Art Capital 2019, l’art sous toutes ses formes 3


Art Capital c’est une occasion unique de pouvoir aller à la rencontre d’un nombre inégalé d’artistes. Comme vous le savez, je m’y rends régulièrement depuis longtemps. Vous pouvez voir les anciens articles en suivant les liens :  2018, 2015, 2014, 2013. Cette manifestation réunit un nombre de professionnels des arts sans équivalent au sein de la capitale. Autrement dit, c’est une expérience à vivre, tant elle permet de s’enrichir visuellement et humainement parlant. Dans ces conditions, les professionnels comme les particuliers ont tout intérêt à s’y rendre. Dans la mesure où cet événement s’inscrit dans une longue tradition artistique. De ce fait, nous sommes loin des salons où le business est au centre des discussions. En ces lieux, vous allez surtout rencontrer de nombreux professionnels passionnés qui vivent de leur art.

 

5 raisons d’aller voir le salon Art Capital

 

1 _  Pour la qualité de sélection du salon des artistes français

 
Vous allez pouvoir admirer dans un lieux historique le meilleur de la création actuelle. Les oeuvres sont sélectionnées avec soin par un jury de professionnels des arts. Et c’est justement tout ce qui fait la différence avec des salons commerciaux qui ne se distinguent que par leur capacité à entasser des oeuvres. Ici, vous aurez le droit à un parcours labyrinthique qui vous guidera au travers de sculptures, installations et tableaux de toute beauté. Chaque année, mon émerveillement est le même, tant on découvre des professionnels qui viennent de différents horizons.
 

2 _  Pour sa variété de contenus

 
Art Capital c’est une réunion de différents salons. Tous ces salons forment un ensemble dont on ne peut venir à bout en une heure. Je vous conseillerai de prendre une bonne demi journée. D’autant plus que si vous allez à la rencontre des auteurs, vous pourriez y passer une journée entière. En m’y attelant (7h lors de cette édition), je n’ai même pas pu rencontrer tous les auteurs que j’aurais voulu voir. Pourtant, point de frustration puisque parfois de belles découvertes m’ont permis de pénétrer dans l’univers de certains créateurs sans les connaître.
 

3 _ Pour l’accessibilité des artistes

 
Je ne sais pas pourquoi mais les artistes sont toujours plus détendus durant Art Capital. Contrairement à d’autres salons où règnent l’indifférence et le manque de professionnalisme de trop nombreux artistes. Le contexte, la lumière, l’espace et très certainement l’émulsion provoquée par la qualité des oeuvres imposent une forme de retenue. De ce fait, les artistes apparaissent naturellement plus humbles et sympathiques. Ce qui en soit est primordial dans un contexte comme celui-ci.
 

4 _  Pour la possibilité d’acquérir une oeuvre de qualité

 
Vous pouvez acheter la majorité des oeuvres exposées. C’est la raison pour laquelle on considère Art Capital comme une manifestation d’art majeure en France.  Cependant, je dois vous avertir, il y a dans ces lieux des oeuvres chargées de sens et d’émotions. En conséquence, il y a moins d’installations rocambolesques et d’amas de cailloux. On parle d’art dans sa tradition la plus noble et la plus authentique. Ce qui induit des professionnels vivant de leur art et des oeuvres de qualité muséale.
 

5 _ Pour s’enrichir ou s’initier à l’art de la meilleure manière qui soit

 
Afin de comprendre l’art, il faut aller à la rencontre des oeuvres et de leurs auteurs. Vous allez pouvoir rencontrer les deux dans un cadre idéal. Des auteurs aguerris qui vous parleront médium, matière, composition et j’en passe. Vous ne pourrez comprendre le plaisir que l’on a de s’y rendre qu’en passant une journée entière au contact des artistes. Loin de la pression d’une galerie, dans un choix sans équivalent. Si vous souhaitez acquérir une oeuvre et que vous hésitez, le nombre de pièces disponibles vous permettra de vous faire une idée sur ce que vous aimez ou pas.

