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Avec beaucoup de retard mais avec toujours autant d’amour pour l’art, je vous propose de lire aujourd’hui mon article sur le salon Art en Capital. Faute de temps, j’avais déjà partagé sur Instagram une sélection d’œuvres afin de vous donner l’eau à bouche. Les projets se succédant, j’ai dû malheureusement repousser la sortie de ce billet. J’espère que les plus patients apprécieront l’article avec plus de délectation. Avant toute chose, je tenais à remercier l’équipe du salon qui m’a permis de m’y rendre en m’adressant directement une invitation. Il est toujours appréciable de voir une équipe assez réactive aux emails durant ce type d’événements. Comme vous le savez déjà, ce salon a lieu tous les ans et je m’y suis rendu au mois de novembre pour vous en rapporter ma « petite » sélection. Vous pouvez d’ailleurs toujours consulter l’article de l’édition 2013 que j’avais écrit en cliquant sur le lien suivant. Je me dois d’apporter une précision de taille. Art en Capital est un événement qui a lieu au Grand Palais de Paris et qui réunit trois salons en même temps. Pour vous donner un ordre d’idée, c’est aux alentours de 2500 œuvres confondues, allant de la sculpture au dessin en passant par la peinture et l’installation. Si vous êtes habitué à ma façon de fonctionner, vous savez déjà que vous allez en avoir plein les yeux. Pour ceux qui découvrent ma manière de couvrir un salon, c’est très simple : je fonctionne au feeling. A partir du moment où une œuvre m’a saisi et fait appel à un souvenir, à mes sens ou tout simplement à mes goûts personnels, j’en parle. Si vous étiez présent à ce salon et que vous ne figurez pas ici, ne le prenez pas personnellement. En ce qui me concerne, je pense que l’objectif de tout artiste devrait d’abord s’orienter vers la pleine expression de ce qu’il est, avant de chercher à toucher les autres.

 

Comme entrée en matière, je vous ai choisi cette sculpture que même les fines bouches pourront apprécier. L’assemblage des couverts est ici employé avec harmonie et la pointe d’humour de cette composition m’a attiré dès le premier regard. Cette mise en scène est digne d’une présentation de la chaine alimentaire que l’on pourrait trouver dans n’importe quel musée d’histoire naturelle. Le petit détail en plus c’est l’hameçon qui passe par la bouche du premier poisson. Au-delà de l’histoire c’est le souci du détail, la minutie de la composition et le jeu des formes que j’ai trouvés intéressants. J’aperçois souvent beaucoup d’oeuvres qui jouent des assemblages d’objets divers, mais rarement elles atteignent ce niveau de raffinement qui me fera définitivement regarder mes fourchettes différemment.

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Vasa – Business World 

 

Cette superbe sculpture joue sur la dynamique de trois corps pour n’en former qu’un. S’il arrive parfois que les sculpteurs fusionnent les corps en laissant le moins d’espace possible entre eux, ici c’est tout le contraire. C’est dans la verticale que ces corps se déploient et jouent sur la position de leurs membres pour occuper le plus de place possible. Le travail sur les muscles est remarquablement souligné par des formes qui m’évoquent plus des ailerons que des plis de vêtement. La manière dont ces derniers fusionnent littéralement avec les membres des personnages participe à un effet de mouvement volontairement poussé à l’extrême. Toute cette gestion du rapport entre les étoffes et la musculature illustre, comme il se doit, la puissance d’une course effrénée. Les muscles sont tendus, les tendons fortement marqués et le travail sur les cuisses est plus précis que sur les visages. J’y vois là une volonté de souligner l’importance de l’énergie qui se développe lors d’une course dont l’issue est connue uniquement par l’auteur de cette belle pièce.

