La créativité au service de la société : L’emploi 4


  

hand© copyright image : Antoine Titus

 

 

Comment la créativité pourrait s’insérer dans notre société française afin de développer de nouveaux services, de nouveaux emplois et surtout de nouvelles pistes de réflexion sur les usages et les envies des citoyens français ? Vaste programme me direz-vous, mais après tout si chacun exposait ouvertement ses observations et ses ambitions pour le pays peut-être que celui-ci s’en porterait mieux.

 

C’est par un étrange hasard de calendrier, alors que j’écrivais des idées sur le sujet de l’emploi, qu’une discussion courte et infructueuse m’a amené à vous écrire cet article. En effet, il y a peu de temps alors que je cherchais à me renseigner sur l’avenir professionnel d’une connaissance, celle-ci a tenu un discours qui m’a vraiment étonné. Je vais à nouveau reposer des bases qui, à mon avis, sont nécessaires pour bon nombre d’entre nous. Avant toute chose, quand vous êtes dans une situation difficile, respirez. Respirez même une minute mais faites-le vraiment profondément. Une fois que ceci est fait, si vous êtes confrontés à des difficultés d’ordre professionnel, posez-vous cette récurrente mais importante question :

 

Qu’est-ce que je veux vraiment ?

 

Je perçois toujours avec une forme d’étonnement que bon nombre de personnes vivent encore dans un système de pensée où elles se sentent comme prisonnières d’un emploi. La France, ce doux pays formidable, nous offre la possibilité de nous former (aux frais de notre employeur), de faire des pauses dans nos carrières (année sabbatique) et, miracle, de travailler dans n’importe quelle région de France métropolitaine et d’outre mer en conservant tous nos avantages sociaux. A condition d’être né ici, bien entendu. Il n’y a aucune guerre sur notre immense territoire, aucune frontière (mis à part celles d’ordre psychologique) nécessitant d’obtenir des visas de travail. Et tellement d’autres avantages que je n’ai nul besoin d’en citer plus ici.

 

Quand vous vivez une vie artistique, vous devez faire face à toutes les formes d’émotion, les bonnes comme les mauvaises. Vous n’avez pas d’autres choix que de laisser transpirer tout ce qui vous traverse, quitte à détruire vos productions au bout d’un temps pour tout reprendre à zéro par la suite. Par contre, malgré toutes ces difficultés, ce qui fait partie de votre quotidien ou plutôt de votre cheminement, c’est que vous devez réinventer votre emploi en permanence. Si vous avez du mal à imaginer une vie comme celle-ci, demandez à un tireur photographique ce qu’il pense de Photoshop. Des années de labeur, d’apprentissage et d’expériences qui s’effacent en quelques clics sur une station de travail numérique. En passant de la chimie à la technologie numérique, il n’y a pas que les cheminées d’usines que l’on a détruites. En l’espace d’une décennie, le secteur de l’image s’est effondré sur un incalculable nombre de professionnels qui sont passés de propriétaires de laboratoires photographiques au statut de vendeur de carte mémoires en grande surface. Je n’ai pas d’exemple plus fort que celui-là pour vous démontrer l’importance de la veille et de la formation continue.

 

Une vie d’artiste c’est une vie de bohème dans la croyance populaire mais c’est avant tout une vie sans repos pour des cerveaux en constante effervescence. Outre le fait que vous devez être capable d’exprimer ce que parfois des mots sont incapables de décrire, vous devez vivre avec cette incroyable machinerie qui analyse en permanence et recompose d’incalculables réalités. La facilité étant devenue un adjectif banni de votre vocabulaire, il faut en permanence assurer un double emploi avec une administration digne d’une BD d’Astérix si vous souhaitez monétiser le peu de travaux que vous estimez aboutis. Ce n’est pas pour rien que le statut d’artiste indépendant nous permet d’embaucher un salarié. Voyez vous-même, un sculpteur devra à la fois exercer et trouver de nouvelles pistes pour vendre et créer ses pièces ; trouver des professionnels compétents pour des prises de vues de ses œuvres ; constituer une documentation viable pour des monographies ; trouver un écrivain pour mettre en écrit ses théories et rédiger ses textes artistiques. Le nombre d’assistants peut rapidement croître avec votre activité et la transformer en micro entreprise.

