Les salons artistiques… un marché à révolutionner 15


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Salon des artistes 2012 Grand Palais Paris © copyright image : Antoine Titus

 

Depuis le lancement du site, je m’évertue à couvrir différents champs de la création. Non pas comme une forme d’obligation ou de désir de plaire à tous, mais parce qu’on peut appliquer la même forme de réflexion à différents domaines. Pour peu que l’on fasse l’effort de coucher ses idées sur le papier, on s’apercevra rapidement que les questions sont toujours les mêmes, comme je l’ai évoqué dans mon 1er post : Un nouvel élan créatif. La créativité du côté de l’artiste, du créateur est toujours prenante car elle ne s’alimente pas de la même manière d’un auteur à un autre. Dans le monde de l’entreprise, elle se manifeste aussi différemment de manière à correspondre à la culture de la société dans laquelle elle se déploie. Par exemple, elle ne se pratique pas de la même manière que l’on soit chez Google ou chez Orange.

 

Quand on est un artiste, l’exposition est un moment important pour ne pas dire majeur. Elle permet d’aller à la rencontre de l’autre. Cet anonyme vous jugera en 1 minute s’il vous accorde de l’attention, en 5 si vous avez du talent. L’énergie que l’on déploie pour se montrer est considérable, je l’ai déjà exprimé auparavant sur mon blog. Si bien qu’aujourd’hui je souhaiterais me placer de l’autre coté. Je voudrais m’adresser aux entreprises et plus précisément à celles qui gèrent cet événement si important pour nous.

 

 

Les salons artistiques doivent être totalement repensés pour l’artiste, le collectionneur et le spectateur. 

Ces trois personnalités ne sont pas des personnes lambda qui cherchent

à se divertir en se promenant dans une foire le dimanche.

 

 

Les Foires artistiques devraient, elles aussi, faire preuve de créativité. Trop longtemps elles se sont appuyées sur le simple fait d’exposer des auteurs, alors qu’elles doivent se transformer en écrin et ainsi susciter l’acte d’achat. Un mur blanc et un projecteur ne sont plus suffisants, il faut créer un événement qui en soit un. Combien de fois n’avons nous pas ressenti ce petit goût d’inachèvement lors d’un salon, car celui-ci manquait d’un petit je-ne-sais-quoi.

 

Disons-le franchement et sans honte, l’événement artistique français d’envergure reste à inventer dans ce domaine. Qu’on ne me parle pas d’expositions dans des lieux aussi emblématiques que le Grand Palais ou le Louvre. Ces derniers jouent sur leur cadre prestigieux pour installer l’ambiance. Seulement voilà, il n’y a pas 36 Louvre et 36 Grand Palais. Toutes les villes de France ne possèdent pas des lieux aussi emblématiques (et aussi fréquentés) pour rattraper des erreurs de communication.

 

Interrogeons-nous une minute sur les besoins réels des artistes. Ils ont besoin d’un événement dont ils soient fiers, aussi bien pour en faire la promotion que pour ressentir l’honneur d’en faire partie. Ensuite il leur faut un catalogue d’exposition assez luxueux pour que l’implication des organisateurs dans la gestion de la communication des artistes soit visible. Est-il nécessaire de rappeler ici que le catalogue d’exposition est la seule preuve qu’il nous reste quand le salon est terminé ?

 

L’accessibilité aux salons doit être réévalué afin d’obtenir une stabilité dans les offres tarifaires 

 

Si les galeries ne cessent de se plaindre des ventes en baisse et des salons trop chers il en est de même pour les artistes. Au jeu des conditions tarifaires inadaptées le grand gagnant n’est jamais celui que l’on croit. Et si pendant longtemps internet s’est montré une plateforme avantageuse pour la vente en direct, une nouvelle forme de vente pourrait nuire à tout le monde sauf aux gestionnaires de sites. Demandez donc à Amazon s’ils prennent en considération les conséquences de leur projet de vente d’oeuvres d’art.