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art-en-capital-paris-2014-016Guy Warin 

 

Il y a une stature, une sorte de charisme inexplicable au premier coup d’œil dans cette sculpture légère et massive à la fois. La pose du cheval et la position quasi statique des personnages qui le chevauchent donnent une grande stabilité à cet ensemble. Seul le geste du second personnage (celui qui lève le bras) vient faire écho à une patte avant du cheval levée et donne ainsi un peu plus de mouvement à l’œuvre. Le travail des drapés est assez minutieux pour naturellement se détacher, accentuant ainsi les jeux des plis et la gestuelle des protagonistes. Si on prête attention au mouvement des plis et à la position des bras, on s’apercevra de la démarche volontaire d’accentuer des lignes de mouvement. Le travail tout en rondeur, aussi bien sur le cheval que dans le travail des détails, véhicule une allure noble et sereine sur la sculpture. A aucun moment notre œil n’est perturbé par des formes anguleuses ou des effets surfaits de matières. Au contraire, ici, la matière est travaillée à des endroits précis pour accentuer le volume. Une œuvre de belle composition qui offre un peu plus à regarder qu’il n’y parait.

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Raimundo Folch

 

L’invité d’honneur :  Erick Aubry

 

Cette année, l’invité d’honneur nous a offert une impressionnante démonstration de savoir faire. Que ce soit dans la sculpture animalière ou dans la représentation de figure classique, rien ne semble être inaccessible pour cet artiste hors norme. J’ai pour ma part éprouvé une préférence pour deux sculptures en particulier. La première est celle d’un centaure monté par une femme qui m’a immédiatement évoqué l’univers « heroic fantasy » auquel je ne suis pas insensible. La seconde est cette femme s’appuyant sur une main géante. Je ne peux que vous inviter à voir un peu plus d’œuvres de cet artiste en vous rendant sur son site internet en cliquant ici. J’y ai découvert une autre sculpture de toute beauté et je reste certain que beaucoup d’entre vous auront envie d’en voir plus qu’il n’y en a ici.

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Erik Aubry – La main

 

Par l’intermédiaire de cette opposition d’images, j’ai voulu démontrer deux façons de traiter le même sujet. Si l’on devait rapprocher cette manière de placer une main dans une proportion plus grande que le personnage, nous pourrions sans doute y voir une référence à la main de dieu de Rodin pour l’un ; et la main de Rodin tenant un buste de femme pour l’autre. Hasard d’une exposition de cette envergure, il était intéressant de voir deux sculpteurs de talent traiter un sujet commun avec une mise en situation radicalement différente. Dans l’image du dessus, la femme s’appuie sur une main protectrice qui semble la guider dans ses pas. Sa main gauche se pose délicatement sur le doigt d’une immense main qui agit alors comme un appui.

 

Dans l’image du dessous, la femme est dans une position plus lascive, pour ne pas dire en total abandon dans une main plus entreprenante. D’ailleurs, le positionnement de la main donne une dimension beaucoup plus sensuelle à cette sculpture. Le pouce entre les jambes qui s’appuie sur le bas ventre ainsi que le doigt sous le sein gauche sont des choix qui donnent clairement une dimension plus charnelle à cette oeuvre. L’attitude même de la femme, avec la position de sa tête baissée et l’expression de son visage, véhicule un message plus proche de l’extase que du soutien. Sur le plan technique, la pièce est très bien équilibrée, de bonne taille avec une finition impeccable. Renseignement pris sur l’auteur, nul doute que cette pièce trouve sa place dans une collection. Pour aller plus loin et découvrir l’univers d’une talentueuse sculptrice, n’hésitez pas à visiter son site.

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 Martine Vaugel

 

Dans cette superbe sculpture qui représente un homme et une femme entrelacés, de nombreuses références se remarquent aisément. La pause tout d’abord qui ne laisse aucune place au doute quant à la représentation d’un acte où le désir est roi. La présence du serpent qui se déroule en partant de l’intérieur du buste masculin pour se poser sur le haut de la cuisse du corps féminin. Détail dont je vous laisse le soin de l’interpréter comme bon vous semble. Et enfin, la pomme positionnée à la base même de la sculpture. Cette belle interprétation d’Adam et Eve propose des choix audacieux, aussi bien dans la découpe des parties du corps que dans les proportions de la sculpture.

