Aujourd’hui, j’aborde un sujet important à mes yeux et essentiel pour les passionnés d’art : à savoir, la présence des femmes afro-américaines dans l’art au 19e siècle. Cependant, si vous faites partie de ces lecteurs qui commentent un titre sur des réseaux sociaux sans avoir lu l’article en entier, je ne peux que vous inviter à ne pas continuer cette lecture.
J’admets volontiers que cette introduction peut paraître abrupte. Mais j’ai déjà fait l’expérience du dénigrement d’un texte qui n’a pas été lu. (j’avais rédigé un article en conséquence, cliquez-ici pour le lire). J’aimerais pouvoir aborder à nouveau la question des femmes dans l’art en évitant (si possible) les trolls. Ceci étant dit, laissez-moi vous expliquer les raisons qui m’ont poussé à vous parler des ces femmes en particulier.
Pourquoi le choix des sculptrices afro-américaines ?
_ Au cours de mes recherches, je me suis aperçu que certains livres d’art occultaient leur existence alors qu’elles étaient bien présentes au sein des ateliers européens. Dans le dernier ouvrage que j’ai eu en mains, elles n’apparaissent qu’à partir de 1980, alors qu’une artiste pionnière a pratiqué la sculpture à Rome en 1865… ; quand une autre a reçu les conseils de Rodin et de bien d’autres artistes pendant son passage sur Paris. Et les nombreuses personnalités qu’elle va côtoyer sont toutes aussi fascinantes les unes que les autres.
_ La sculpture est au cœur de mes recherches les plus poussées depuis deux ans maintenant. Je m’aperçois que de nombreux ponts existent entre les auteurs, les pays et les croyances spirituelles.
_ Le choix du territoire américain n’est pas anodin. L’abolition de l’esclavage, la guerre de Sécession, la lutte pour les droits civiques et cette actualité qui rappelle que tout n’est pas si évident pour tout le monde. Voilà un ensemble de faits historiques qui va changer la donne au point de porter certains élans et d’en briser beaucoup d’autres.
De multiples interactions, historiques et déterminantes
En me focalisant sur les sculptrices afro-américaines je ne pensais pas déboucher sur une multitude d’artistes. Je pensais découvrir un ou deux parcours exceptionnels. Une fois de plus, l’Histoire nous montre qu’il y a beaucoup plus de matière qu’on pourrait le croire. Les documents que j’ai consultés mettent en lumière l’existence d’une élite intellectuelle. Ses membres cherchaient à démontrer leurs aptitudes aux américains. Et notamment qu’ils étaient capables d’exceller dans toutes les formes d’art. Jusqu’au 21e siècle, des chercheurs remettent en question les facultés intellectuelles des femmes et encore plus si elles sont noires. (Le sujet est abordé dans le film « Hidden Figures ». Ce long métrage raconte l’histoire des chercheuses noires engagées par la NASA dans les années 60). Nous savons que les afro-américains se battent encore pour lutter contre les discriminations. Et pourtant, nous ne connaissons pas les grandes figures qui ont œuvré à la reconnaissance de leurs talents artistiques.
S’ouvrir aux autres cultures est le meilleur moyen de développer ses recherches.
Quand vous étudiez l’histoire de l’art en France, on se focalise sur les classiques et on fait abstraction du reste. Dans l’esprit de beaucoup d’enseignants il y a peu d’intérêt à évoquer des artistes afro-américains, tant en Europe les talents se comptent par milliers. Mais les relations franco-américaines sont plus profondes qu’il n’y paraît. La statue de la liberté n’est pas le seul « présent » envoyé par des français aux américains. A la fin de la seconde Guerre Mondiale, l’envoi d’une importante quantité d’œuvres d’art s’est effectué avec le train de la reconnaissance : des dons collectés auprès des français, et envoyés aux américains en guise de reconnaissance. (pour en savoir plus sur ce sujet, cliquez ici). Enfin, on estime le nombre de sculptures en lien avec la France et présentes sur le territoire américain à plus de 20 000 pièces. En sachant que tout n’est pas encore répertorié, on peut s’attendre dans l’avenir à de surprenantes découvertes.
Dans le meilleur des cas, la présence d’artistes noirs n’est signifiée dans l’enseignement que par les tableaux de Basquiat. On ne le cite jamais sans impliquer Andy Wharol d’ailleurs. Sinon, sous la forme la plus pauvre, on vous suggèrera l’influence des Arts Premiers dans les travaux de Picasso. Il y a donc peu de chance pour que l’on vous parle du mouvement Harlem Renaissance, bien que Paris ait accueilli un grand nombre d’artistes qui y sont rattachés. Harlem Renaissance mériterait un article entier, nous y reviendrons brièvement par le biais de l’une de ses fondatrices.