 

Le prix d’accès pour exposer ne doit pas être hors norme, comme on le voit trop souvent. 1000 euros HT un espace de moins de 10 M2 en moyenne… de qui se moque-t-on ? L’artiste, cette incroyable vache à lait le restera combien de temps si les foires ne remplissent pas leur promesse ? Il faut prendre garde à ce phénomène qui asphyxie autant l’exposant que l’acheteur. Ce dernier se détournera forcément des œuvres aux prix réajustés pour payer la location du box.

 

C’est un constat que beaucoup d’artistes font au moment de faire les comptes. En général il s’accompagne de doutes et de questions souvent laissées sans réponses. Pourtant la réalité est bien plus simple qu’il n’y paraît mais force est de constater que les foires artistiques ont du mal à fédérer et à faire preuve de créativité pour attirer le chaland et surtout le collectionneur.

 

En dehors de l’ile de France les salons s’essoufflent, à qui la faute ?

 

Alors, oui en effet, Paris arrive à tirer son épingle du jeu avec l’avantage de l’emplacement et du flot continu de touristes qui ne demandent qu’à découvrir de nouvelles choses. Mais dès que l’on franchit les portes de la capitale, voire de l’île-de-France, bienvenue à « no man’s land » ! Cela va du salon vide à celui sans saveur, au choix. A qui la faute? A la crise bien entendue… vous savez, cet horrible phénomène qui transforme tout ce qu’il touche en échec. Combien de temps encore allons-nous entendre que rien ne va en France à cause de la crise ?

 

Par expérience (en tant qu’exposant), je n’ai trouvé que deux salons (les Hivernales Paris-Est et le salon des artistes de Puteaux) qui tiennent leurs promesses en dehors de Paris. C’est-à-dire un lieu qui provoquerait l’émerveillement constant aussi bien dans la sélection que dans la présentation. Le vrai problème dans la foire artistique française c’est qu’il n’y a aucune innovation. Vous payez un ticket d’entrée, vous observez les oeuvres et vous sortez, point. Pas de show en live d’artistes, pas de soirée en corrélation avec d’autres événements.

 

Un jour peut être on comprendra les besoins et les  attentes des artistes professionnels

 

Dans la plupart des foires parisiennes, nous découvrons les forums de discussion, mais l’artiste a-t-il besoin de discuter ? Alors que c’est un déficit de formation que la plupart d’entre eux possède. Faire des sessions de formations sur des sujets précis serait plus judicieux d’après moi. Concernant les causes de ce manque de créativité j’ai peut-être un début de réponse qui tient en un seul mot : Stagiaire. C’est souvent le titre que vous pouvez lire dans la liste des responsables de communication, d’organisation, de réception des oeuvres et j’en passe. C’est un peu comme si les organisateurs d’événement français refusaient la possibilité de gérer de manière professionnelle leur salon.

 

Ne pensez pas que ce billet est une charge contre un salon qui m’aurait déçu car la déception n’est ressentie que par ceux qui attendent quelque chose. En ce qui me concerne je n’attends plus rien de ce coté là. Lassé d’observer le manque de professionnalisme je réfléchis plutôt à l’organisation d’un événement à la hauteur des attentes d’un artiste.  Je me suis donc mis dans la peau d’un organisateur de salon et je me suis posé cette question :  

 

Comment faire preuve de créativité dans le cadre d’un salon artistique ?

Et voici les quelques pistes qui doivent être prises en considération.

  

 

1 – La ville doit devenir une expérience artistique en elle-même

 

La première piste c’est d’impliquer la ville dans un jeu grandeur nature dont l’issue vous amènerait par exemple aux portes du salon. Jeu de piste réel ou virtuel, de nombreux artistes jouent déjà avec les codes du « Street Art » dans ce sens. Pourquoi ne pas les associer (en les payant, pour changer) dans le processus de communication des mois à l’avance ? Un auteur comme Banksy arrive à transformer de simple ruelle en musée à ciel ouvert. Est-il réellement le seul à provoquer ce phénomène d’implication du public ? 