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Albert Avetisyan

 

L’auteur poursuit sa démarche de représentation des couples avec une autre pièce tout autant maitrisée. Dans celle-ci, on découvre les mêmes sujets dans une position beaucoup plus inclinée et stylisée. La forme globale de l’ensemble pourrait même rappeler une situation plus proche de la danse que du rapport physique. On y voit d’ailleurs plus une harmonie entre deux êtres qu’une situation où l’un chercherait à prendre le dessus sur l’autre. Au niveau esthétique, des découpes sont plus marquées que dans la précédente. Elles amplifient ici un mouvement plus accentué dans une œuvre où le dynamisme est plus visible que dans l’autre. Les larges traits en volume qui marquent les corps à la base de celui de la femme et dans la partie haute du buste sont en correspondance avec d’autres lignes. Vous pouvez, par exemple, observer un trait plus fin et marqué qui traverse le buste masculin et qui se poursuit jusqu’au bas du dos de la femme.

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Albert Avetisyan

Toujours dans son exploration des corps, le sculpteur nous propose une composition différente que l’on peut aborder de deux manières opposées. Dans une première vision, on pourrait imaginer qu’il s’agit d’un couple du même sexe qui se complèterait malgré leur différence. Le décalage des bustes qui glissent l’un contre l’autre dans la verticalité et la différence de traitement de matière pourraient corroborer dans ce sens. Dans une autre approche, le buste symboliserait une seule et même personne. Les multiples corps qui la composent symboliseraient alors la multiplicité de la femme. Que ce soit d’un point de vue physique ou psychologique, une femme peut avoir l’impression de se sentir dans différents corps tout au long de sa vie. La représentation des nombreux petits bustes sur le flanc ouvert de l’œuvre pourrait justement présenter ces différents états passés.

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Albert Avetisyan

 

Lors d’une porte ouverte des ateliers parisiens, j’avais déjà pu remarquer cette oeuvre qui était exposée dans une école de la capitale. L’artiste qui a choisi de peindre par petites touches nous offre une peinture toute en douceur d’un portrait masculin d’une grande beauté. J’ai eu l’occasion de voir une série complète dans ce style et ce portrait m’avait déjà convaincu à l’époque où je l’avais vu pour la première fois. Ce qu’il est important de noter c’est que l’artiste a représenté une personne qui lui est proche. Sans le savoir, je m’étais permis de lui indiquer que, de tous ses tableaux, celui-ci semblait être le plus abouti. Comme quoi, il n’y a pas de hasard. Quand on ressent des émotions fortes pour une personne, et que l’on arrive à les représenter sur une toile, celles-ci transcendent votre oeuvre. Le public, sans connaître les liens ou l’histoire qui vous lient au sujet, devient subitement le réceptacle de tout ce que vous avez cherché à exprimer.

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Priscilla Legoux – Homme méditant / huile sur papier

 

En pleine époque du « selfie » à tout va, ce portrait tout en finesse est d’une élégance et d’une exceptionnelle sobriété. Le jeu du reflet, le cadrage et la lumière donnent une tonalité à cette image qui semble être l’impression directe d’un souvenir. L’artiste a usé de sa maitrise technique avec une grande subtilité. Elle s’est donc naturellement effacée au profit d’une œuvre d’art qui bascule du champ des arts plastiques à celui de la photographie. Je regrette que vous n’ayez pas pu la voir en vrai.

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Akamoto Machiko

 

Ce tableau était d’une luminosité si intense que mon appareil photo ne savait plus où prende sa mesure. Les détails sont si nombreux que je ne sais par où commencer. La réalisation tout d’abord est impeccable. Les lignes et le traitement de chaque matière sont d’une précision chirurgicale. Les tonalités fonctionnent parfaitement pour accroitre la sensation de chute. Le cadrage est bien choisi pour une scène que l’on croirait sortie de la Bible. Je n’ai pas eu d’autres choix que de faire des gros plans pour que vous puissiez voir tous les personnages présents dans ce tableau. Entre les anges, le personnage principal composé lui-même d’un autre protagoniste dans son dos, et sans oublier les autres qui chutent eux aussi, j’ai eu la sensation d’être le témoin du bannissement d’anges déchus.