L’accès à l’enseignement artistique, un obstacle parmi tant d’autres
La transmission des savoirs passe par une implication réelle du mentor qui nécessite de dépasser ses propres préjugés. C’est pourquoi des enseignants se sont dressés, parfois seuls contre tous, pour enseigner l’art à des femmes, noires de surcroit. Les risques qu’ils ont pris dépassent l’entendement aujourd’hui. N’allez pas imaginer qu’une femme pouvait s’asseoir dans une salle commune, et par la suite dessiner ou bien sculpter un modèle vivant. Pour rappel, en France elles n’ont eu accès aux écoles d’art qu’à partir de 1896… Leurs activités étaient limitées, pas de nus masculin pour commencer. Et les cours enseignés étaient bien loin de ceux des hommes. Par conséquent, les premières œuvres d’étudiantes se limitaient essentiellement aux autoportraits ainsi qu’aux natures mortes.
Maintenant que vous avez intégré toutes ces données, laissez-moi vous présenter le parcours d’Edmonia Lewis.
Edmonia Lewis (1844-1907)
Un départ douloureux pour commencer une aventure sans équivalent.
Edmonia va naître libre en 1844 alors que l’esclavage n’a été aboli aux Etats-Unis qu’en 1865. Elle a déjà une particularité qui la rendra différente des autres, c’est une enfant métisse. Son père est un homme noir libre originaire des caraïbes, tandis que sa mère est de descendance amérindienne. Cette particularité se retrouvera jusque dans son nom Chippewa « Suhkuhegarequa » qui signifie « WildFire » en anglais. Malgré la disparition de sa mère dès son plus jeune âge, elle a été éduquée par sa tribu avec le soutien de son frère. Plus tard, ce sont des abolitionnistes et des mécènes qui lui ont permis d’accéder à l’éducation. Cependant, les problèmes arriveront rapidement dans son parcours d’étudiante. Une première tentative pour l’écarter des bancs de l’école prendra la forme d’accusations d’empoisonnement.
Elle subira en représailles avant son procès une violente agression qui la laissera pour morte dans un terrain vague. N’oubliez pas qu’elle est métisse. Elle partage une chambre avec deux colocataires blanches dans un contexte social plus que tendu. Malgré l’absence de preuves, elle se retrouvera quand même en prison. Son acquittement ne lui permettra pas de poursuivre sereinement son cursus. Et d’autres problèmes s’accumuleront, la poussant à abandonner l’établissement qui l’avait accueillie. Dans son malheur, Edmonia a pu bénéficier de soutiens à différents moments de sa vie. C’est un véritable symbole pour les afro-américains, tant on peut voir dans son parcours des similitudes avec l’actualité aujourd’hui : le lynchage, une condamnation sans preuves, puis la libération faute de preuves, et enfin l’exil. L’histoire américaine semble tourner en boucle pour la même population…
Une vie marquée par l’envie de vivre librement ses choix
Cette terrible mésaventure va la mener à Boston où elle y rencontrera son premier mentor : Edward Augustus Brackett. Il lui enseignera la pratique de la sculpture, alors que trois autres sculpteurs lui avaient précédemment refusé cet apprentissage. Elle assimilera assez efficacement les techniques, au point d’en vivre dans de brefs délais. La sculpture lui permettra de gagner ses premiers dollars et lui offrira une reconnaissance inédite pour une femme de son genre. Elle financera son voyage à Rome en sculptant un médaillon représentant le colonel Robert Shaw dont elle fera des copies (une centaine). Le choix de son médaillon va d’emblée orienter sa démarche artistique qui va chercher à rendre hommage à ses origines. Le colonel Robert Shaw était le colonel du premier régiment, essentiellement constitué de soldats noirs durant la guerre de Sécession.
Ce qui est vraiment notable avec Edmonia c’est qu’elle réussira à obtenir des lettres de recommandation afin de pouvoir étudier avec un sculpteur néo-classique. C’est grâce à une autre sculptrice, Harriet Goodhue Hosmer l’une des rares artistes de cette époque à avoir pu construire une carrière – qu’elle obtiendra une recommandation pour accéder à l’enseignement en Italie. En toute logique, c’est à ce moment que l’on mesure tout ce qu’il faut de courage, de persévérance et de talent pour successivement passer au dessus de toutes les normes de l’époque. N’oublions pas que nous sommes encore dans une période où les mœurs et coutumes écartaient des trajectoires artistiques tout ce qui ne ressemblait pas à un homme blanc.
Une identité artistique en résonance avec ses origines
Edmonia va dans son œuvre personnelle toujours chercher à intégrer ses racines dans ses thèmes. On retrouvera dans ses sculptures de subtiles références à ses origines. Paradoxalement, comme beaucoup d’artistes à cette période, elle ne souhaitait pas être reconnue comme une artiste afro-américaine, mais simplement comme une artiste. On retrouvera cette manière de penser chez d’autres artistes afro-américains qui ne souhaitaient pas être catalogués ou forcément se construire au travers d’une communauté. Ce qui explique aussi pourquoi ces artistes ne laissent pas de textes en se présentant comme des artistes noirs. Ils se sont construits comme des créateurs, sans vouloir tomber dans un écueil qui limiterait leur champ créatif.