 

Mon regard sur certaines oeuvres, une sélection intuitive et personnelle

 

Il ne me reste plus qu’à vous présenter une petite sélection d’oeuvres. N’oubliez pas que celle-ci donne une tonalité vis-à-vis de mon ressenti. Je ne m’érige pas comme un sélectionneur officiel de l’art contemporain. Donc ne le prenez pas de manière personnelle si vous n’êtes pas représenté ici. 5000 artistes pour autant d’oeuvres, il est clair que l’on ne peut parler de tout le monde. Alors commençons comme il se doit par : 

 

Le Salon des Artistes Français

 

Peinture

 

Xavier Sanchez

 

Dans cette peinture, on ressent sans effort toute la force de cette charge épique. Par ailleurs, elle n’est pas sans nous rappeler celles que l’on a pu voir dans les adaptations des livres de Tolkien. Ce qu’il y a de fascinant dans cette toile, c’est qu’elle est de petit format. Dans un salon où le gigantisme attire le regard, celle-ci a capté mon attention sans peine. Le traitement de la lumière, du sol jusqu’au bouclier, guide une action assez explicite. On appréciera l’habileté autant que les choix d’éclairage de la scène.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

En s’approchant de la toile, on perçoit tout le soin apporté par le peintre pour sublimer la tenue et les différentes matières de ses personnages. Par exemple, chaque coup de pinceaux sur la cote de maille est parfaitement visible. Une telle qualité perçue dans un format si contenu m’évoque aussi bien des couvertures de livres de jeu de rôle que des toiles de maîtres.

Le danger dans ce genre d’entreprise c’est qu’une seule erreur de proportion ou de texture sur un point du tableau peut ruiner toute une lecture. Je pourrais commenter certains points, mais le plaisir apporté par les détails a largement pris le dessus. À l’image du travail des personnages dans les parties sombres qui témoigne, à lui seul, d’une grande dextérité. Voici donc un nouveau peintre que je rajouterai dans ma liste d’auteurs à suivre sans hésiter.


Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Riege

 

À première vue, « Le dernier arbre » de Riege envoie un message clair aux spectateurs. Nous devons protéger la nature et porter attention au vivant avant qu’il ne soit trop tard. À cause des scandales écologiques qui se succèdent, les préoccupations sur ce sujet sont en augmentation dans l’opinion publique. Il est donc naturel de les retrouver de plus en plus sous forme d’oeuvres d’art. Afin d’attirer notre attention sur ce sujet, Riege oppose la nature et l’industrie. Il est vrai que l’on retrouve souvent ces thèmes en peinture.

Cependant, sa vision très sombre et le jeu de rôle des personnages sont assez intéressants pour être notés. Cet immense arbre est devenu un refuge pour une poignée de protagonistes. D’ailleurs, on note que chaque personnage pourrait représenter une position sociale sur le thème de l’écologie. De l’homme qui ne supporte pas de voir la vérité à la femme qui nous prend à témoin en nous fixant. Il y a dans ces attitudes beaucoup plus qu’il n’y paraît. Il en ressort une illustration qui peut aussi bien servir de prophétie que de mise en garde.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Michel Dubré

 

Michel Dubré propose une peinture précise, soignée, détaillée et intrigante. Il y a dans cette toile en particulier un jeu de lumière qui nous évoque les éclairages de nuit au sein de la capitale. D’ailleurs, l’architecture n’est pas sans nous rappeler Paris de nuit. Ce qui nous déconcerte, c’est l’insertion d’une ville au sein de ce qui pourrait être une immense cathédrale. Une sorte de ville encapsulée dans une immense bâtisse, comme ces villes au sein d’illustrations de futurs antérieurs. Ce qui m’a interpellé dans sa toile c’est aussi bien le traitement de la nuit que la gestion de l’architecture dans sa globalité. On appréciera la mise en scène avec les nombreuses toiles emballées qui donne une dimension surréaliste à l’image. 

