Journal d’un créatif confiné : Sombrer ou s’élever ?


Journal d’un créatif confiné ? Sous ce titre se cache l’un des multiples textes écrits durant cette période de confinement. À l’image de nombreux créatifs, cette période a été propice à de longues sessions d’écriture pour moi. Aussi, au lieu de publier un journal de confiné régulier, j’ai pris soin d’organiser ma pensée pour la dévoiler sous la forme d’un article. Certains d’entre vous ont déjà lu mon texte précédent : Coronavirus, le déni de réalité face à la pandémie. J’ai articulé celui-ci autour de questions simples : Doit-on se laisser submerger par « l’infobésité » et se nourrir d’informations en continu ? Est-il possible de prendre du recul pour éviter de raisonner en circuit fermé ? Voilà en substance ce que nous allons voir ensemble dans ce texte.

 

 Un climat oppressant, peu propice à la joie de vivre

 

Dorénavant, chacun peut à sa manière mesurer la notion de liberté. Confinés chez nous, avec notre heure légale de circulation sous conditions, nous pouvons légitimement nous sentir emprisonnés. Je dois vous avouer qu’en sortant de chez moi en début de confinement, j’ai éprouvé du stress à l’idée de ne pas rentrer à temps. C’est un sentiment qui vous prend aux tripes, surtout quand la seconde camionnette de police ralentit à votre niveau. J’avais bien mon attestation en règle dans la poche, et mon ordonnance numérique dans le smartphone. Malgré tout, je me suis senti mal à l’aise en réalisant qu’il ne me restait que 5 minutes pour disposer de mes médicaments…

 

Cette expérience sans gravité vous fait prendre conscience de l’atmosphère qui règne en bas de chez vous. Il y a un climat étrange qui nous fait ressentir le confinement comme une sanction. Cette forme de détention administrative peut éprouver les plus sereins d’entre nous. Et c’est autant l’idée d’attraper le coronavirus que de subir « un contrôle musclé » qui crée l’angoisse.

 

Les « couacs » en cascades alimentent le stress et les comportements douteux

 

Il n’y a pas eu une semaine sans que des événements poussent à de profondes réflexions. Il suffit de prendre pour exemple l’ensemble des cas de figure qui ont mené à des attributions d’amendes. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’en effectuer la liste, tant nous avons lu les motifs les plus absurdes comme les appréciations les moins humaines. Nous pouvons admettre que ce confinement a mis en lumière des comportements indignes de notre pays. Et si jusqu’à maintenant certains fermaient les yeux, aujourd’hui ils les ont bien ouverts. D’ailleurs, certains français se sont pris au jeu de la surveillance. Et malheureusement ont un peu trop observé des attitudes qu’ils estiment illégitimes.

 

C’est dans ces conditions que les résidences se sont transformées en véritables tours de guets. La délation officieuse n’a jamais été aussi présente. Des voisins se dénoncent pour des promenades allongées, des sorties éloignées ou encore trop fréquentes. C’est fou comme une situation comme celle-ci peut tirer le pire de certains d’entre nous. Une chose est sûre, la fête des voisins ne sera pas la même l’année prochaine. La population vit comme sous perfusion dans l’attente d’un remède salvateur et libérateur. En lieu et place d’une solution, on nous propose des nouvelles polémiques entre fake news et chloroquine.

 

Une fois de plus, cela amène de faux débats qui divisent les Français en deux camps. N’étant jamais à court de vocabulaire, des journalistes ont tranché pour nommer l’état d’esprit contestataire de certaines personnes. Le mot radicalisation (tellement 2019) a trop servi pour désigner une catégorie d’individus. Alors que « Giletjaunisation » est un terme plus adéquat (ou 2020) à leurs yeux. Reste à savoir s’ils cherchent à créer de nouvelles tendances ou de nouvelles polémiques.

 

La presse et ses « effets de manche » toujours aussi efficaces

 

Pendant un temps, la presse s’est globalement gargarisée d’une délation officielle. En effet, Orange a tracé les franciliens qui se sont éloignés de la capitale, tout en rendant les données anonymes. Ce qui en soit est intéressant puisque la Chine et la Corée ne s’encombrent pas de ce processus… En France, ce n’est certainement qu’une question de temps avant que les datas ne se croisent. Il ne faut pas oublier que le traçage numérique (tracking) des individus est en cours d’étude. Quoiqu’il en soit, nous savons que plus de 200 000 personnes ont quitté la capitale.