The Marriage of Hiawatha (1868)
Un parcours riche, atypique et inspirant pour une génération de sculpteurs afro-américains.
Si Rome a pu accueillir une sculptrice comme Edmonia, c’est parce que selon elle c’était l’endroit le plus propice à son épanouissement créatif. ll faut préciser qu’elle avait le choix entre Londres, Paris, Rome ou son pays d’origine. On retrouve d’ailleurs plusieurs textes présentant Rome comme le lieu idéal pour une femme artiste noire. Dans la mesure où elle y serait estimée pour ses qualités artistiques, sans que l’on fasse de grands cas de son genre et de sa couleur. Nul doute que les interviews américaines qui la percevaient comme « exotique », ont scellé son choix. Il existe de nombreux ouvrages sur Edmonia. Son succès à l’époque lui permettait de vendre ses créations, de voyager et surtout d’acheter des blocs de marbre très couteux. Une vie passionnante qui, selon moi, finira par trouver une voie cinématographique.
Enfin, je crois qu’il est important de vous parler de la sculpture « the Death of Cleopatra » ci-dessous. Non pas sur le plan artistique mais sur le plan historique. Cette impressionnante sculpture a dormi pendant longtemps dans un abri de jardin, oubliée de tous. Et à l’image de la vie d’Edmonia, chacune de ses oeuvres porte en elle une histoire, depuis sa création jusqu’à sa redécouverte tardive. Difficile de croire que cette oeuvre fut redécouverte par hasard, endormie, dégradée (recouverte d’une peinture !) et oubliée de tous alors qu’elle trône dans un musée aujourd’hui.
The Death of Cleopatra (1876)
Edmonia Lewis est apparue sous la forme d’un « doodle » Google, en février 2017.
Une grande partie de sa vie reste aujourd’hui encore un mystère. Il est possible de tracer son parcours jusqu’à Rome. Pour ce qui est de ses relations avec d’autres artistes, ou encore des détails de sa vie sociale durant cette période, il faudra s’accommoder du peu que l’on sait. La date de sa naissance et celle de sa disparition sont encore imprécises. A cet égard, on peut dire qu’une partie de sa vie est à l’image des circonstances de sa mort. Dans la mesure où personne ne sait quand et comment elle a disparu.
Je ne vais pas vous en dire plus sur Edmonia car sa vie est très dense et ne se résume pas aussi simplement. Il faut juste garder en tête qu’elle est née 20 ans avant Camille Claudel, juste pour que vous puissiez la situer dans le temps. Et prendre conscience qu’une grande partie de ses œuvres a disparu. On ne sait pas si elles ont été détruites ou si elles sont dispersées. Peut-être qu’un jour elles réapparaitront comme sa Cléopâtre. : au fond d’un jardin ou par le fruit du hasard sur les étalages d’une brocante italienne.
Meta Vaux Warrick Fuller (1877-1968)
Meta Vaux Warrick Fuller a eu, comme ses consoeurs, une longue vie pleine de rebondissements et de rendez-vous décisifs. Synthétiser son histoire n’est pas la plus facile des tâches. Alors je vais me concentrer sur sa période à Paris entre 1899 et 1902 et la perception de son travail sur le plan artistique. L’histoire parisienne de Meta Vaux avait très mal commencé. Dès son arrivée à la gare, Henry Ossawa Tanner (un grand peintre afro-américain et ami de son oncle) n’est pas présent pour l’accueillir comme il le devait. Ne le voyant pas, elle décide de se rendre directement à The American Girls Club, une pension de famille réservée aux jeunes femmes américaines. Malheureusement, les portes lui seront closes avec une explication simple. Le règlement stipule qu’aucune location n’est possible pour les femmes noires.
Le directeur ne va pourtant pas la laisser sans alternatives. Il va l’aider à trouver une chambre ailleurs. Et va l’orienter vers le sculpteur américain Augustus Saint-Gaudens. Celui-ci lui sera bénéfique à plus d’un titre. Il lui conseillera de développer son dessin, au lieu de se jeter corps et âme dans la sculpture. Il la guidera également vers d’autres professeurs et, avec son appui, elle étudiera l’art dans son ensemble. Patiemment, elle visitera les musées, prendra le temps de suivre des cours à l’académie des Beaux-Arts, et accèdera enfin à la sculpture de modèle vivant durant l’été 1900.
Des rencontres artistiques influentes et décisives
En 1901, elle peut rencontrer Rodin et amène avec elle une pièce dans l’espoir de devenir une de ses élèves. Celui-ci ne restera pas insensible à sa pièce baptisée « man eating his heart » or « Secret Sorrow ». Malheureusement, le maître a déjà trop d’élèves. Mais cela n’empêchera pas Rodin de la conseiller dans sa pratique artistique. C’est grâce à sa manière de mettre en évidence les émotions humaines qu’elle va réussir à alimenter la curiosité de Rodin. Sa démarche consiste à user de la représentation (limite caricaturale) des formes pour représenter des expressions. Les rendez-vous seront assez réguliers pour qu’ils se lient d’amitié. Elle est même présentée dans certains ouvrages comme étant sa protégée. Ce qui n’empêchera pas Rodin de l’introduire à différents artistes.