En fait, j’ai eu la sensation d’y voir un monde où la culture était cachée, conservée pour plus tard. Les places occupées habituellement par des automobiles sont maintenant surchargées d’un patrimoine que l’on dissimule. Reste à savoir pourquoi ? Pour qui ? Et surtout, le rôle à jouer de cette image bleutée, comme un écran de tv allumé qui diffuse une figure féminine. Une ambiance qui oscille entre la bande dessinée à l’image des illustrations de François Schuitten et d’un film d’anticipation comme Dark City. C’est sans aucun doute l’une de mes plus belles découvertes du salon.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

 

Des thématiques  récurrentes

 

Il arrive plus d’une fois que des thèmes similaires soient abordés par des artistes différents. Nul doute qu’Agathe Verschaffel et Endo Takeshi visualisent les décors industriels sous le même angle. C’est-à-dire qu’ils cherchent l’un comme l’autre à révéler le caractère vivant de ces décors inanimés. L’une travaille à la mise en couleurs des éléments industriels. Elle resserre son cadrage pour révéler le caractère abstrait de son image. L’autre laisse la nature s’insérer et encadrer son sujet.

Cela donne une note d’espoir et ajoute de la vie de manière significative. Dans la peinture d’Agathe, la vitalité se signifie par la couleur et des touches de lumière. Dans les deux cas de figure, on peut noter que le coté graphique de ces industries n’est pas sans rappeler le développement de l’urbex. Par conséquent, ce patrimoine qui aux yeux de certains est sans intérêt le devient dans le regard d’artistes qui savent comment l’observer. 

 

Verschaffel Agathe

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Endo Takeshi

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Françoise David Leroy

 

Contrairement aux précédents tableaux, le temps est comme ici suspendu. Il y a un lieu connu de tous, à savoir une gare sans ses voyageurs. Ce n’est donc plus un abandon ou une cession d’activité qui est représenté(e), mais l’absence d’usagers. En libérant une gare de son activité principale, on supprime le flux. L’espace d’un instant, ce sont d’autres éléments qui en deviennent graphiques. La verrière, la structure et les rails sont ici contrastés pour jouer sur une atmosphère dramatique. Il y a une vision presque cinématographique dans cette image qui vient à nous dire : « voilà à quoi ressemble le silence ». C’est une lumière vive qui efface les détails et assombrit le superflu.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Bell Yuterick

 

La grande variété des tonalités de gris m’a immédiatement attiré dans cette peinture. La gestion de la lumière avec quelques points lumineux disséminés dans les coins de la toile, ainsi qu’un choix audacieux dans le sujet qui ne cherche pas à plaire à tout le monde. On ne sait pas si c’est une vision passée, présente ou future. Ce qui en découle c’est une atmosphère intrigante qui guide le regard au travers d’indices.

Pourquoi avoir écrasé la perspective et l’immeuble par la même occasion ? Le choix d’un bâtiment sombre, proche d’un état de délabrement a-t-il un sens précis ? Enfin, quelle symbolique accorder aux fenêtres qui sont allumées ? Un certain nombre d’interrogations qui animent la toile autant que les multiples détails perceptibles à l’oeil nu. Une toile qui ne passe pas inaperçue dans un salon où beaucoup d’oeuvres cherchent à être commerciales.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Kaneko Kyoko

 

Ce que j’apprécie dans cette scène d’une grande banalité c’est avant tout un cadrage intimiste. Puis une facture vibrante, certes sans prise de risques mais avec la justesse d’un peintre qui soigne une expression. C’est le genre d’image qui peut paraître anodine, mais qui en même temps peut révéler des problèmes sociétaux. Les expressions de l’homme et du chien relèvent plus d’une forme de mélancolie que de la joie d’un moment ordinaire. La photo ne rend pas grâce à la manière dont les coups de pinceaux animent cette scène. Il n’en reste pas moins que c’est une pièce qui capte l’attention lorsque l’on passe devant. Et au milieu de milliers d’oeuvres, ce n’est pas rien.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Paoli Christine

 

Une femme nue dans sa plus simple expression est-elle encore acceptée par notre société ? Avec la prolifération des réseaux sociaux, on a tendance à s’accoutumer à une « hyper-sexualisation » de tous les physiques. Sous couvert de hashtags, on se nourrit malgré nous d’érotisme voire de pornographie, sans y prêter attention. Contrairement à la tendance précédemment évoquée, il y a ici une efficacité plastique au service d’une proposition.