 

Soit 1 francilien sur 6 parmi les exilés. Peu importe le nombre, 1 million 200 000 franciliens résonnent comme plus d’1 million d’infectés parisiens. Cette information était toujours assimilée aux conditions de propagation du virus. Dans ces circonstances, cela en faisait des boucs émissaires parfaits pour une presse qui a soif de sang pardon de scoops. Cependant, une fois de plus, les angles de vues les plus sales se révèlent les plus payants. La presse en ligne n’a jamais vendu autant de papiers numériques. Il faut ce qu’il faut pour compenser les pertes des ventes en kiosque.

 

Pour les amoureux des chiffres, vous pouvez consulter cet article : « Coronavirus : près de 19.000 articles chaque jour dans la presse française, un record »  en cliquant ici. Il vous donnera des détails sur le volume de production d’articles en rapport avec le Coronavirus. À titre informatif, on parle d’une présence médiatique plus importante que celle des gilets jaunes et des élections présidentielles… Vous avez dit infobésité ?

 

Observer la situation par le prisme d’un Designer

 

L’empathie permet de comprendre et de se mettre à la place des autres. Malgré tout, il n’est pas question de porter les charges émotionnelles de l’autre. Au contraire, l’empathie nous aide à prendre acte en prenant aussi de la distance. C’est grâce à cela qu’un Designer organise sa réflexion pour chacune de ses créations. C’est aussi la première étape du Design Thinking. Pour cela il doit s’informer, croiser des données et surtout ne pas se laisser influencer par des jugements à l’emporte-pièce. Je lis ici et là que certains rêvent d’un nouveau monde. De prise de conscience collective, d’évolutions, de partages, voire même de revenu universel.

 

Pourtant, certains d’entre nous sont déjà dans « le monde d’après », et ils peuvent témoigner qu’il est pire que le monde d’avant. Violences domestiques, précarité, pressions professionnelles, tensions avec des forces de l’ordre (euphémisme assumé pour éviter une suspicion d’écriture politisée), il n’y a pas un sujet de société qui ne soit en pleine explosion en terme de chiffres. Il y a tant d’articles qui traitent chacun de ces thèmes, que je n’ai même pas besoin d’aller plus loin.

 

Retour à un monde nouveau, un monde inversé

 

À la vue des nombreux événements et des changements comportementaux de la population, il est possible d’envisager plusieurs scénarios. En ce qui concerne l’un d’entre eux, j’ai l’impression que c’est un monde inversé que nous allons retrouver. Un monde où une partie de la population regrettera le calme du couvre-feu. Après tout, ce dernier épaulé par des drones de surveillance aura permis la baisse de la délinquance. De plus, beaucoup vont regretter un environnement à l’air plus pur, malgré d’autres formes invisibles de pollution. Surtout ne cherchez pas à en savoir plus sur le tri sélectif et la production des déchets en période de confinement. Vous pourriez tomber de haut.

 

D’après moi, des éléments de confort acquis sous la contrainte vont malheureusement séduire en sortie de confinement. Le couvre-feu pourrait être proposé dans certains quartiers, et stigmatiser des populations déjà fragilisées. Cependant, qu’importe l’inconfort de quelques-uns si l’on gagne en qualité de vie pour beaucoup d’autres… N’est-ce pas là les prémices d’une société décrite dans tant de romans de science-fiction ?

 

Allons-nous souscrire à un monde contrôlé par les nouvelles technologies ?

 

 

La population Chinoise s’est accoutumée et justifie l’attribution de points par le biais « d’un crédit social ». Le gouvernement Français a pour sa part imposé une attestation. Il est clair qu’il faudra être vigilant aux futures propositions électorales. Rien ne nous permet de douter qu’elles pourraient se mettre à la (mauvaise) page du numérique. Anne Hidalgo a quand même proposé « un certificat d’immunité » pour circuler dans Paris. Bientôt, on aura peut-être une attestation numérique pour circuler dans certains quartiers de la capitale. En admettant que cela arrive, qui s’y opposerait ? Sûrement pas les résidents assiégés par des hordes de touristes et des personnes étrangères à leurs quartiers. Ne voit-on pas les Vénitiens à la recherche de système de régulation et de « péage urbain » pour que les touristes accèdent à leur ville. S’il apparait légitime là-bas, pourquoi ne serait-il pas légitime dans une région qui a accueilli en 2018 50 millions de touristes.