 

2 – Il faut associer des événements et des acteurs culturels locaux

 

La seconde piste c’est de travailler avec des spécialistes de l’événementiel pour créer des happenings et des performances pendant le salon. Nul besoin d’évoquer la nature des prestations aux organisateurs, ou de faire une séance de « remue méninges pour trouver des actions de qualité. Dans l’idéal si un salon se déroule sur Toulouse par exemple, il faudrait travailler avec des agences locales qui connaissent les contraintes et le public de cette ville. Travailler avec des sociétés qui ne savent pas où se trouve la place du Capitole serait dangereux.

 

3 – Le stagiaire apprend un métier, il ne doit plus être l’unique intervenant à charge.

 

Le bénévole c’est bien, mais ce n’est en aucun cas un professionnel. Nous vivons dans un pays qui se traumatise avec le mot chômage. Mais dans le même laps de temps nous encourageons le travail gratuit à toutes les sauces sauf à celle qui aurait le goût des arts. Je n’ai absolument rien contre les stagiaires, nous l’avons tous été un jour, mais laisser l’intégralité d’un travail à une personne censée se former n’est plus tolérable. En cautionnant ces abus n’oubliez pas que vous participez à la destruction de statut et par défaut de carrière.

 

4 – Le catalogue d’exposition est une arme de communication massive

 

Le catalogue d’exposition est autant une carte de visite qu’une preuve d’exposition pour un artiste. C’est aussi un objet avec lequel des collectionneurs peuvent repartir si ces derniers veulent suivre un auteur. Alors où diable sont les catalogues qui seraient des oeuvres d’art à part entière ? L’industrie du livre regorge d’idées peu couteuses pour transformer un livre en objet de collection. Malgré cela les catalogues d’expo ressemblent toujours à des catalogues de jouets en période de Noël. Comment voulez-vous convaincre des collectionneurs de la notoriété d’un salon en leur proposant un pauvre livret sans saveur ?

 

5 – La gestion des oeuvres et des artistes doit être une priorité

 

Quand on travaille des mois voire des années sur un sujet, nous développons avec notre production un rapport affectif. Quand, à la suite de couacs, nous retrouvons des verres brisés ou des parties de notre oeuvre abimées nous ressentons comme une blessure. Beaucoup d’artistes s’engagent à 200% dans le processus d’exposition. En cas de dommages collatéraux les organisateurs se doivent d’être réactifs et ne doivent pas hésiter à porter assistance aux artistes pour débloquer des situations.

 

En voulant participer à une exposition dans le sud de France j’ai été fort surpris des conditions d’exposition. Aucun numéro de téléphone et aucune personne physique n’était désignée pour la réception des oeuvres. Cet état de fait n’étant malheureusement pas rare j’ai continué ma lecture jusqu’au moment où j’ai été confronté à l’impossible : dans le cas où vous ne pouviez récupérer votre oeuvre le jour j, la mairie devenait propriétaire de votre oeuvre ou s’accordait le droit de la détruire. Je n’ai aucun mot pour décrire cette condition, tellement nous atteignons des sommets de stupidité et d’amateurisme.

 

6 – L’absence au sein des réseaux sociaux est inacceptable

 

Quand je me renseigne sur des événements, je consulte toujours leur site internet et par extension leur profil sur les différents réseaux sociaux. Soyons francs, au 21éme siècle Internet est encore perçu comme le minitel des années 80 en France. Je suis prêt à tout entendre : restriction budgétaire, manque de formation des prestataires et j’en passe, mais qu’on ne vienne pas me dire que personne ne sait gérer une communication sur les réseaux sociaux alors que des enfants de moins de 16 ans y arrivent. Quand je vois des pages de salons avec moins de 100 contacts je ne donne en général pas cher de l’expérience du salon. Je n’indiquerai pas par respect le lien de cet événement régional qui possède 8 contacts sur sa page. Vous avez bien lu : 8 contacts… ça laisse rêveur sur la portée de l’événement !