 

Bien entendu, de nombreux sculpteurs arrivent à parfaitement gérer cet aspect de leur activité. Ils s’offrent même la possibilité de vivre grâce au concours pour les grands travaux, par exemple. Ils peuvent alors s’autoriser des pièces monumentales et donc des revenus ponctuels à échelle variable mais confortables. Ils arrivent aussi à vendre plusieurs exemplaires d’une même sculpture à différentes échelles. Mais les professionnels le savent, les frais sont parfois colossaux (comme les défis techniques) en sachant qu’en fonction de votre matière et de votre fondeur les tarifs de réalisation varient considérablement. Dans cet exemple, je n’ai même pas abordé la spécificité de certains artistes à travailler avec différentes matières dont certaines nécessitant des appuis techniques. Un peintre devra accomplir à peu près les mêmes tâches avec quelques nuances, comme remplir des dossiers toute sa vie pour trouver des résidences artistiques, des expositions, des mécènes, des galeries, etc… La charge de travail est double pour les auteurs qui doivent assurer plusieurs casquettes afin de gagner leur liberté (et leur vie) sur la durée.

 

Ne pensez pas que par ces exemples je cherche à créer un fossé entre artiste et salarié ou à hiérarchiser des types d’artistes. Je crois qu’il est simplement nécessaire de rappeler qu’un artiste qui s’insère dans un cadre professionnel gère tout ce qu’un employé n’aura jamais à voir : l’administratif et la communication. Un artiste cotise comme n’importe quel salarié d’entreprise, sans pour autant bénéficier du même régime de retraite. Il faut en souscrire un autre de manière complémentaire. Il n’y a pas de prime à l’emploi au bout de x heures de travail, sauf si vous êtes dans les industries graphiques. Et, depuis peu, nous avons le droit à la formation avec un catalogue précis et limité… champagne ! Les salariés français sont souvent dans la revendication, à juste titre, mais ils oublient assez rapidement qu’aucune entreprise n’est infaillible et que de nombreux emplois sont voués à disparaître. Notre modèle économique global est lié à la consommation illimitée pour ne pas dire de masse. Malheureusement, nous embrassons l’ère de la décroissance… c’est l’évolution. Cela n’est certes pas réjouissant pour tout le monde, mais cette tendance est inhérente à notre modèle industriel.

 

L’avantage des artistes c’est qu’ils vivent dans la petite série ou la pièce unique. Leur rythme de vie en est grandement différencié pour le coup. Leur perception du monde d’autant plus : pas de surproduction, de grèves ou de défilés pour revendiquer. Le temps est si précieux qu’il faut le mettre à contribution dans des projets viables et porteurs de sens. Même si l’isolement et la solitude font partie intégrante de ce métier, ceux qui ont gardé les yeux (et l’esprit) ouverts ont survécu au tsunami numérique, par exemple. Que ce soit dans la photographie ou dans d’autres secteurs, les artistes se sont toujours adaptés. A l’époque déjà, Paris était trop cher pour les artistes qui avaient besoin de surface. Certaines « écoles » se sont formées dans la banlieue via les migrations d’artistes, notamment dans le 92 pour ne pas le citer. Il y a toujours de bonnes nouvelles dans les pires annonces. J’aimerais rappeler que dans les dix ans à venir de nombreux métiers qui n’existaient pas il y a une décennie seront créés. Aujourd’hui déjà, on parle de Community Manager. Si vous en avez croisé un dans les années 90 faites-moi signe.

 

Envisagez de vivre une autre réalité à la manière d’un artiste

 

La créativité est une discipline qui vous permet, et cela peu importe votre métier, de poser les bonnes questions et de vous offrir les bonnes réponses. Vous perdez un emploi dans le secteur tertiaire payé au Smic en Île-de-France, pourquoi ne pas le chercher dans une autre région ? Sans partir au Burundi, vous pouvez vous déplacer dans une autre région avec la même base salariale et acquérir une meilleure qualité de vie. Si, si c’est possible ! J’insisterai toujours sur ce fait : il y a une vie après le « périph », il vous restera même de la monnaie pour investir dans l’art ou revenir régulièrement profiter d’expo dans la capitale. Au cours d’une discussion entre amis, je m’étonnais justement de la valeur immobilière de certaines propriétés dans la région Toulousaine. Je n’arrivais pas à croire que des biens pouvaient être aussi accessibles. Quand vous avez toujours vécu en Île-de-France (attention private joke) les frais d’un appartement Toulousain vous apparaissent toujours comme une blague marseillaise. Allons au delà de ces évidences (avant qu’on ne me le reproche) pour se concentrer sur d’autres points.