 

 

Les rues privatisées et protégées par des barrières font déjà office de mesures de sécurité. Malgré cela, nous sommes toujours prêts à accepter plus de moyens par obsession sécuritaire. Qui n’a jamais été dans un appartement parisien en passant par 3 digicodes ? On sécurise l’entrée, l’ascenseur et les couloirs. Qui sait, bientôt la reconnaissance faciale sera nécessaire pour avoir le droit d’appuyer sur la sonnette. Beaucoup d’experts parlent en permanence de l’après confinement. Il est question de reprise d’emploi, de finance, de chiffres. Ceci dit, il me semble qu’on occulte le plus important : l’aspect psychologique des Français.

 

Crise de confiance envers le pouvoir en place et remise en question de toutes les décisions

 

Il me semble évident que nous vivons en apnée, dans la mesure où l’on attend un leadership qui n’apparait pas. Nous sommes en grande partie déstabilisés par le manque de vision à long terme et des informations contradictoires concernant les caractéristiques du Covid-19. Le « Soap Opéra » qui met en scène la chloroquine, un complot et le Président n’est toujours pas terminé. Il faudra attendre une saison 2 pour comprendre comment la science est devenue un spectacle digne d’une émission de divertissement. C’est pour ces raisons qu’il n’est pas nécessaire d’être fin psychologue pour en comprendre les conséquences. À savoir que cela n’amène pas les Français à se projeter dans de futurs projets économiques et professionnels enthousiasmants.

 

  L’affluence d’experts auto-proclamés et l’enfermement algorithmique

 

Cette crise aura permis de mettre en image le recul progressif des journaux traditionnels. Toutes les formes de médias qui diffusent une information neutre et vérifiable sont en recul. Toutes les chaines Youtube, les pages et groupes Facebook, tout comme les comptes Twitter qui se présentent comme dissidents sont par contre en ébullition. En conséquence, l’information tourne en circuit fermé, grâce aux performances de la logique algorithmique. Par exemple, si vous regardez une vidéo dénonçant un complot sur Youtube, on vous en proposera une autre sur le même thème.

 

Journal d'un confiné créatif

 

Comme évoqué précédemment, les Youtubeurs se sont transformés en épidémiologistes « autodidactes » via les réseaux sociaux. Ils sont devenus les relais naturels d’une information « vraie » (d’après eux), car contestataire. Pour ce qui est de la presse traditionnelle, elle sert de matière première pour générer un discours d’opposition. En fait, aujourd’hui la véracité d’un propos n’est même plus un sujet. Seule compte la diffusion d’idées, et cela peu importe la forme et la teneur de ce que vous diffusez.

 

Les « influenceurs » n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Cependant, la multiplication des vidéos à charge évite un point important. À savoir qu’on ne dispose pas à l’heure actuelle de certitudes, puisque le Covid-19 est toujours en étude. Les infox, les fake news et les contenus sans références ne cessent de polluer les fils d’actualité. On estime que leur nombre est si élevé, que nous connaissons actuellement la croissance la plus importante de ce phénomène. On parle même maintenant « d’infodémie »… Cela pose un problème qui n’est pas nouveau, le principe existe depuis longtemps. Comme on pouvait s’y attendre, ce qui est sans précédent c’est le volume d’informations contradictoires que l’on doit gérer par la suite.

 

La crise du coronavirus est surtout un catalyseur de biais psychologiques

 

Cette crise via le confinement a donc réussi à décupler des troubles et alimenter les biais psychologiques les plus dangereux. Le « biais de confirmation » n’a jamais été aussi visible qu’actuellement. Je pense qu’il faut être capable d’élever les débats, plutôt que de sombrer à cause de la pratique de l’influence néfaste. Débattre et critiquer avec force d’arguments la politique du pays ou la gestion du Covid-19 est nécessaire. C’est un moyen de faire avancer la pensée et les réflexions de fond. Inciter dans le même discours à abandonner une médication pour rallier une communauté est une autre histoire.

 

Imaginez ma surprise, en comprenant que l’un des auteurs d’une vidéo « d’analyse » de la crise se présente comme la réincarnation de l’enfant de Dieu… D’autres se disent Médecins (sans diplômes), Ufologues (les extraterrestres seraient liés au Covid-19) ou encore internautes « éclairés ». Conformément à leurs opinions, ces personnes préconisent pêle-mêle, l’urologie, le lavement au café (oui, on reste souvent sous la ceinture) et pensent que boire de l’eau sucrée peut vous soigner du SIDA…

 

Éviter les raisonnements faciles et vérifier ses sources

 

Quand des individus connus pour vous proposer de soigner des cancers avec de l’urine gagnent en audience c’est inquiétant. Lorsque des mouvements complotistes américains influencent des Français par leur biais, ce n’est pas une bonne nouvelle. De plus, il paraitrait que des extraterrestres reptiliens (soyons précis) travaillent avec des juifs pour nous implanter des puces… Pour ces motifs, je crois que le bon sens m’incite à user de mon scepticisme. En l’espace d’un mois, j’ai tout entendu. Ce qui est navrant c’est de voir comment les mêmes personnes reviennent à chaque crise. Et qu’elles participent à la propagation d’idées racistes.