 

7 – Osez une communication originale

 

Une page ou deux dans un magazine spécialisé en art c’est bien, mais plutôt que d’injecter 10 000 euros de publicité sur trois magazines, pourquoi ne pas organiser des concours et des actions aussi visibles et originales que des spectacles de rue ? Le chanteur Psy, de passage à Paris a fait guincher une partie de la jeunesse parisienne (et d’ailleurs) avec une danse improbable dans une langue que peu comprenne. Est-il saugrenu de croire que des événements impliquant des acteurs de théâtre et différents types d’artistes de rue n’auraient pas autant d’impact dans des villes où les magazines prennent la poussière sur les étagères des kiosques ?

  

8 – Les stars des Arts contemporains doivent être associées à des événements artistiques de grande envergure

 

C’est une idée qui peut paraître saugrenue et pourtant certains l’ont fait comme lors du salon des Hivernales. Il faut impérativement associer des personnalités des arts à son événement. A l’image de Cannes et de son tapis rouge il faut créer une soirée qui mettrait des artistes à l’honneur. Les médias ne demandent qu’à parler d’art, encore faut-il leur offrir du rêve. Vous croyez vraiment qu’une chaine va s’intéresser à un salon d’artistes qui aurait lieu dans une zone industrielle de Pétaouchnock ? Soyons honnêtes, nous vivons une époque où la superficialité l’emporte sur le contenu. Alors travaillons à créer du sens, de l’émotion et surtout à penser une foire si qualitative qu’elle ferait autorité dans la presse et dans les médias.

 

 salon-BSalon des Hivernales 2012 Paris-Est © copyright image : Antoine Titus

 

Si, à la lecture de ce billet, en tant qu’organisateur vous vous sentez interpellé par mes propos n’hésitez pas à commenter. Parce qu’il est temps de professionnaliser ce qui pendant trop longtemps a été assimilé à une fête de quartier. Un artiste n’est pas un formateur bénévole à l’éveil artistique. Ce n’est pas non plus un gentil monsieur qui ouvre la porte de sa maison parce qu’elle a plein d’objets rigolos. L’artiste est un professionnel qui mérite qu’on lui fournisse des espaces qui ne discréditeront pas sa production. Tout comme il mérite un suivi avant, pendant et après le salon pour connaître son avis et obtenir des retours quant au niveau de satisfaction.

 

 

Organisateurs et responsables de salons, je n’aurai qu’une dernière chose à vous dire :

« Soyez à la hauteur de vos ambitions »

 

 


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15 commentaires sur “Les salons artistiques… un marché à révolutionner

  • Corinne Calmant

    Bonjour,
    Je me demandais comment vous pourriez financer ce genre de salon/événement ? Sachant que dans votre modèle :
    >il faut louer le lieu,
    > payer les artistes
    > financer un graphiste digne de ce nom pour la création de la charte graphique, invitation, catalogue
    > financer l’impression du catalogue

    Des idées originales, des happenings en salon ou en foire, il en existe pas mal.

    Mais peut-être que l’excès de salons en France est en train de tuer le métier de l’artiste qui devrait créer plutôt que de s’inventer vendeur, promoteur, diffuseur de son propre travail !

    • Antoine Auteur de l’article

      Bonjour,

      Je pourrais vous répondre point par point en vous donnant une synthèse de l’ensemble des possibilités que j’ai trouvées. Néanmoins, je préfère vous inviter à vous interroger différemment. Savez-vous comment les organisateurs de salons les mettent en place ? Pourquoi le budget dédié à la communication devrait-il être tronqué sur des points clés ? Je pense qu’il faut accepter l’idée de payer tout le monde exactement comme lorsque l’on construit une maison, par exemple. L’artiste n’a pas besoin de s’inventer vendeur, promoteur ou diffuseur. Il l’est déjà, en tout cas en Ile de France, où les artistes se retrouvent confrontés à la gestion de leurs propres expositions, puisque les galeries se transforment de plus en plus en espaces de location des murs. Vous comprenez bien que ce qui vous étonne est la réalité pour beaucoup d’artistes franciliens.

  • Alain Choisnet

    Billet très juste et fort modéré.

    J’insisterais juste sur le fait que l’artiste professionnel qui cherche à vivre de son art et qui participe à un salon est principalement là pour vendre.