Sommes-nous prêts à accepter toutes les beautés, y compris celles dénuées d’artifices ? Dans une scène comme celle-ci, on a l’impression de voir un modèle en attente des directions de l’artiste. Le décor réduit au minimum donne une image dépouillée, mais qui pourtant est loin d’être vide. La concentration des reliefs sous l’assise, ainsi que l’ombre disposée à la base de la toile peuvent apparaître comme convenues dans cette pose classique. Malgré tout, cette mise en scène valorise une femme qui nous renverra vers nos propres standards esthétiques.

 Salon Art capital Paris 2019

 

Flore Betty

 

Dans le tableau suivant, c’est la matière qui domine. Les coups de pinceaux sont francs, le trait est sûr et la nudité frontale parfaitement assumée. On a gommé les détails pour se concentrer sur une pose, voire un charisme. J’aime la position qui vise à rappeler les nus d’atelier et les tableaux classiques. Les noirs profonds ne masquent pas pour autant des effets de matières qui réhaussent des courbes sans affaiblir le volume. Une toile intéressante à l’image de l’ensemble du travail de cette artiste. D’autant plus que j’ai croisé par hasard Flore Betty dans un autre salon. Elle disposait d’une configuration qui m’a permis de jauger au plus juste la qualité de ses peintures. Une artiste à suivre, autant pour ses choix esthétiques que pour sa démarche sans concession.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Sculpture

 

Santi Stéphane

 

Avec une telle mise en situation, cette sculpture perdue au milieu d’images nous poussait à venir la voir de face. Et quelle surprise en comprenant que dans la droiture de cette figure se cachait un message d’une grande force !

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Cette femme, droite malgré l’ablation de son sein, garde le poing serré. Il peut tout autant symboliser une souffrance qu’une résilience. Celle qui aide à passer l’étape douloureuse d’une maladie. Un visage expressif qui nous permet de passer outre le statisme de la pose. Il y a de la prestance dans cette oeuvre révélatrice d’un problème de santé publique. C’est aussi l’un des derniers tabous de cette société où l’on prône la performance et l’esthétisme du corps à tout prix.

Malgré tout, gardons à l’esprit qu’une sculpture comme celle-ci peut aussi nous délivrer un message plus positif qu’il n’y paraît. Personnellement, j’interprète la posture et le poing serré comme une volonté de rester debout malgré l’adversité. Une pièce originale qui n’hésite pas à perturber le spectateur sans tomber dans le pathos. Enfin, Stéfane Santi est un habitué des sculptures non conventionnelles, il avait déjà exposé une reproduction de tableau présentée ici dans l’article Art Capital 2014

 Salon Art capital Paris 2019

 

Caline Muller

 

Ce que j’apprécie en sculpture ce sont les jeux de courbes et de formes. Dans une situation comme celle-ci, il y a beaucoup de justesse dans le rapport entre l’homme et la femme. Cela ne saute pas aux yeux mais la composition presque pyramidale donne beaucoup de force à ce couple. L’attitude et la gestuelle de l’homme rentrent en résonance, sans problème, avec la pose de la femme. Que ce soit sur la première ou la seconde image, on voit bien comment les positions des jambes et des bras s’entrelacent et ferment la posture du couple. C’est un peu comme si les membres verrouillaient visuellement une pose et affirmaient que la femme réconforte l’homme avec bienveillance. Il en résulte une sculpture de petite taille mais très soignée dans tous les sens du terme.

 

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Philippe Arnault, l’invité d’honneur

 

Un couple qui s’enlace est de l’ordre du lieu commun pour beaucoup de monde. Pourtant, toute personne pratiquant la sculpture sait que plus une attitude paraît évidente et plus le talent du sculpteur est grand. Dans un ensemble de pièces réunies, il était possible de voir que la formule allait parfaitement à cet auteur. Il y a dans son approche une touche de l’ordre du raffinement et du détail qui humanise la matière.