Durant cette même période, elle fréquentera les intellectuels qui formeront avec elle le groupe Harlem Renaissance. L’un de ses fondateurs, W.E.B Du Bois lui conseillera d’introduire dans son art ses racines afro-américaines. Ne souhaitant limiter son art, elle ne donnera pas de suite positive à cette suggestion, préférant dans un premier temps développer ses capacités à exprimer l’émotion. Cette quête de la recherche du sensible finira par émerger totalement dans ses productions. L’influence de Rodin et surtout sa manière de représenter la figure humaine se percevront dans sa sculpture.
Elle présentera en 1902 une sculpture qui jouera des stéréotypes vis-à-vis des personnes noires, sous la forme d’un visage distordu aux traits grossiers. Elle proposera ainsi une œuvre originale et déjà en avance pour son temps. La presse française va même la qualifier comme étant « la délicate sculptrice des horreurs ». Malgré les critiques, elle affinera son travail et obtiendra la reconnaissance de nombreux professionnels des arts en France.
The Wretched
De retour aux Etats-Unis, l’histoire sera bien différente. Elle a été confrontée aux multiples tensions raciales de son voisinage jusqu’à l’église. Les obstacles à la reconnaissance de son talent seront nombreux. Sous l’influence d’une société violente et raciste, sa sculpture va prendre une tout autre tonalité. Elle intégrera au-delà de ses thématiques une réalité sociale qui lui permettra de témoigner plus efficacement sur son époque. Malheureusement, en 1910 un incendie dans son atelier va provoquer la disparition de plus d’une décennie de travail de sculpture et de peinture. Ce qui explique aussi pourquoi il n’y a pas autant d’oeuvres d’elle que l’on pourrait en attendre. Elle exposera jusqu’en 1961, et permettra à toute une génération d’artistes afro-américaines d’entrevoir la possibilité d’une carrière artistique.
Transmettre pour inspirer et libérer
Comme on peut le voir notamment sur cette image, il est assez simple de mesurer l’importance de la transmission. Combien de femmes afro-américaines ont pu s’émanciper par le biais des arts ? Combien d’entre elles ont fait carrière ? Il semble en tout cas que l’influence de Meta Vaux ne se limitait pas aux sculptrices. Lois Mailou Jones (artiste peintre) rencontrera Meta Vaux qui lui dira ceci : « Si tu veux que l’on reconnaisse ton talent, tu dois aller en France. »
Il faut croire que Lois comprendra bien la nécessité de partir. Elle suivra son conseil et transmettra à son tour à d’autres femmes artistes. Mais ceci est une autre histoire.
Nancy Elizabeth Prophet (1890-1960)
Une femme artiste dont le destin sera totalement conditionné par son genre et sa couleur.
Nancy Elisabeth Prophet partage un point commun avec Edmonia Lewis, puisqu’elle est à la fois descendante afro-américaine et amérindienne. Malheureusement pour elle, sa trajectoire sera moins impressionnante et pour cause. Son talent pour les arts lui permettra d’être la première « femme de couleur » (comme indiqué dans sa biographie) à obtenir un diplôme à la Rhode Island School of Design. Elle y était aussi la seule étudiante de son type. Toutefois les galeristes trouvaient que sa couleur était « inacceptable socialement parlant ». De fait, ils lui interdisaient de poser à proximité de ses œuvres. Il est important de se replacer dans un contexte ségrégationniste. Il faut bien comprendre qu’à cette époque des scientifiques cherchaient à démontrer la supériorité intellectuelle des personnes dites blanches. On ne pouvait donc pas accepter qu’une métisse afro-américaine puisse réaliser des œuvres d’aussi bonne qualité que les autres. On peut raisonnablement dire qu’elle était confrontée à une discrimination raciale d’une grande violence.
L’exil comme seule solution pour échapper aux pressions sociales
Pendant 4 ans, son projet de carrière en tant que portraitiste va se heurter aux violentes réalités sociétales américaines. Suite à cette période, elle décide de partir en France (à Paris entre 1922 et 1934) afin d’obtenir la reconnaissance qui lui était due. Sur place, elle sera l’élève de Victor Ségoffin aux Beaux-Arts de Paris durant les deux ans précédant la mort du professeur. Elle était capable de travailler la terre comme le marbre et toute autre matière utilisée en sculpture à cette époque. Elle exposera d’ailleurs en France, au Salon d’Automne ainsi qu’au salon des artistes français.