 

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Angerer der Altere 

 

J’avais déjà remarqué le travail très pictural de Nestor Rakhshani au sein du « défunt » salon Les Hivernales dont vous pouvez toujours consulter l’article en cliquant ici. Dès les premiers instants, avec ce type de tableaux, on cherche la signification des symboles et la manière dont ils sont mis en relation. La ville labyrinthique dans le bas de l’œuvre qui débouche sur un temple ; celui-ci qui contient un brasier qui s’élève dans le ciel ; et enfin, ce même brasier qui vient dessiner le tronc d’un arbre au centre duquel émerge un œil. On pourrait y lire une représentation de la connaissance absolue que l’on illustre très souvent par un œil omniscient. Le fait de le placer au sein d’un arbre lui donne une envergure biblique. La forme triangulaire et le placement de cet élément accentuent la référence à l’œil de la Providence. Le triangle semble représenter la Trinité, à savoir le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Les formes de croix, au fond de l’œuvre, finissent par achever l’idée d’une représentation divine dans un tableau où le geste et la gestion des couleurs sont tout autant divins.

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Nestor Rakhshani

 

Raffaele de Rosa expose souvent avec le groupe Libellule. Sa peinture a une matière qui vous intrigue, tant elle paraît complexe. Si on arrive à saisir sa manière de peindre tout en finesse, il en est tout autrement pour les nombreux motifs complexes qui s’accumulent dans son œuvre. Le cheval qui occupe la plus grande partie de la toile est tellement texturé qu’il en devient majestueux. Dans l’apparente simplicité des plans et de leur traitement se cachent de nombreux détails que la photographie ne permet pas de reproduire. Ce qui est certain, c’est que dans l’espace où le tableau était exposé il y avait de nombreuses oeuvres toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Ce que ce tableau avait de plus, c’était une forme d’originalité dans la représentation des éléments du cheval, de la végétation, en passant par le paysage que l’on n’a pas souvent l’occasion de voir dans ce type de salon.

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Raffaele de Rosa – Cavallo

 

Je ne sais pas pourquoi, mais en ce moment, beaucoup d’artistes cherchent à coller des images les unes sur les autres pour en composer une plus grande à la manière d’Erro. Cette tendance peut rapidement trouver ses limites, mais ce qui m’a séduit dans ce tableau c’est justement le choix de dessiner toutes les figures qui, les unes contre les autres, forment une accumulation d’expressions, de visages et de personnages variés. Si la mode est à la Pop culture et à la réinterprétation de figures connues, dans cette toile c’est un message beaucoup plus personnel qui nous est délivré avec une succession de dessins qui s’organisent dans une composition originale. Si le traitement global donne une sensation d’illustration type jeunesse, c’est peut-être pour mieux leurrer le spectateur qui croit comprendre une intention jusqu’à ce qu’il tombe sur un bébé au fond de la gueule d’une créature bien dentelée…

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Catherine Delpech 

 

Je ne me lasse toujours pas du travail de Tsvetomir Assenov et comment le pourrais-je ? Après avoir remarqué l’un de ses tableaux durant l’édition précédente, je revois avec bonheur ce festival de couleurs qui m’avait tant enchanté lors de ma dernière visite. Dans cette peinture, il continue inlassablement de jouer avec nos sens. On se plait à reconnaître les personnages et à les ré-assembler suivant notre logique, ce qui nous semble dispersé. Alors qu’en fait, la logique du peintre qui s’applique dans toute son œuvre réside à jouer avec notre capacité à voir au-delà de la couleur et des formes. Il m’a fallu un peu de temps pour voir ce couple dans cette danse où les effets d’optique sont employés avec talent. Ce qui me rend particulièrement enthousiaste avec cet artiste c’est sa capacité à conserver son identité graphique et à ne pas céder à l’effet de mode. Croyez-moi, d’une année sur l’autre, il y a plus d’un artiste qui changent de technique pour s’essayer à la vente facile. Mais cet auteur essaie, peinture après peinture, de nous plonger un peu plus loin dans son univers et une exposition personnelle sur Paris s’impose. Je ne peux que vous inviter à aller voir sa galerie sur son site personnel pour voir comment, au travers de ses différentes séries, son art et son identité visuelle se sont affirmés.

art-en-capital-paris-2014-PB278240Assenov Tsvetomir – Danse du Marais

 