Dans cette étreinte de grande dimension, il y a de quoi s’attarder sur les qualités du sculpteur comme le montrent la position des mains ou encore le pli d’un vêtement informe. Phillippe Arnault est sans contexte un excellent sculpteur, et l’on souhaiterait voir plus souvent ce genre d’artistes sur le devant de la scène. Pour rappel, j’avais déjà parlé de son travail ici dans l’article sur Art capital 2018.  Une fois de plus, c’est grâce à des événements comme Art Capital que vous aurez l’occasion d’affiner votre regard. Et c’est par le biais de créateurs comme celui là que vous comprendrez la définition du mot « Artiste ».

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Eric Soak

 

La sculpture « Lévitation » s’imposait sous la nef comme une évidence. Les superlatifs qui nous viennent en tête sont nombreux, et la curiosité exponentielle. La surface d’emprise de cette sculpture était proportionnelle à ce qu’elle provoquait en la voyant. C’est typiquement le genre de surprise qui peut vous laisser sans voix. L’étonnement qui vous traverse ne se dissipe pas en vous rapprochant de cette oeuvre. Du fait de sa taille, on lève naturellement la tête pour comprendre l’assemblage qui permet cette lévitation. On s’attache à détailler ce personnage féminin avec son bleu Klein. Après cela, on ressent l’envie de toucher cette texture à la fois simple dans son habillage mais complexe dans son assemblage.

Pour tout dire, cet amalgame place cette sculpture dans la catégorie des indescriptibles. Il est vraiment nécessaire de la voir en vrai pour se l’approprier et réaliser qu’elle n’a pas été produite pour le commun des mortels. Nul doute que l’ambition d’Eric Soak était de nous déboussoler. Et de prouver que la FIAC n’a pas l’exclusivité concernant les sculptures contemporaines monumentales. 

 

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Rémy Teulier

 

Une fois n’est pas coutume, je connaissais cette sculpture avant de la voir au Grand Palais. Les réseaux sociaux s’étaient déjà faits l’écho de cette oeuvre impressionnante de justesse et de qualité. Réalisée en taille directe en partant d’un bloc de pierre, Rémy Teulier a partagé l’évolution de son oeuvre au fur et à mesure de son avancement. Nous étions nombreux à suivre la progression de la pièce que vous découvrez ici. S’inscrivant dans une tradition de réalisation de pièce maîtresse, il en ressort une sculpture attractive et chargée de références.

Comment rester impassible face à cet ange moderne qui pose fièrement avec toute la symbolique qui en découle. Je ne vais pas vous faire l’analyse complète de cette pièce. Je vais juste vous signifier un détail qui a son importance. À savoir que cette sculpture est aujourd’hui au sein de « la demeure du Chaos ». Un espace connu autant par son fondateur qui en a fait l’acquisition, que par la spécificité du lieu. Notez que ce tailleur de pierre n’est pas à son coup d’essai. Et que son savoir faire est le résultat d’un long apprentissage et d’années d’expériences. Cette maîtrise de l’ouvrage sera visible lors de l’édition 2020, durant laquelle il sera amené à sculpter en direct dans le cadre d’un partenariat. Si vous êtes accoutumé aux réseaux sociaux, suivez bien mon fil Instagram. Quelque chose me dit que vous pourriez y voir son travail à nouveau.

 

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Olivier Bertrand

 

Nous serons tous d’accord pour saluer la prestation technique qui a permis à Olivier Bertrand de créer ce gorille. Il a pris une option intéressante en découpant ses morceaux de carton en triangles. Ce qui en soi est une originalité que l’on voit rarement dans ce type de réalisations. Cela lui permet de donner un relief atypique et de suivre parfaitement les courbes musculaires de l’animal. Je reste persuadé qu’en poussant son concept il pourra réussir à se faire rapidement remarquer.