Au bout d’une décennie, les conditions de vie sur Paris lui étaient devenues insurmontables. (Par ailleurs il reste aujourd’hui une trace de cette expérience sous forme de journal intime). Elle était obligée de jardiner pour se nourrir, ce qui l’amènera naturellement vers un état de malnutrition. Tourmentée à la fois par sa mélancolie et la précarité, elle réussira quand même à produire quelques œuvres qui aujourd’hui sont conservées dans des musées américains. « Poverty » ou « Prayer » sont les titres d’une seule et même sculpture représentant une femme nue debout avec un serpent qui s’enroule autour de sa jambe. La seconde sculpture « Silence » (seconde image ci-dessous) nous donne déjà la tonalité sur son état d’esprit.
Face aux difficultés sociales et financières, le retour au pays reste la seule solution
Contrainte de revenir dans son pays d’origine, elle ne parviendra pas à s’affranchir des conditions de vie particulièrement difficiles et relatives à la population noire. Malgré cela, elle participera à de nombreuses expositions à New-York, au sein de galeries qui lui reconnaitront un vrai talent dans son travail de portraits. Les nombreux problèmes de discriminations inhérents à la société américaine qu’elle rencontrera ne lui ouvriront pas les portes du destin artistique qu’elle aurait pu escompter. Et son implication dans la fondation du mouvement Harlem Renaissance n’y changera rien. Elle réussira quand même à remporter deux titres : The Harmon Prize for the Best Sculpture en 1929, ainsi que The Richard Greenough Prize en 1932. Elle parviendra aussi à enseigner son art pendant dix ans, au Spelman College à Atlanta.
Malheureusement, la seconde Guerre Mondiale et la politique ségrégationniste vont mettre fin à sa carrière d’enseignante. Sa tentative de revenir sur le devant de la scène prendra fin à cause de son manque de réseau sur le sol américain. Pas assez reconnue pour son art et sans soutiens financiers, elle n’aura d’autres choix que de finir sa vie professionnelle en tant que domestique. L’histoire ne fera pas grand cas de sa vie et de ses œuvres. Elle finira ses jours pauvre et dans l’ombre. Sachez qu’au moment où j’ai commencé à réfléchir sur ce dossier (il y a deux ans), peu de traces iconographiques circulaient, et on ne pouvait trouver que quelques rares images, comme celles ci-dessous.
Cette « tête en bois » fut exposée en France au salon d’automne en 1924.
Cette sculpture n’est pas un autoportrait sur le plan formel. Elle symbolise par contre l’état d’esprit de l’artiste au moment de sa réalisation. Son titre : « Silence », témoigne de la grande solitude dans laquelle l’artiste était plongée.
Un regain d’intérêt pour une artiste sous-évaluée
Néanmoins, depuis peu, les choses ont évolué concernant les productions de cette sculptrice. En effet, vous pouvez avoir accès à une collection de ses œuvres. Et ceci grâce à un travail de restauration et de conservation d’images. J’ai inséré le tweet qui vous donne accès aux ressources. Si vous poussez votre intérêt jusqu’au bout, vous constaterez deux choses. La première c’est que la base de données donne accès à des notices précises des œuvres. La seconde c’est que l’on peut lire clairement des interactions entre les différents artistes et intellectuels de l’époque, comme avec W.E.B Du Bois. Une nouvelle preuve que les artistes afro-américaines n’étaient pas isolées et fonctionnaient en réseau pour tenter de se faire une place dans le monde des arts.
Correction! The Nancy Elizabeth Prophet Collection is part of the Special Collections at James P. Adams Library, and was digitized, restored, and researched by @Digital_RIC https://t.co/x7TqjneT5S pic.twitter.com/lRFwBYnGBT
— JSTOR Forum (@JSTOR_Forum) 19 février 2018
Augusta Savage (1892-1962)
Augusta Savage est considérée comme l’une, si ce n’est la plus importante, des sculptrices afro-américaines. Pour ne pas vous noyer d’informations, je vais comme pour les autres n’évoquer que quelques points clés. Très jeune, Augusta manipulait la terre et réalisait de petites figures en argile. En revanche, son père qui voyait dans la sculpture une pratique pécheresse la désavouait totalement. Il fera tout pour qu’elle se détourne de la sculpture. Loin de se décourager, Augusta travaillera sans relâche pour accéder à son rêve. Elle partira tenter sa chance à New York en 1921 avec des lettres de recommandation. Et surtout, moins de 5 dollars en poche. Le sculpteur qu’on lui avait recommandé (Solon Borglum) ne pouvant la prendre dans son atelier lui conseillera d’intégrer la Cooper Union. Elle réussira à rentrer dans cette école d’un nouveau genre qui proposait des cours gratuits sans prôner la ségrégation.
Le territoire américain : un terreau propice aux inégalités et injustices sociales
Augusta a vécu dans le même contexte historique que celui de Nancy Elizabeth Prophet. Elle sera rapidement confrontée au racisme à l’image de son homologue. Alors qu’elle achève ses études, elle remporte une bourse de financement pour accéder à l’école des Beaux-Arts de Fontainebleau. Il est important de rappeler que cette école bien qu’étant en France était gérée par des américains. Ces derniers apprenant qu’Augusta était afro-américaine mettront leur véto quant à sa possible intégration. Marquée par cette injustice, elle s’investira dans le combat pour les droits civiques. Elle alertera la presse de cette décision qui l’empêchait d’évoluer en tant qu’artiste en France. Un des membres du comité, le sculpteur Hermon Atkins MacNeil qui était le seul en désaccord avec cette décision, lui proposera de travailler avec lui.