 

Pourquoi les Français ne sont-ils pas enclins à user de la créativité pour faire évoluer leur situation professionnelle ?

Pourquoi l’usage d’un accompagnement n’est-il pas entré dans nos meurs ?

 

Se faire accompagner par un spécialiste alors que vous êtes salariés est totalement envisageable, et je ne parle pas d’un rendez-vous informel sans objectif professionnel. D’autant plus que peu importe que vous soyez artiste ou fonctionnaire vous devez, dans un premier temps, être capable d’identifier votre savoir faire. Par la suite, vous établirez différentes aspirations professionnelles et personnelles. Enfin, vous les associerez pour observer si elles sont compatibles avec un environnement et une activité viable et favorable à votre épanouissement socio-professionnel. Vous pouvez assez facilement défendre une ambition, un projet avec un accompagnateur qui vous guidera pour sortir de la situation d’enfermement dans laquelle vous vous sentez piégés.

 

L’information est à la base de toute évolution

 

Par l’intermédiaire de cette (non moins décriée) structure que l’on appelle Pôle Emploi, vous pouvez demander une aide à la formation dans n’importe quelle région. Si vous n’êtes pas pris en charge, vous pouvez encore rebondir sur une structure régionale pour obtenir un financement. Je vais écrire une phrase qui va sans aucun doute déplaire à des personnes en situation de recherche d’emploi, mais on ne m’ôtera pas l’idée que l’une des raisons à la crise de l’emploi en France est surtout liée à un défaut d’information et de formation continue.

 

Les salariés disposent d’un Droit Individuel à la Formation (DIF). Quelle chance ! Les artistes, eux, ont un « devoir » d’auto-formation continue, vous voyez la nuance ? Si vous êtes dans une situation de blocage, que vous soyez employé ou non, c’est peut-être aussi parce que vous n’avez pas la bonne information. On parle sans cesse de réseaux et d’aides de toute nature mais, sans les connaître, il ne serait pas inadapté de comparer cette situation à une ballade en mer sans boussole. Et la créativité dans tout ça ? Justement elle est au cœur de cet immense chantier de l’emploi français. Si vous n’avez pas d’emploi ou si aucun emploi présent dans votre région ne semble correspondre à vos envies… créé le ! Je vous ai parlé précédemment de ces professionnels qui peuvent vous accompagner, à vous d’en choisir un qui sera en adéquation avec votre état d’esprit. Je vois continuellement sur la toile des personnalités créer leur activité en passant d’un statut (auto-entrepreneur) à un autre (SARL) Pourquoi pas vous ? J’ai rencontré au cours des trois dernières années de trop nombreux entrepreneurs pour croire en une impasse sociale.

 

Vous êtes chargé du secrétariat dans une société où l’ambiance est glaciale. Vous rêvez de changer de société mais pas de poste et ma démonstration ne vous a pas convaincu ? Avez-vous pensé au travail à distance ? A la possibilité de travailler pour plusieurs entreprises à la fois en indépendant ? A vous former à l’encadrement de personnel ou encore à faire reconnaître votre expérience grâce à cet outil que l’on appel V.A.E ?

 

Les pistes que j’ai précédemment évoquées font partie, pour beaucoup, d’un lieu commun. Si ma prise de position pour l’accompagnement est sans faille, ce n’est pas dans l’objectif de vous vendre un service mais pour plusieurs raisons assez simples et évidentes, une fois mises bout à bout :

 

Vous construisez un avenir professionnel à votre mesure

 

Vous gagnez en qualité de vie sociale et professionnelle

 

Vous gagnez du temps au lieu de le voir passer

 

Vous bâtissez une sphère personnelle plus solide face aux aléas de la vie

 

Vous vous impliquez dans un acte créatif qui valorisera votre activité et votre parcours quel qu’il soit

 