D’ici là, on lui souhaitera de ne pas tomber dans le piège de la facilité. Les sculptures en carton peuvent malheureusement très vite se voir classer au rayon déco, à l’image des sculptures en « low poly » qui prolifèrent en boutiques. Néanmoins, à la vue des proportions et des autres oeuvres de l’artiste, il y a des chances pour qu’on les croise plus en galeries qu’ailleurs. Un sculpteur à suivre pour voir comment il va développer sa pratique artistique. 

 

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Guy Warin

 

« Les rugbymen ». Dans cette composition dynamique, les personnages arrivent à nous transmettre leur énergie. Peu importe l’angle sous lequel on regarde cette sculpture, les mouvements sont posés pour s’harmoniser les uns avec les autres. Ce que j’apprécie dans cette oeuvre, c’est comment l’exagération des mouvements vient à créer des formes atypiques. On retrouve l’état d’esprit d’une ancienne sculpture dont j’avais parlée, ici même en 2015. On reconnaît le style de Guy Warin qui, cette fois-ci, mesure son identité graphique pour permettre de mieux adhérer à la vision des sportifs en plein effort. Pour les plus curieux, le lien vers l’expo Art Capital 2014 est ici. Vous y verrez une corrélation dans la gestion des corps et surtout une continuité dans la personnalité artistique de cet auteur.

 

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Photographie : François Chery

 

J’admets être assez difficile en matière de photographie. Néanmoins, quand je vois des tirages de cette qualité qui parviennent à allier sens, cadrage et technique, je ne peux que saluer la démarche. Il faut reconnaître que la technologie est omniprésente de nos jours, et qu’elle fausse notre rapport à l’image. De plus, la tendance actuelle pousse des plasticiens à se tourner vers l’intelligence artificielle pour retoucher leurs images. Alors, tomber nez à nez avec un tirage d’art est une bouffée d’oxygène que je me devais de vous rapporter.

Les photos réalisées avec la technique de la gomme bichromate nécessitent un véritable savoir faire. Soit vous êtes à même d’en réaliser, soit vous allez gaspiller du papier. De ce fait, il faut encourager et féliciter un photographe qui s’intéresse encore à la chimie aujourd’hui. La facilité de la production des images ne doit pas nous éloigner de ce qui fait l’essence même de la photographie. Au même titre que la peinture, elle a pour rôle de délivrer un point de vue, voire une réalité alternative. Dans ces tirages, François Chery va chercher une histoire, son histoire. À l’aide de la chimie, c’est sa vision qui prend une dimension graphique, et qui vous interpelle. Je ne peux que vous inviter à voir son travail en salon. Je n’allais pas prendre toutes ses photos en photo ;).

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Le Salon Comparaisons 

Le salon Comparaisons c’est un ensemble de 28 groupes d’artistes. Parmi eux, j’ai sélectionné quelques oeuvres assez remarquables.

 

Jean lemonnier

 

En photographie, vous pouvez raconter une histoire différente en fonction du cadrage. La sculpture nous donne cette possibilité quand une oeuvre dispose de nombreuses figures comme ici. Nul doute que la volonté du sculpteur était d’ailleurs de nous pousser à nous rapprocher, à tourner autour de sa pièce et à la regarder afin de composer différents récits. De manière à prendre acte de tous ces visages anonymes, déformés, pour mieux nous raconter un voyage. En vue de retranscrire des parcours que la vie marque, plus qu’elle ne le devrait. Il est indéniable que cette oeuvre fait écho à l’actualité et s’inscrit durablement dans le temps. En définitive, c’est une sculpture contemporaine d’une grande force qui interroge sur la condition de certains peuples et la valeur d’une vie. 

 

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

Salon Art capital Paris 2019

 

Le groupe Maxiréalismes : Bruno Altamayer

 

Pour tout vous avouer, je n’étais pas convaincu à 100% par ce tableau en le voyant sur Facebook. Un détail me choquait sur un visage en particulier. Puis une fois sur place, on prend l’équivalent d’une bouffée d’oxygène. Ce tableau est très complexe aussi bien dans sa structure que dans les nombreux symboles qui le composent. Ensuite, le détail qui me gênait n’existe pas, en fait il était le résultat d’une mauvaise qualité d’image. Ce qui me pousse à faire cet aparté : artistes, veillez à toujours diffuser des images de qualité. Et pour vous permettre d’apprécier comme il se doit cette oeuvre, je vous en offre différents points de vue. 