Par la suite, les effets de cette campagne de presse lui permettront de rencontrer Henry Ossawa Tanner. Ce dernier, ayant pris connaissance de cette histoire, l’invitera à venir sur Paris. Ce qui permettra à Augusta d’avoir le même mentor que la précédente sculptrice, Meta Vaux Warrick Fuller.
La sculpture « Gamin » est l’une de ses pièces les plus connues.
Augusta va pouvoir pleinement s’accomplir en France, elle fréquentera l’académie de la grande chaumière, par exemple. De retour aux Etats-Unis, elle travaillera à déployer son art aussi bien dans son atelier qu’en donnant des cours.
En 1925, Augusta Savage obtient une bourse de l’Académie royale des Beaux-Arts de Rome. Malheureusement, faute de moyens elle ne peut y accéder. Les années suivantes seront plus fructueuses pour elle. Grâce notamment à différentes collectes de fonds et de bourses, elle parvient à partir étudier à Paris. D’un atelier de Montparnasse à la grande chaumière, elle réussira à parfaire son apprentissage. Elle étudiera avec le sculpteur Charles Despiau et remportera des prix dans des salons parisiens. Comme beaucoup d’artistes, elle voyagera en Europe aussi bien en France qu’en Belgique et en Allemagne pour compléter sa formation. De retour aux Etats-Unis, elle deviendra la première femme afro-américaine à faire partie de l’Association nationale des femmes peintres et sculpteurs. Elle ouvrira son premier studio à Harlem qui est depuis inscrit au patrimoine. Elle rejoindra ensuite le centre d’art communautaire de Harlem, un espace qui sera fréquenté par plus de 70 000 personnes au cours de ces 16 premiers mois d’existence. On y retrouvera de nombreuses jeunes pousses artistiques devenues plus tard des artistes reconnus à l’international.
Concernant sa sculpture « la Harpe », c’est suite à sa sélection pour l’exposition universelle de 1939 à New York qu’elle sera réalisée. Cette production en plâtre sera détruite en fin de salon. Malgré le succès rencontré auprès du public pour sa sculpture, Augusta n’a pas les moyens pour en faire un bronze ou la conserver. Elle n’a eu d’autres choix que de voir sa sculpture détruite en fin de foire.
Une reproduction de cette sculpture était visible durant l’exposition du Quai Branly « Color Line »
Une petite vidéo vous permettra de voir la sculptrice en pleine pratique de son art. Cet extrait était aussi diffusé durant l’exposition « Color Line ».
Augusta Savage finira sa vie en partie oubliée de tous, malgré l’ensemble de son travail. Ce n’est que tardivement (39 ans après sa mort) que son nom rentrera dans l’histoire, par l’inscription de sa demeure et de son studio au registre national des lieux patrimoniaux. Ses sculptures ne bénéficient pas d’une grande traçabilité et restent assez rares en exposition.
Selma Burke (1900-1995)
L’importance d’une solide éducation
Diplômée en 1924, Selma Burke entame une carrière d’infirmière à Philadelphie. Parallèlement, elle nourrit l’espoir de devenir un jour artiste. Différents soutiens l’encouragent à poursuivre son rêve. Mais la priorité familiale a toujours été l’éducation. En ces temps difficiles, personne ne croyait vraiment que l’on pouvait vivre de son art. Tous les membres de sa famille étaient diplômés. Sa propre mère est entrée à l’université à 75 ans.
C’est donc grâce à son statut d’infirmière qu’elle financera ses premiers cours d’arts plastiques. Pendant 4ans, un poste d’infirmière privé va lui permettre de partager son temps avec des activités artistiques. C’est la mort de l’héritière dont elle s’occupait qui va orienter sa vie professionnelle vers New York. En 1935, la carrière artistique de Selma Burke va commencer. Peu de temps après son arrivée, sa rencontre avec Claude McKay va lui permettre de rencontrer bon nombre d’intellectuels du mouvement Harlem Renaissance.
Un talent qui ne va cesser de croître
Ses travaux personnels sont remarqués en 1935 et lui permettent d’obtenir une bourse de la Fondation Rosenwald. Elle effectuera son premier voyage en Europe grâce à celle-ci. Elle en fera un second avec l’artiste Hans Boehler. Elle va nouer avec lui une relation affective dans un premier temps puis amicale. Ils voyageront en Europe et notamment en Autriche, le pays d’origine de Hans. Elle lui servira de modèle pour ses dessins comme pour ses peintures. Il la dessinera dans un style proche de celui d’Egon Schiele. D’ailleurs, certains dessins de nus démontrent aussi bien l’influence du peintre dans le style que la liberté que pouvait ressentir Selma loin des Etats-Unis.