 

N’oublions pas que nous sommes dorénavant dans une économie de l’attention. Les GAFAM se moquent de l’information en tant que telle. Leur seul désir c’est de nous conforter dans une idée, pour que nous puissions la partager et passer plus du temps à alimenter nos convictions. Par conséquent, plus vous passez de temps sur une plateforme et plus on peut vous vendre du contenu. Je dis souvent que nous sommes dans « l’ère du vide ». C’est-à-dire que la notion de débat a disparu au profit de l’affirmation de convictions. Les outils technologiques sont parfaits pour affirmer des idées, sans avoir besoin de les confronter. La seule nécessité est d’avoir une audience, qu’elle soit négative ou positive la finalité est la même : le temps disponible pour vendre des espaces publicitaires.

 

Éviter de sombrer dans les raisonnements dits « complotistes »

 

Je sais pertinemment que c’est le meilleur moment pour devenir complotiste. On pourrait facilement dresser des parallèles entre des « illuminatis » et des fonds d’investissements chinois. Cependant, la réalité nous démontre qu’à l’échelle internationale le sujet est trop sérieux pour se permettre des polémiques infondées. Il m’arrive de le répéter mais je pense vraiment qu’il y a un temps pour tout. Avec les nouvelles technologies tout s’accélère. On condamne avant de juger, on méprise sans preuves et l’on se radicalise sans s’en rendre compte.

Réfléchir à l’après, pour ne pas se focaliser sur le présent

 

Se projeter dans l’avenir n’est pas aussi difficile qu’on le croit. La première chose à faire est d’accorder de l’importance à des mots, des courants, des actions qui sortent de l’ordinaire. Les Designers et Créateurs utilisent une méthode que j’ai expliquée dans un article sur BeCreative consultable ici. En tant que particulier, vous pouvez passer l’étape de l’étude de marché et de  « la planche de tendances ». Il vous suffit de réfléchir directement en observant ce qui se passe autour de vous. Par exemple, avec le confinement les Français s’approprient de plus en plus les outils numériques.

 

Les chiffres concernant les ventes de biens et de services immatériels s’envolent. Concernant le commerce en ligne, il est tellement sollicité que le site d’Amazon est dépassé. Le confinement a déjà bouleversé des habitudes de consommation. La grande question est de savoir comment les autres boutiques et fournisseurs vont revoir leur position vis-à-vis du commerce en ligne.

 

Consommer ou surconsommer ?

 

Ce qui est certain c’est qu’en fin de confinement il y aura des pics de consommation. Certains experts s’attendent à ce que l’on appelle « le Revenge shopping ». Si l’on considère l’acte de consommation comme une dépendance, on comprendra assez facilement que cette addiction n’aura pas disparu. Tous ceux qui pensaient découvrir un nouveau monde en fin de confinement vont avoir de sacrées surprises. Je reçois des newsletters tous les jours avec des soldes sur des soldes. Pour reprendre l’image de l’addiction, imaginez un dealer qui ferait des promotions à des clients en cure de désintox…

 

 

Je m’attends plus à des achats compulsifs violents qu’à une accalmie durable. J’aimerais croire en la naissance d’un monde meilleur, voire en la possibilité d’un sursaut de grande échelle. Cependant, je crois avoir été témoin de beaucoup trop d’addictions pour croire en la réussite d’un sevrage massif. Les logiciels d’occultation qui permettent à certains de ne pas voir la misère en bas de chez-eux ne feront pas de grosse mise à jour. Ne comptez pas trop sur un reset ainsi que sur l’installation d’un nouveau système de pensée.

 

Un flou artistique durable dans la gestion des Artistes

 

Nous les Artistes avons l’habitude de l’isolement physique et administratif. Il n’est pas rare que beaucoup d’entre nous abandonnent des démarches, las de remplir des dossiers sans réponses. La complexité de certains statuts d’auteurs nécessite des interlocuteurs qualifiés. Et malheureusement, soit ils ne sont pas en nombre suffisant, soit ils sont inexistants. En ce qui concerne l’Allemagne par exemple, le sujet culturel est traité avec le plus grand sérieux. Les allemands ont décidé de sauver les acteurs de la culture, que vous soyez isolé ou dans une entreprise de plus de 10 personnes.