Cette peinture est assez lisible de par le soin apporté dans sa réalisation. Par ailleurs, on pourrait croire que les multiples signes, effets d’optiques et références la rendent trop dense. Alors qu’en fait il n’en est rien. Bien au contraire, on la regarde comme on lirait un livre. Ce paysage a l’audace de sortir des conventions pour délivrer un amalgame que l’on voit rarement en salon. Une fois de plus, j’insiste sur un point : c’est justement pour voir ce type d’oeuvres qu’il faut se déplacer. Puisqu’elles sont rares, parfaitement réalisées et inspiratrices de discussions sur des sujets contemporains.



 

Le groupe visionirique étrange

 

Siegfried Zademack 

 

On reconnaîtra de manière instantanée la pose du peintre dans cette célèbre peinture de Norman Rockwell Triple Self-Portrait. Dans cette composition, la vision de l’artiste est parfaitement claire. Il nous offre un message accessible et compréhensible de tous dès les premières secondes de contemplation. Dans cette image, on aperçoit un artiste sublimer le réel et dépasser l’horreur d’une situation, pour en extraire une forme de beauté. La fleur qui prend naissance dans cette ville industrielle aide à mettre en forme le souvenir d’une nature disparue.

A la fois poétique et apocalyptique, on peut aussi y voir une critique de cette société qui suffoque de sa surproduction. Des milliers d’espèces disparaissent chaque année. Bientôt peut-être l’imagination sera notre seul moyen de les rendre présentes dans notre quotidien. Au-delà de ce message, on peut prendre le temps de contempler une toile d’une grande qualité. Avec une mention spéciale pour une texture que vous ne pouvez pas voir en image mais qui m’a littéralement scotché à la toile. Pour ce qui est de la gestion de la lumière, j’ai rarement vu un tel niveau de maîtrise dans un salon de ce type.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Andrez Malinowski

 

Une fois encore, Andrez Malinowski met en image tout son talent. Impossible de ne pas parler à nouveau de l’aspect de surface de cette peau si soyeuse qu’on en vient à s’interroger sur la technique utilisée pour la représenter ainsi. Dans cette composition, il est question de cycle lunaire et vous remarquerez facilement les différentes étapes de la lune. L’une d’elle vient rentrer en correspondance avec un ventre légèrement en volume. Notons qu’il vient souligner l’idée d’une fertilité en correspondance avec la lune. On appréciera aussi le jeu de matières qui encadre une pose classique. Cette dernière fait la part belle à la maîtrise anatomique du peintre. Une fois de plus, Andrez nous propose une toile qui dépasse nos attentes techniques pour s’insérer durablement dans notre imaginaire.

 

Salon Art capital Paris 2019

 

Le Salon du Dessin et de la Peinture à l’eau

 

Art Capital c’est aussi une occasion de voir des artistes talentueux par le biais d’exposition monographique. Considéré comme le « Jérôme Bosch » français Claude Verlinde est avant tout un créateur d’univers imaginaires hors norme. Fort d’une carrière de peintre exceptionnel, il peut s’enorgueillir de voir ses toiles exposées et vendues à travers le monde sans difficultés. Dans cette rétrospective, il était possible de voir des peintures incroyables pour ne pas dire magiques. D’un coté, vous avez des thèmes connus et redondants comme celui de la femme, omniprésente dans son oeuvre. De l’autre, des cadres qui s’intègrent à la peinture et ajoutent au caractère singulier de cette production.

 

Claude Verlinde

Claude Verlinde

Claude Verlinde

Claude Verlinde

 

Il y a beaucoup à dire et à voir dans cet ensemble de toiles où chaque personnage a son rôle à jouer. Cependant, je crois que parfois il est bon de se laisser porter par son propre imaginaire pour analyser une oeuvre. L’avantage dans un cas comme celui-ci, c’est qu’il y a tellement d’éléments que chacun peut apporter une contribution qui sera différente d’un autre.