Travailler encore et sans relâche
Son second voyage en Europe l’amènera naturellement dans plusieurs destinations dont Paris. Elle y rencontrera des auteurs comme Henri Matisse ou encore Maillol. Ce dernier sera certainement le plus influent dans son apprentissage artistique. La montée du nazisme la poussera à retourner aux Etats-Unis. Cependant, elle aura le temps de sculpter une figure emblématique en réponse au développement du courant nazi. Par le biais de diverses influences, elle développera un style personnel et une habileté rapidement reconnus. Elle sera engagée par Augusta Savage pour enseigner dans le Centre d’art d’Harlem.
Je pose ici cette photo juste pour indiquer qu’il existe une source documentaire montrant une artiste afro-américaine devant son autoportrait, avant les années 80. Si un jour vous observez cette omission, vous pourrez légitimement vous questionner.
Lorsque la seconde Guerre Mondiale éclate, Selma Burke n’hésite pas à s’engager dans la marine. Elle deviendra une conductrice de camion militaire. Les raisons de son engagement sont claires. La publication du journal the New Pittsburgh Courier est sans équivoque «I felt that during the war artists should get out of their studios» . Autrement dit : « pendant la guerre, les artistes devaient sortir de leurs studios ». Blessée au dos, elle se retrouve à l’hôpital en 1943. Là-bas elle entend parler d’un concours pour créer un portrait du président Roosevelt. Sélectionnée, elle comptait dessiner d’après photo. Pourtant, elle écrit au président et obtient la possibilité de se rendre à la Maison Blanche.
Peu importait leur talent, tous les artistes afro-américains étaient niés
Aux États-Unis ce ne sont pas les cas d’injustices professionnelles qui manquent. Pourtant, celui-ci est devenu un cas d’école. Le bas relief qu’elle a fait du président sera dévoilé au public en 1945. Celui-ci sera repris par le graveur John R. Sinnock. Il transposera l’œuvre sur la pièce de dix cents. Bien que tout le monde s’accorde pour reconnaître l’influence de la sculptrice, à aucun moment Selma ne sera citée en référence. Elle ne sera même pas mentionnée pour son influence sur le portrait. Un signal plus que clair de la mentalité américaine vis-à-vis des artistes afro-américains à ce moment-là.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Selma ne s’inclinera pas face au système américain. Puisque les limites pour les afro-américains sont établies, elle va créer deux centres d’arts : « the Selma Burke School of Sculpture » à New-York en 1940. Ainsi qu’un second centre « the Selma Burke Art Center » à Pittsburgh de 1968 à 1981. Celui-ci apportera une réelle dynamique artistique à la ville de Pittsburg. Ville dans laquelle elle finira ses jours.
Une longue liste d’artistes attendant leur heure de reconnaissance
Un nombre conséquent de femmes artistes patiente en attendant une mise en lumière. Avec comme dernier exemple Elizabeth Catlett qui était à la fois sculptrice et graphiste. Bien qu’elle soit née aux États-Unis, elle a eu l’opportunité de partir exercer au Mexique. Pendant 20 ans, elle travaillera à l’atelier graphique populaire. Puis à partir des années 50, elle deviendra responsable du département de sculpture de l’école nationale d’arts plastiques. Dans son parcours, on ne s’étonnera pas de la présence de personnalités des arts. Lois Mailou Jones qui est l’une des artistes femmes les plus influentes des années 30 lui enseignera, comme d’autres, au sein de l’école.
On remarquera sa volonté à soutenir la création avec le fond qui porte son nom. En effet The Elizabeth Catlett Mora Scholarship Fund permet de soutenir les latinos et les afro-américains dans leurs études artistiques. L’une de ses sculptures était aussi présente lors de l’exposition « Color Line » au quai Branly.
Standing Woman
Conclusion
Il est possible de découvrir au quotidien de multiples artistes. Il serait donc illusoire de chercher à toutes les citer en un seul article.
Inge Hardison ou encore Barabara Chase Riboud, voilà d’autres figures que j’aurais pu présenter ici. Pourtant, en imaginant les centaines de femmes qui ont pu bénéficier de l’instruction des pionnières précédemment citées, on imagine aisément le nombre de talents cachés sur le seul territoire américain. Et n’oubliez pas que je ne me suis focalisé que sur la sculpture.
Je souhaitais avec cet article publier un extrait de mes recherches personnelles. Et par la même occasion ouvrir une voie de réflexion pour d’autres.
Bon nombre d’artistes et d’amateurs d’art s’interrogent sur la vie et les interactions entre artistes du 19e et du début du 20e siècles. Quand on se définit comme critique d’art ou artiste professionnel on se doit de plonger dans l’Histoire, de s’imprégner du contexte historique et d’analyser des pièces sur de multiples plans. Lorsque vous feuilletez des ouvrages d’art, quand vous constatez des absences, c’est votre passion et votre curiosité qui prennent naturellement le relais. A la suite de mes interrogations, j’ai cherché à y répondre en consultant bon nombre de documents rédigés en anglais.