 

On parle d’un budget de 50 milliards d’euros pour le secteur culturel, ainsi que la prise en charge sur plusieurs mois de dédommagement pour les artistes (pour en savoir plus, cliquez-ici). En France, il faudra remplir un dossier, être sélectionné selon des critères inaccessibles et faire partie d’une élite pour 1500  euros. Deux salles, deux ambiances, comme le veut la formule. On aurait souhaité plus de considération de la part des protecteurs de l’exception culturelle. Malheureusement, il faudra se contenter d’un masque en coton à 5 euros, en attendant mieux.

 

Produire des oeuvres malgré le confinement et s’aligner

sur les autres artistes pour créer une force positive

 

 

C’est un moment sans précédent qui peut nous permettre aussi de développer notre créativité à une toute autre échelle. Des danseurs effectuent des chorégraphies en étant chacun chez soi. On découvre des mises en scènes réalisées en famille. Et c’est justement ce qu’il y a d’intéressant aujourd’hui. Malgré tout, il y a encore de belles histoires qui ont permis de recréer du lien dans certaines familles. C’est dans ces conditions que l’on a vu des parents s’impliquer avec leurs enfants dans des séquences mémorables.

 

Nous ne pouvons continuer à considérer le décompte des morts comme une unité temporelle. Le cerveau a besoin d’une échappatoire saine afin de ne pas sentir l’oppression du confinement se développer en maladie. Certains me diront qu’il est facile de parler, mais que le confinement n’est pas évident dans certaines cellules familiales. Cela est tout à fait juste. Nous ne vivons pas tous dans les mêmes conditions. J’ai pour ma part eu la chance de pouvoir développer mon art et ma créativité dans différents endroits exigus. J’en suis venu à croire que certaines contraintes nous poussent toujours à aller plus loin. J’espère que, pour une majorité d’artistes, le confinement leur aura permis de repousser leurs limites.

 

En fonction de notre activité, il arrive que des contraintes soient incontournables. Je peux concevoir qu’un tailleur de pierre ne transformera pas son salon en atelier. Malgré tout, le confinement peut l’amener à travailler d’autres matériaux. Dans tous les cas, mon propos était avant tout de vous délivrer un message. Ne vivez pas cette période sous perfusion médiatique. À la vue de la prolifération croissante des infos, il y a de grandes chances pour que l’on en vienne à finir en dépression. Nous avons la chance actuellement de voir sur le devant de la scène des professionnels habituellement boudés des plateaux de télé. Faute d’arguments, les polémistes perdent du terrain face aux psychologues. Je peux dire sans peine que cela est salutaire. Les Français répètent en boucle le terme « anxiogène ». Ceci n’est pas un mantra, c’est un appel à l’aide.

 

Conclusion

 

Avec ce texte j’ai cherché à aborder cette crise comme un créatif conscient. C’est-à-dire en acceptant des réalités sociales et l’état d’esprit d’une population. Je me suis saisi de l’exercice du journal de confiné, autant pour réfléchir personnellement à la situation que pour partager un point de vue. Nous pouvons parfaitement nous considérer comme des artistes et nous sentir impliqués par des sujets de société. Cette crise sanitaire nous confronte à de nouvelles réalités qui sont communes ailleurs. Cette phase peut aussi nous aider à comprendre des situations présentes dans d’autres pays.

 

 

Le monde d’après sera-t-il le même château de cartes qu’hier ?

 

Il y a une prise de conscience à prendre aujourd’hui. Cependant, d’après moi elle ne se limite pas à un schéma de consommation, mais plutôt à un mode de vie autant psychique que spirituel. Il faut reconnaître que la crise nous envoie un message clair. 1 mois et demi d’inactivité (rémunéré pour certains) et tout s’écroule comme un château de cartes. Allons-nous continuer à croire que la sécurisation de notre mode de vie doit passer par une porte aussi blindée que notre livret A ? Ou bien allons-nous enfin considérer qu’il existe d’autres énergies à prendre en considération pour équilibrer notre mental ? L’avenir nous dira comment la population répondra à ces questions. D’ici là, on peut parfaitement anticiper plusieurs scénarios pour le futur. La question est de savoir si l’un d’entre eux correspond à une réalité à laquelle on a envie de souscrire.

 

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