Imaginons le profil d’un livreur en Île-de-France payé à la livraison de colis mais passionné de chevaux. En créant un service de livraison écologique qui mêlerait sa passion équestre dans une commune proche mais mal desservie, il aura une sensation de bien-être et une qualité de vie bien plus grande que dans le précédent service de livraison qui l’employait. A la lecture, tout cela paraît évident. Pourtant, combien sont ceux qui viennent s’entasser en ville pour effectuer une tâche qu’ils pourraient accomplir n’importe où ailleurs ? Une jeune entrepreneuse américaine effectue son service de restauration rapide dans un camion. Pourtant, la queue pour obtenir son hamburger peut vous amener à faire une heure de file d’attente. Ce modèle n’est-il pas transposable dans d’autres villes ? Qui sait, peut être que cette jeune entrepreneuse planche déjà sur une chaîne de restauration d’un nouveau genre.

 

Cela fait des années que j’entends parler de la décentralisation des activités, mais j’ai la sensation que personne ne souhaite la mettre en pratique. Cela fait des années que j’entends parler de coaching mais bon nombre de personnes pensent que l’on parle de sport… Combien d’années encore faudra-t-il attendre pour que les français considèrent que toutes les activités, qu’elles soient d’ordre artistique ou non, ne s’improvisent pas. Certaines difficultés d’épanouissement peuvent se résoudre concrètement par une prestation bien ciblée, sans pour autant que vous ayez l’impression d’hypothéquer une maison pour y accéder. Si vous sentez que vous êtes dans une impasse professionnelle, n’ayez plus peur de faire appel à un coach ou un accompagnateur. Si vous hésitez encore, posez-vous cette dernière question :

 

Quand vous tombez malade, combien de temps attendez-vous avant d’aller voir un médecin ?

  

J’ai la chance de côtoyer de nombreux professionnels qui, chacun dans leur domaine, sont susceptibles d’aider n’importe quel profil. Voici ma sélection :

 

Céline Boura : http://www.leluxedetresoi.com Une femme qui est capable d’accompagner aussi bien une illustratrice qu’un chef d’entreprise. J’aime son approche de l’accompagnement et sa formation qui prend soin de mettre en valeur ce qui est le plus souvent caché au sein de vous. Son blog est mis à jour régulièrement. Vous y découvrirez de nombreuses interviews en textes et en images. Profitez-en, certains profils sont inspirants et encourageants.

 

Annie Chaperon : http://mapetiteentrepriseenmieux.fr Tout est dans le titre ! J’aime sa façon d’aborder sereinement les problèmes, de les mettre à plat et d’offrir, depuis peu, un accompagnement personnalisé sur l’année. Son blog est alimenté régulièrement en expériences et points de vue sur la situation actuelle. De quoi s’informer et rester connecté aux réalités de l’entreprenariat en France.

 

Yves bonis :  http://www.yvesbonis.fr Ce que j’aime chez Yves c’est qu’avec sa nature optimiste il pourrait vous convaincre de vous lancer dans l’hôtellerie spatiale. Au-delà de l’humeur, il y a la compétence et les idées qui se transforment naturellement en service. Son blog recèle de pistes pour tous, même pour les amateurs curieux.

 

Il y a de nombreux professionnels compétents sur la toile, ces trois là ont en commun de partager une vision orientée vers la cohérence et la promesse du respect de votre personnalité. Pourquoi s’en priver ?

 

 


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4 commentaires sur “La créativité au service de la société : L’emploi

  • axlreznor

    Excellent article ! Très inspirant ! Vous parlez de coaching, je me demandais si c était l une de vos activités et auquel cas, par quels moyens pouvait on accéder à vos conseils et sous quelle modalités ?

    • Antoine Titus Auteur de l’article

      Bonjour et merci pour votre commentaire. Je vais vous adresser un email au sein duquel vous obtiendrez les réponses à vos questions. Cordialement

  • PIERRE VANDIER

    Et si les organismes  » Editeurs ect…  » se diversifiaient eux aussi , c’est dans leurs logiques ! ne fait pas pas à autrui ce que tu n’aimerais
    pas qu’on te fasse .
    Editer les BD en planches pour le net : présentation , fonction , éducation ect… . comme une vidéo .
    Créer dans la partie qui vous tient le plus à coeur , on fait bien ce que l’on aime !