Imaginez-vous sous une pluie battante, avec un temps à ne pas laisser un chat dehors. Bravant ainsi les mauvaises conditions climatiques et une température sibérienne (oui oui au moins 5°!), j’ai entrepris de vous ramener des images de la dernière exposition d’Olivier Ledroit. Que dire si ce n’est que c’est la troisième fois que je vais à la rencontre de cet auteur dont le talent dépasse nos frontières. Assurant la mise en images de son deuxième tome intitulé « Wika et les Fées Noires » il nous replonge dans un monde où les couleurs sont une nouvelle fois à l’honneur. Avant d’aller plus loin, assurez-vous d’avoir bien lu les articles des précédentes éditions. Il est toujours bon d’être à jour et puisqu’il faut se faire plaisir aux yeux, trois articles valent toujours mieux qu’un seul. Voici donc le lien pour l’expo « Wika » de 2014 cliquez ici, et le lien pour l’expo « Fées et amazones » de 2015 cliquez ici. Une fois vos données sur l’artiste mises à jour, je vous laisse le soin de découvrir les nouvelles planches exposées cette année.
Une vision globale permet toujours de s’apercevoir de la taille des œuvres. Ici, vous constaterez comme souvent qu’une toile monumentale vient sceller une présentation soignée.
La luminosité des planches de Ledroit est un lieu commun qu’il n’est même plus nécessaire de rappeler. On s’attachera donc à se laisser porter par une composition qui, à chaque planche, prend des chemins inattendus. Dans l’image qui suit les engrenages graphiques se confondent avec les engrenages réels. Technique largement éprouvée depuis quelques temps, mais qui fonctionne toujours autant.
Il ne faut pas hésiter à se rapprocher si l’on veut comprendre jusqu’où l’auteur est capable d’aller pour donner du volume à sa planche. Vous pouvez passer à coté de détails comme celui-ci, si vous survolez le dessin qui vous est présenté.
Une arme a fait son apparition cette fois-ci, et montre ce que pourrait donner des productions de l’artiste en volume. Une tendance que l’on voit de plus en plus au sein des expositions. Il faut croire qu’avec le temps, l’envie de voir physiquement ses productions gagne tous ceux qui réalisent des œuvres depuis longtemps.
Les planches bénéficient à nouveau d’un traitement où la composition fusionne avec le système de narration. Ainsi le décor se fond dans les cadres qui découpent des scènes, nous permettant de passer d’une phase dynamique à une autre, plus contemplative.
Les personnages bien connus depuis le premier tome sont toujours dessinés avec le même soin, et gagnent en mise en valeur sur de nombreuses planches. Dans l’ensemble, on s’accordera tous à voir que le spectaculaire l’emporte souvent sur le coté narratif.
L’immense toile qui faisait office de pièce maitresse cette année était tout sauf décevante. Tout était parfaitement maitrisé sur cette illustration qui a bénéficié de plus d’attention que n’importe quelle autre œuvre. Cela se remarquait surtout par un travail (non visible à l’image) de couleurs qui dévoilait des subtilités de dégradés et d’ombrages du plus bel effet. La composition en X et la taille imposante des personnages lui ont permis de positionner un luxe de détails jusqu’aux multiples personnages qui s’organisent dans la partie basse de la peinture. Si vous prenez un peu de recul, vous remarquerez aussi que l’une des forces de Ledroit consiste à constamment jouer de la couleur, de la plus claire à la plus sombre. Ainsi la base lumineuse vous amène vers le haut d’une toile plus foncée.
Si on en vient à souvent évoquer Jerôme Bosch dans l’oeuvre de Ledroit c’est aussi parce qu’il est capable de délivrer une succession de détails, quitte à ce que sa planche BD n’en soit plus vraiment une à la fin. Les canons classiques de la BD ne conviendraient pas à ce type de sujet et c’est pour notre plus grand plaisir qu’il s’absout de ces règles.
Si une planche peut contenir de nombreuses cases et de nombreux éléments bourrés de détails, elles sont souvent réhaussées à l’aide d’un petit quelque chose qui donne à la planche ce petit plus, facilement identifiable. Comme ici, où l’utilisation des plumes de paon amène encore plus de couleurs à un ensemble déjà assez riche.
Cet autre tableau avait la particularité d’amener une facture plus marquée et moins fine que le reste des créations. La base elle-même se composait de nombreux morceaux de papiers collés les uns sur les autres. Cela avait pour effet de marquer le dessin avec une sorte de texture étendue sur la totalité du tableau.
Les nombreux collages de papiers variés laissent légèrement apparaitre leur origine, pour peu que l’on s’approche suffisamment de la toile pour les voir.
Olivier Ledroit a pris l’habitude de s’essayer à différentes techniques et différents formats. Dans un tableau comme celui-ci, on reconnaitra un travail de matière aperçu dans un autre tableau, qui évoquait déjà une référence forte à Klimt. On découvre donc à travers cette toile un jeu d’accumulation d’éléments dans la partie inférieure droite qui vient contrebalancer la partie supérieure gauche beaucoup plus vide. L’effet « Ying et Yang » est accentué autant par le travail des noirs du corps de l’homme, que par le décor doré qui illumine l’ensemble du tableau. Les ajouts de matières textiles et autres pièces ajoutées viennent signer une identité graphique qui s’affine et s’ancre, année après année.
Vous avez donc jusqu’au 6 décembre pour découvrir ces merveilles au sein de la galerie, avant qu’elles ne rejoignent les murs de collectionneurs privés. N’hésitez pas et faites-vous plaisir, les beaux moments ne sont pas à négliger parait-il ces derniers temps 😉
Voilà un travail très riche! j’aime beaucoup l’atmosphère qui enveloppe ces productions.