Ce n’est pas tous les jours que l’on croise un adepte du Parkour dans une œuvre d’art contemporain. Dans ce tableau de petite dimension, l’artiste Kuzu donne à regarder tous les aspects du saut de son personnage. Les muscles contractés, détaillés jusque dans l’épaisseur des veines nous amènent à ressentir la force exercée par son « super  héros » urbain qui s’élance dans une ville qui pourrait être n’importe quelle grande ville, de Paris à New York. L’effet de distorsion et celui de la perspective nous permettent d’apprécier la parfaite maitrise technique de l’auteur. Celui-ci la dépasse sans difficulté et s’offre le luxe de détailler aussi bien le protagoniste central de son dessin que la ville dans laquelle il se jette. J’ai adjoint une image en gros plan pour que vous puissiez voir à quel point le souci de justesse a été apporté jusqu’à la route où la circulation s’organise dans la partie basse de l’œuvre. Il me vient soudain à l’esprit que beaucoup de professionnels pensent qu’il n’y a pas assez d’artistes talentueux capables d’avoir un très haut niveau de dessin. Il y a peu de temps, lors d’une conférence, une galeriste justifiait que l’un des facteurs de la croissance des ventes de planches de BD résidait en partie dans le manque d’habileté des artistes présents sur le marché des arts contemporains. Il faut croire que nous ne fréquentons pas tous les mêmes endroits…

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Kuzu

 

Ce que j’aime dans ce genre de tableau c’est le soin apporté non pas à la mise en situation mais au message qui en ressort. Dans cette peinture, l’artiste a pris le temps de représenter tout ce qui est susceptible d’être identifié comme « made in France ». On fait la liste ? Alors, de manière aléatoire, on peut remarquer : un rafale, les marques de luxe Chanel, Dior, Hermès, les gants blancs, la culotte Lejaby et la marinière peinte à même le corps. Dans le gros cabas il y a une salade, une baguette, une pomme, des fraises, un camembert, des champignons, une bouteille de vin, du blé et ce qui ressemble à une poule déplumée prête pour le four. Le béret, le maquillage, la petite montre et la toile de Jouy en fond viennent achever cette liste de symboles français, pour parfaire la caricature.

Au final, on obtient un ensemble de symboles qui, juxtaposés, révèlent la caricature autant dans la démarche de représentation parfaite de la figure que dans la situation. Tous les clichés français assemblés dans cette composition nous offrent au final une femme bien loin de ce qu’est une française aujourd’hui. Quelques décennies plus tôt, ce tableau aurait même eu droit au paquet de cigarettes gauloises et à d’autres produits si chers aux français. En fait, je crois qu’il faut prendre ce tableau comme il est. C’est-à-dire loin de se prendre au sérieux et plus proche d’une dénonciation d’un système qui exige l’étiquette « made in France » sur tout et n’importe quoi, pour conforter le bon consommateur qui sommeille en nous. D’ailleurs, cette toile, où a-t-elle était fabriquée ? 🙂

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Maillard Martyne 

 

J’avais déjà pu apercevoir une oeuvre de l’artiste Kashawelski dans la précédente édition d’Art en Capital. Vous pouvez toujours la découvrir dans l’article du même nom, en cliquant ici. Déjà, à cette époque, j’avais apprécié sa manière d’amener des énigmes tout en subtilité et sa maitrise technique, sans fioritures, qui amène à voir ce qu’il juge comme essentiel. Il n’est pas nécessaire de faire l’inventaire des éléments que l’on voit dans sa toile. Une fois de plus, on reste avant tout fasciné par sa capacité à nous faire réfléchir face à l’oeuvre qu’il nous propose. Et les nombreux détails que l’on s’amuse à reconnaître ne sont pas forcément des indices pour comprendre l’idée directrice d’une toile qui a tout pour rester en mémoire.

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 Kashawelski

 

Cette femme, en proie avec une créature indéfinissable dans un décor dépouillé, bénéficiait de bien plus qu’une qualité picturale. Il nous est difficile de définir si nous sommes témoin d’un combat ou d’une transformation. Mais ce que je retiens avant tout, c’est qu’avec une certaine distance, les ailes sombres et colorées s’attachent à ce corps laiteux, amenant l’idée d’une possession qui gagnerait cette femme à son corps défendant. Le format carré et la dimension de l’oeuvre la rendaient particulièrement agréable à contempler. Malgré la noirceur que l’on pourrait voir dans ce tableau, c’est bien la forte luminosité qui s’échappe de cette toile qui m’a permis de la remarquer.