 

Claude Verlinde

Claude Verlinde

Claude Verlinde

Claude Verlinde

Claude Verlinde

 

Nous savons tous que chaque artiste souhaite communiquer un message précis au travers de son oeuvre. Malgré tout, quand vous prenez un ensemble de peintures comme celles-ci, vous semblez comprendre une volonté plus forte et sous jacente. Dans le cas de Claude Verlinde, on a l’impression d’entendre une véritable déclaration d’amour. Un sentiment qui se traduit par une habileté qui travaille au dépouillement pour se charger d’émotions plus que d’effets de style.

Dans toute ses peintures, vous n’avez pas des dizaines de personnages qui s’activent à des tâches variées. Vous êtes plutôt face à une forme de théâtre avec ses protagonistes, une mise en lumière ainsi qu’une mise en scène très élaborées. Une chose est certaine dans la production de cet artiste, c’est qu’on ressent parfaitement son amour pour une peinture sincère, inspirante et plus que vivante.

 

Claude Verlinde

 

Conclusion

 

Je couvre le salon Art Capital depuis des années et je ne m’en lasse jamais. Saluons le salon des artistes français qui s’attache à une sélection draconienne. Ce qui vous permettra de comprendre la différence de niveau avec d’autres salons qui n’en pratiquent aucune. Les groupes qui évoluent dans Comparaisons sont différents et complémentaires. Comment ne pas s’arrêter dans le groupe « visionirique étrange » ou encore celui des « Maxiréalistes ». Des groupes qui, à eux seuls, démontrent qu’être peintre c’est bien plus qu’un métier. Dans la section des Artistes Français, la mixité « sculptures, peintures, installations, architecture » vous donne de quoi faire pendant un long moment.

 

Fréquenter des salons d’art c’est aussi un moyen de développer sa créativité

 

Le développement créatif passe par le croisement d’images, de formes et de symboles. Il vous sera impossible de repartir de ce salon le cœur sec et le cerveau vide. Il n’y a qu’à voir le sourire des artistes le jour du vernissage. À l’image d’une grande famille, ils comprennent l’importance de prendre place dans un lieux historique. Les artistes font partie de l’histoire, leur place en est d’autant plus légitime sous la nef du Grand Palais.

 

Pour conclure, j’invite les responsables des différents salons d’Art Capital à bien comprendre les enjeux d’une communication vis-à-vis des artistes qui exposent. Les responsables du salon des Artistes Français l’ont parfaitement compris. Il n’est jamais trop tard pour mettre à profit l’expérience des autres et agir en conséquence. N’oublions pas que les collectifs restent inoubliables alors que les individualités finissent souvent par disparaître.


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3 commentaires sur “Art Capital 2019, l’art sous toutes ses formes

  • Caline Muller

    Bonjour,
    Alors que je m’apprêtais à mettre quelque chose sur ma page Facebook ou Instagram, je trouve ce soir seulement (!) l’article très détaillé et très soigné que vous avez écrit sur cette belle manifestation qu’est Art Capital.
    Je suis flattée de faire partie de votre sélection et je trouve votre façon de décrire le salon très intéressante et très persuasive.
    Puis-je y faire allusion sur Instagram ?
    Je ne suis pas très habituée aux réseaux sociaux ( la preuve en est que je ne trouve le message qu’un an plus tard!) mais j’y mettrais bien le lien vers cet article si vous m’y autorisez.
    Je n’ai pas eu le temps de tout lire mais je prendrai le temps de le faire. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt toute la partie où vous détaillez la spécificité de ce salon. Bravo et merci.
    Caline Muller

  • Caline Muller

    À de nombreuses reprises, j’ai eu envie de copier des passages intéressants .Hélas, ce n’est pas possible. Je n’ai pu faire que des copies d’écran.
    N’hésitez pas à m’appeler ou à m’envoyer un e-mail.
    Caline Muller