Les sources françaises sont malheureusement trop rares sur le sujet. Et sachez que j’ai pris beaucoup de temps à vérifier des informations qui se sont avérées erronées.
Il y a beaucoup à dire sur la vie de ces femmes. J’ai volontairement limité par exemple la présence (positives et négatives) des hommes et des mécènes de tous types. Les interactions sont trop nombreuses pour être toutes présentées ici. Je n’ai même pas abordé la notion de valeur des œuvres. Malgré la qualité et la rareté des pièces, la cote est beaucoup moins importante pour une artiste afro-américaine. Et si vous pensez que lire l’histoire de ces quelques femmes était trop long, gardez en tête que je me suis restreint. Alors qu’il y en a d’autres qui ont aussi apporté à l’art et aux combats civiques.
Dépassons les clichés en embrassant simplement l’Histoire.
Les français sont profondément marqués par une artiste afro-américaine : Joséphine Baker. Et malheureusement nous connaissons la première image qui leur vient en tête : celle d’une femme noire qui danse à demi-nue. Je ne blâme pas l’imaginaire collectif. Je constate simplement qu’il est « mal » alimenté. Pour mémoire, j’ai vu Joséphine au Musée d’Art Moderne de Paris, à la sortie d’une exposition en 2012 (!) sur l’auteur de comics Crumb. Un jeu vous permettait de la faire danser sur un écran géant avec sa ceinture de bananes… allons-nous continuer à croire encore longtemps que de grands artistes afro-descendants se limitent à des danseurs brimés en bon sauvage ?
Les films « Chocolat » et « Vénus noire » m’ont interpellé sur un point. Où sont les films français qui célèbrent des personnages noirs influents ? Est-il si difficile de mettre en lumière leur implication dans le développement culturel de la France ?
Quelques productions existent pour des personnages «ineffaçables». « Le chevalier de Saint George » en est un illustre exemple. Cependant, rien de bien exceptionnel n’existe sur le sujet. Pourquoi toujours raconter l’histoire d’un Rodin sous l’angle d’un monstre destructeur ? Alors qu’il a influencé positivement bon nombre d’artistes. Et notamment une sculptrice, interdite de résidence dans une pension américaine sur Paris.
Pourquoi ne pas rappeler dans un « blockbuster » aux américains que la France a célébré le talent d’Henry Ossawa Tanner ? Alors qu’au même moment des lynchages et surtout des croix enflammées éclairaient des cagoules taillées en pointes ? La France a accueilli de nombreux artistes afro-américains qui recherchaient un espace de liberté. En d’autres termes, un lieu où leur talent ne subirait pas une désapprobation en fonction de leur couleur de peau. Qu’attendent les producteurs pour en parler ? Qu’attendent les commissaires d’expositions pour les présenter ?
Des femmes artistes, bien plus militantes qu’on ne le croit.
Au fur et à mesure de mes recherches, j’ai pris conscience de l’importance des rencontres, ainsi que le brassage des mouvements qui ont créé un multiculturalisme de fait au sein des ateliers. En définitive, je pense qu’à la lecture de ses différentes histoires on peut en retirer quelque chose d’inspirant. Malgré tous les obstacles que ces femmes afro-américaines ont pu rencontrer, elles se sont battues de toutes leur forces, souhaitant que leur art et surtout leurs droits soient reconnus au même titre que celui des hommes. Certaines se sont rattachées à des mouvements, dans l’objectif de résister aux pressions sociales, politiques et raciales. Mais elles ont fait front commun au nom de la création artistique au sens large.
Elles ont posé les jalons de combats féministes et de luttes complémentaires. Et ceux-ci se perpétuent encore aujourd’hui au-delà des frontières américaines. Lorsque ces artistes ont accédé à des institutions verrouillées, elles ont ouvert la voie aux femmes afro-américaines. Mais aussi à toutes les personnes qui étaient jugées inaptes parce qu’elles ne correspondaient pas aux normes établies. C’est à nous qu’il appartient maintenant de ne pas oublier ces combats et d’honorer des mémoires en travaillant à la diffusion de l’Histoire dans sa globalité et dans toutes ses nuances.
Pour aller plus loin :
Harlem Renaissance, cliquez ici
Meta Vaux Warrick Fuller, cliquez ici
Le journal de Nancy Elizabeth Prophet scanné est disponible en ligne, cliquez-ici
Bricktop’s Paris : African American Women in Paris between the Two World Wars, cliquez ici
article passionnant, merci beaucoup Antoine pour toutes ces longues recherches qui nous apprennent plein de choses et nous poussent à aller de l’avant !
Delphine
Merci Delphine, je pense et je reste convaincu que l’on peut trouver une énergie créatrice à travers l’histoire de l’art. C’est à nous d’apprendre à la transposer dans nos propres oeuvres 😉
Bonjour,
Je vous remercie pour cet article très instructif et bien écrit, ça m’a donné envie d’en savoir plus de mon côté !
Ludivine