    Si l’aspect commercial est très présent lors de la vente d’un espace d’exposition de la part de l’organisateur, il ne disparait pas lorsque l’artiste entre en contact avec le public. Au delà de l’admiration que peut procurer son travail et des échanges bienveillants, la qualité de l’événement sera mesurée par l’artiste à l’aune des bénéfices qu’il aura dégagés.

    Participant à de nombreux salons chaque année, je peux affirmer que les meilleurs sont tenus par des organisateurs qui ont un plan de communication solide dont la principale statistique est le taux de fréquentation, qui prennent soin de leurs exposants en leur offrant un cadre propre à accueillir des visiteurs à la hauteur de la qualité de leur travail et qui enquêtent à la fin du salon pour améliorer les prochaines éditions.

    Lorsqu’une proposition m’est faite pour participer à une exposition je vérifie tout de suite la solidité de l’offre en parcourant le net. Si le site de l’organisateur est pauvre en contenu, pas actualisé, ne donne pas les chiffres de fréquentation des éditions précédentes, ne parle pas de son plan de communication, ne montre pas les installations ou ne mentionne pas les artistes ayant déjà participé, je ne donne pas suite. Si les artistes sont mentionnés j’en appelle quelques uns.

    En procédant de cette manière les artistes eux-mêmes peuvent favoriser les salons qui valent la peine d’être suivis et laisser pour compte les moins professionnels qui devront s’améliorer ou périr. Je pense que l’exigence des artistes peut faire loi sur ce marché car les organisateurs sont dépendants d’eux, pas l’inverse.

    • Antoine Auteur de l’article

      Bonjour,

      Je ne peux qu’acquiescer à votre discours et, si vous le désirez, je vous invite à nous donner quelques exemples de salons qui vous ont offert des prestations de qualité professionnelle.

  • David Gista

    Oui je suis entièrement d’accord sur le fait que le souci premier des organisateurs de salons c’est de faire beaucoup d’argent,sans offrir beaucoup de service aux participants en retour, en gros prend l’oseille et tire toi …
    C’est peut être un problème franco français,à savoir le client n’est non pas le roi mais le gogo de service.Il serai peu être temps de regarder d’autres cultures ou la notion de service est intégrée aux principes du business.

    • Antoine Auteur de l’article

      Bonjour David,

      Je pense qu’Alain a parfaitement résumé la démarche à avoir en tant qu’artiste pour qu’au final tous ces événements, aussi décevants soient-ils, deviennent de l’histoire ancienne. Aux artistes de reprendre le pouvoir en s’accordant le temps d’être exigeant.

  • Yakinikou

    Merci pour cet article (et les autres) ; le concept salon, exposition est à revoir dans son ensemble, L’Art est un marché, très poussé maintenant (est-ce la venue il y a des années des loisirs créatifs mine d’or pour certains ??) marché qui a compris qu’il y aurait donc toujours demandes importantes et de plus en plus, pour exposer… par contre un bon nombre d’ artistes ne peuvent pas effectivement investir (où se refusent à être pris pour des vaches à lait) 1000 euros voir bien plus même pour deux trois quatre jours , et ceci trois quatre fois par an. . . certaines « galeries » prennent aussi le principe d’un « droit d’entrée » pour couvrir les frais « de participation » à la communication vernissage (expo collectives de plus) et continuent à prendre 50 % sur les ventes…. idem pour les nombreux sites de promotion artistiques d’ailleurs. Quand on ose demander le carnet d’adresses…. il est toujours grandiose… Autant louer un espace et organiser soi même !
    Mais il y a aussi bon nombre de collectifs d’artistes qui organisent des choses très intéressantes..des portes ouvertes d’ateliers dans les arrondissements (Paris et Grandes villes)

    Quant à l’artiste, oui il est indispensable qu’il sache au moins être « passionné(e) » et avenant(e) pour recevoir quiconque s’arrêterait sur son travail, et donc savoir « recevoir » en quelque sorte toute personne en lui prêtant attention et en partageant un moment. dans une belle énergie…Il suffit sans doute d’aimer simplement ce que l’on fait et de savoir pourquoi on le fait pour remplir ce rôle. Et bien sur que l’artiste tolère qu’on puisse ne pas être sensible à son travail sans envoyer dans les roses des personnes « qui ne connaîtraient rien à l’Art » comme j’ai entendu !

