avec la pleine bosse, pour résumer mes sensations j’ai trouvé ceci: Sculpteur; « lorsque je dégrossis l’entame d’un bloc, l’écho du maillet me prévient par l’onde de choc, quand du pouce le caresse le galbe d’une hanche ou d’un sein le ciseau me dit quand je dois y mettre un frein et pour affiner le grain de peau, j’écoute ma râpe glisser sans maux . Aujourd’hui, pour m’exprimer j’utilise l’acier doux de 6 ou 8 mm de diamètre, voire le fer à béton que j’achète et qui pour certaines créations retrouve toute sa noblesse je fais partie des fildeféristes