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Andrzej Malinowski

 

Cette imposante et lumineuse composition est constituée d’un ensemble de petites toiles qui ne semblent pas forcément obéir à une logique perceptible au premier regard. Pourtant, en se rapprochant, on comprend alors que certaines toiles représentent la même image mais avec un traitement de couleur différent. On notera aussi l’intention de représenter une architecture qui rappelle énormément la structure en verre du grand palais. On devine les nombreux passages qui ont permis de réaliser ces effets, et le plaisir de l’auteur à brouiller les pistes dans le choix de positionnement des carrés. Si la correspondance entre eux n’est pas visible de loin, c’est en s’approchant de l’oeuvre que l’on découvre que certains motifs se poursuivent d’un élément à un autre. Une bonne composition qui bénéficiait pour le coup d’un bon emplacement et d’une lumière de choix.

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Auestad Woitier Geira 

 

Cette immense oeuvre d’art composée de capsules Nespresso m’a immédiatement fait penser à toutes ces œuvres qui se jouent du détournement. Il y a eu les fresques à base de Rubik’s cubes, maintenant il faudra compter avec les capsules et dosettes de café. Outre le coté « fun » de la chose, c’est typiquement le genre d’œuvres dont les musées ont besoin pour que la jeune génération daigne regarder d’un peu plus près les tableaux. C’est triste à écrire. Mais ne nous voilons pas la face, si les centres d’art et les musées n’intègrent pas plus d’œuvres moins élitistes et susceptibles de générer plus de discussions autour de l’art, il y a de grandes chances pour que les visiteurs (français) se fassent plus rares.

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Rita Lecat

 

Olympia’s secret : Quand l’art devient un divertissement

En ce moment en Asie, on assiste à l’émergence de parcs d’attraction et de musées qui vous permettent de vous mettre en scène (en mode selfie) aux cotés d’œuvres d’art ou dans des situations diverses. Ce qui m’a semblé pertinent dans cette œuvre c’est d’impliquer le public et de le pousser à aller jusqu’au bout de l’action en diffusant sa photo sur Facebook. Si la mise en scène peut apparaître ringarde ou sans intérêt pour certains, je pense qu’il ne faut pas sous-estimer le désir des visiteurs à vouloir s’approprier une œuvre d’art. De tristes faits divers nous avaient interpellé, comme ce touriste s’asseyant sur une sculpture antique (une copie, fort heureusement) qui se coupa en deux suite à son action. Ou encore toutes ces personnes qui n’hésitent pas à toucher et dégrader volontairement ou involontairement des œuvres. Nous sommes peut-être arrivés à un point où les spectateurs veulent s’approprier une part de l’art qui va du selfie au nom apposé sur une toile. Si vous êtes curieux du résultat concernant cette œuvre d’art, allez sur la page facebook pour voir quelques exemples. lien facebook

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 Stéphane Santi

 

Une fois de plus, Art en Capital était un excellent cru. Comme vous le savez, voir autant d’œuvres d’art peut être assez éprouvant si comme moi vous effectuez plusieurs salons en même temps. Cependant, j’admets sans mal que la richesse des œuvres autant que l’accessibilité de ceux qui les réalisent me motivent, plus que jamais, pour vous proposer autant que je le pourrai des articles comme celui-ci. A vous maintenant de diffuser ces expériences artistiques à votre entourage. Cela permettra, par la même occasion, de prouver à ceux qui annulent nos salons et nos festivals que, sans cette énergie artistique, il n’y a plus de raison de mentionner « l’exception culturelle française » dans les discours politiques.

Enfin, pour prolonger mon travail de diffusion et de vulgarisation des arts, vous pouvez retrouver les images présentes dans ce billet sur mon compte Instagram en cliquant ici. Si vous êtes un artiste présent dans cet article ou sur le flux de mon compte, il vous suffira dans les commentaires d’indiquer votre nom et l’adresse de votre site internet. Les usagers d’Instagram pourront ainsi vous retrouver facilement et obtenir plus d’infos sur votre art. Si vous êtes un simple amateur d’art, sachez que dorénavant je diffuserai les images des salons sur mon compte. Libre à vous de me suivre ou de faire circuler cette information.

 


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3 commentaires sur “Art En Capital Paris 2014