    Vous parlez de Paris.. certes différent de certaines régions de province …. plus la ville est grande, plus il y a stimulation (et non pas compétition), idées créatrices… énergies aussi , passage possible de gens de tous pays visiteurs amateurs occasionnels, mais nombreux… habitués à sillonner différents pays, a avoir l’esprit curieux etc … malheureusement en province hélas souvent ont se contente d’attirer la bourgeoisie locale … en même tant que l’on dit qu’elle va ailleurs puisqu’elle voit toujours les mêmes. J’ai un jour reçu un carton d’invitation à un événement en province … pas de plan pour y aller, juste le nom du lieu et le nom de la rue : au moins 30 personnes interrogées dans la rue…. personne ne connaissait le lieu qui portait un autre nom en plus. remarque faite à l’organisateur « ah mais tout le monde connait ici ». réponse  » et les touristes ? « oh mais eux ils ne viennent pas !..un peu mince effectivement pour réussir quelque chose. déjà à la base organisation sélective !
    Même si l’on est pas un organisateur pro… pouvoir se dire : organiser quoi, avec qui, pour qui, comment et avec quels moyens en réflexions de base me semble indispensable. avec a l’esprit de se mettre à la place des autres pour tenter de ne rien oublier même dans les détails.(pour les artistes et visiteurs) Je rajouterai que communiquer c’est savoir écouter … des envies, besoins, et mettre en avant les autres (ou un travail) et avoir plaisir à le faire. ..
    Cordialement

    • Antoine Auteur de l’article

      Merci Yakinikou pour cette réponse riche en arguments.

      Concernant les loisirs créatifs, ils ont au moins permis que nous puissions trouver du matériel à des prix accessibles, c’est déjà ça ! Pour ce qui est du tarif des stands, je continue de penser que cela est une très mauvaise chose, mais bon. Je n’arriverai pas seul à convaincre les auteurs de s’associer pour qu’ils créent leurs propres opportunités. Les salons accessibles s’annulent faute d’engagements en ce moment. Un simple mail de contact de la part des artistes étant, déjà en soi, un acte héroïque… plus rien ne m’étonne. 

      Il y a en effet de grands collectifs qui agissent vraiment. Dans l’avenir, j’essaierai de les contacter pour les mettre en avant ici et permettre à d’autres de se rapprocher d’eux. J’ai essayé pour ma part d’intégrer un groupe important sur Paris. J’ai trouvé la responsable de ce collectif si aimable et ambitieuse que j’ai préféré les laisser à leur petit apéritif entre amis pour me focaliser sur des actions, disons… plus grandes.

      L’artiste passionnant et passionné se raréfie car on le presse tellement financièrement pour exposer que beaucoup y perdent de l’énergie positive. Il devient obsédé par l’idée de vendre et se concentre sur le client qui apparaît comme étant le plus proche de sa vision de l’acheteur.

      Votre anecdote concernant le salon de province pourrait faire sourire n’importe qui, si nous ne savions pas que derrière il y a des enjeux pour des artistes qui n’ont pas dû apprécier l’absence totale d’informations. Je crois que certains organisateurs sont plus soucieux de l’image que leur ville gagnera avec des salons, que de savoir si des artistes rentrent dans leurs frais. En tout cas, nous nous rejoignons sur cette idée directrice :

      Peu importe qui organise un salon, l’improvisation doit cesser maintenant pour laisser place à la qualité pour tous.

  • JOCELYNE BOSSCHOT

    de bonnes idées…il faudrait néanmoins mettre l’accent sur le fait que aujourd’hui, il y a quantité de salons…une majorité de salons loueurs de murs pour flatter l’égo de hordes d’amateurs en tout genres…Il serait important de faire la différence entre eux…autant pour le public que pour les amateurs en question…je peux comprendre qu’ils soient flattés d’être dans un salon mais ils se font des illusions et nuisent à la lisibilité des artistes plasticiens pros. Les villes quant à elles s’offres pour pas cher des expositions d’artistes reconnus, parcequ’en fait aucune loi, à ma connaissance les oblige à payer un droit de monstration à l’artiste, or, ce serait la moindre des choses, surtout en ces périodes où les ventes sont devenues rares.

  • Magda H-L- Peintresse-Intuitive

    Alors vous, je suis contente de vous avoir dénichée !! ^^
    Vous exprimez parfaitement des vérités souvent non-dites, merci à vous !!
    En fait avec les propositions je vous trouve plutôt encourageant, et oui une critique éclairée et juste cela fait du bien !
    (Je ne vous parle pas de foires d’art en milieu rural ,ooops ,là si le badaud est roi et les élus eux contents de toutes façons, incroyable !! )
    Au plaisir de continuer à vous lire, Créativement vôtre,

  • Kirlian

    J’aime beaucoup cette idée de secouer le cocotier…!

    C’est vrai que dans un milieu de Créateurs, on peut s’étonner que le Salon en tant que forme ait aussi peu évolué, sans doute un refuge et un vestige du passé à contrario de certains lieux hyper-« contemporains » ou ce sont souvent les oeuvres qui désorientent… par exemple les répétitions d’artistes qui font des « tas » de toutes sortes de matériaux, alors que le tas de charbon à Beaubourg est une innovation… d’ il y a déjà 40 ans…
    Excellente aussi l’idée d’associer des artistes d’autres milieux dans les Salons dédiés aux Arts Plastiques…En effet, le décloisonnement des expressions (et des publics) me semble une trés bonne chose…si la qualité est au rendez-vous..

    Pour le reste, en tant qu’artiste et amateur d’art depuis plusieurs décennies, je regrette aussi sans doute comme vous, de ne pas assister à de grands Salons qui seraient conçus comme des Oeuvres d’Art, c’est à dire aussi avec des parti-pris esthétiques, avec une fibre artistique personnelle (un Style) d’un Auteur-concepteur comme certains collectionneurs le font pour leur collection.

    Car il me semble que cela reste d’abord la qualité des Oeuvres qui fait un Salon….autrement dit, ce sont les Oeuvres qui font le spectacle…et dialoguent ou non entre elles, et avec le lieu, et éventuellement la poésie du lieu…et le parcours proposé..
    Et en second pour moi l’échange éventuel avec l’artiste…qui est souvent un moment intéressant si l’on arrive à rentrer dans le sujet artistique au-delà des mondanités ou des banalités..

    Il arrive enfin dans certains cas que l’architecture du lieu, le regard par les fenêtres ou sur le public alentour soient des activités aussi intéressantes que l’Expo en question….:-)

    A propos de Toulouse, à part « Les Abattoirs » ou l’on peut sentir un reste de mauvaises ondes (je parle d’une époque ancienne),j’ai le souvenir d’une ville ou la vie artistique et les galeries sont étrangement peu nombreuses à part certains lieux alternatifs…Et en ce qui concerne la ruralité, c’est souvent l’Eté que les ateliers se réveillent…

    • Antoine Titus Auteur de l’article

      Merci pour votre point de vue. Concernant Toulouse, je confirme que non seulement les galeries sont peu nombreuses, mais en plus elles ferment les unes après les autres. De l’aéroport à la galerie municipale, en passant par d’autres lieux, les fermetures s’enchaînent. J’ai personnellement constaté trois nouvelles fermetures en 2017… Je ne vais pas évoquer ici toutes les raisons qui étaient pour la plupart prévisibles. Je note surtout qu’aujourd’hui les salons réservés aux galeries font recettes et rapportent plus d’argent aux organisateurs. Il est à craindre que, dans l’avenir, les grands salons n’offrent plus de perspectives intéressantes aux artistes qu’ils soient en début ou milieu de carrière. La période estivale est effectivement plus riche en événements ce qui n’est pas forcément un bon calcul partout.