Le Crédit Municipal de Paris propose jusqu’au 13 janvier une exposition gratuite sur la thématique des Sneakers. Le titre exact de l’exposition est d’ailleurs Sneakers, Objets de désir. Pour vous convaincre de la capacité de ces produits à attiser toutes les convoitises, ce n’est pas moins de 200 paires de Sneakers qui sont exposées pour vous permettre de découvrir une variété de modèles qui oscillent entre rareté et exubérance. Des œuvres d’art réalisées spécialement pour l’occasion viennent compléter une collection riche de surprises qui permettra à n’importe qui de se faire une opinion sur le sujet.
Phil Van Duynen
Des tableaux dignes d’illustrations de musées d’histoire naturelle tentent de rapprocher l’esthétique des chaussures à des animaux carnivores. Phil Van Duynen est un habitué de la manipulation d’images et, que ce soit ici ou sur son site, vous pouvez observer que son goût pour la juxtaposition a le don de produire des images curieuses mais pas sans intérêt.
Pierre Yves Renkin
Pierre Yves Renkin est un taxidermiste de grande renommée qui a créé une œuvre spécialement pour l’exposition. Comme vous vous en apercevez, cette exposition a la particularité de faire se côtoyer de grandes curiosités et des Sneakers de collection. Ici, l’animalité de la chaussure fait écho au travail précédent. Et quitte à vouloir donner vie aux chaussures, autant leur donner un aspect aussi surprenant qu’improbable.
Freehandprofit
Transformer des Sneakers en masques et développer toute une identité graphique autour est une pratique courante pour Gary Lockwood dont le pseudo est Freehandprofit. Il était possible de voir deux de ses réalisations et ainsi voir l’ampleur du travail nécessaire à la recherche d’assemblages qu’il effectue pour leur donner une esthétique originale. L’influence du milieu du Hip-Hop dans son travail est clairement perceptible. Que ce soit dans les choix de mise en scène de ses créations ou encore le choix de la forme du masque qui reprend l’aspect du masque à gaz. Celui-ci est en effet couramment utilisé par les street artistes lors de la création de graffs, par exemple. Un simple coup d’oeil aux photos ci-dessous viendra confirmer mon propos, et si vous avez la curiosité d’en voir plus, il vous suffit de cliquer ici.
Le niveau de personnalisation d’une paire de Sneakers n’a de limites que celles de celui qui la personnalise. Dans une exposition comme celle-ci, l’objectif est plus de montrer l’étendue d’un niveau de personnalisation que d’informer sur un processus de création et de conception d’une chaussure. Les personnalisations qui suivent en sont les témoins.
Rosmorduc
Kool Koor
Si vous regardez attentivement la base de la sacoche Nike blanche, vous constaterez que celle-ci est cousue directement sur une semelle de chaussure. Le genre de petit détail qui n’échappe pas aux aficionados qui sont complètements fans et réceptifs. Pour ce qui est de l’exemple de packaging à gauche, ce n’est pas le plus impressionnant qu’il m’ait été donné de voir. Cependant, cela peut vous donner une indication sur le type d’emboitage qu’une série limitée peut adopter pour apporter une touche d’exception à un produit.
La paire de Nike Air Jordan colorée au centre de l’image a été réalisée en hommage à un peintre. Un indice ? Cette paire se nomme Air Jordan VII Retro Miro, elle est sensé faire référence à une sculpture de Miro : La femme et l’oiseau. Elle s’accompagne d’une paire de lacets qui est aussi une des bases de la personnalisation en matière de style.
Jean Luc Moerman
Le fond de la salle accueillait une scénographie atypique avec son ouverture limitée à une forme de bandeau ouvert. L’artiste qui est l’auteur de cette mise en scène est Jean Luc Moerman. On pouvait voir une de ses réalisations sur une paire de Sneakers également.
Tout ce que vous pouvez imaginer en terme de style graphique et d’ajouts est possible à partir du moment où vous savez comment placer vos effets. Ici, la peluche, les matières et autres réjouissances sont exploitées sans se soucier de l’aspect global de la chaussure. Tout devient un prétexte à la série limitée et peu importe vraiment si cela parait ridicule aux yeux de certains. Nombreux sont ceux qui ont déjà franchi le pas alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Il y a aussi toute une série de paires un peu plus traditionnelles et mythiques, comme les Reebook Pump ou encore les « Pat Ewing » qui ont su en leur temps nous donner l’envie de casser nos tirelires pour nous les offrir.
Voir une paire de chaussures derrière une vitrine alors que de nombreuses personnes les portaient dans les rues est assez étrange en soi. Vous avez cette sensation de voir une mise en lumière disproportionnée vis-à-vis de ce que l’on expose. Un peu comme si on mettait en scénographie des tee-shirts ou des jeans. Quand des objets de la vie courante sont ainsi mis en scène, on oublie souvent que ce qui les rend exceptionnels c’est leur indice de rareté. Et dans ce cas en l’occurrence, les descriptions étaient assez courtes mais n’omettaient pas d’indiquer le nombre d’exemplaires disponibles pour justifier leur présence.
Le directeur artistique Jeremy Scott n’en finit plus de décliner ses ailes sur tous les supports. Pour rappel, vous pouvez voir une Smart avec des ailes dans cet article du salon de l’auto en cliquant ici. En terme de Sneakers, vous pouvez aisément voir que toutes les inspirations passent dans sa machine à créer pour produire des chaussures plus aptes à être portées lors des défilés de mode que sur les pavés du macadam.
Avec une paire de chaussures comme celle-ci, l’inspiration provenant de l’art des Aztèques est tellement visible qu’elle en devient caricaturale. Cependant, lorsque l’on décide de s’acheter ce genre de produit, que ce soit pour les collectionner ou pour les porter, on ne cherche pas forcément la subtilité et la discrétion.
Le merchandising s’installe partout et les Sneakers n’y ont pas échappé. La fameuse licence Star Wars a donc naturellement rejoint les nombreuses autres avant elle, et vous pouvez donc apprécier une paire au goût pour le moins particulier…
Une paire d’escarpins au style directement inspiré des chaussures de sport.
La meilleure surprise pour la fin ?
On se réjouira d’avoir pu voir les fameuses chaussures de Marty Mac Fly qui devraient sortir prochainement. Elles ont fait fantasmer une génération entière de jeunes adolescents qui ne pensaient qu’à surfer en lévitation au sein de la ville avec cette paire. Rien que d’imaginer que dans quelques temps il sera possible de le faire, j’ai l’impression de faire partie de cette génération qui est passée du charbon à l’électricité. Le skate permettant la lévitation est déjà en test sur des pistes dédiées. Il ne manquera plus qu’à installer le tout le long d’une plage sur une piste cyclable et on sera définitivement au XXI ème siècle.
Enfin, quelques œuvres d’art comme ici mettent en évidence le rapport entre tout ce commerce et ceux qui sont à la base de la fabrication.
En conclusion, si vous avez la possibilité de voir cette exposition gratuite n’hésitez pas. Il est toujours bon de profiter de ces occasions pour y découvrir qu’un objet aussi usuel qu’une paire de Sneakers peut devenir source de placements pour ceux qui savent jouer des fluctuations de la cote et qui savent surtout où se procurer et revendre ce type de pièces. Qui sait, nous sommes peut-être devant des produits qui pourraient à terme devenir aussi importants que des œuvres d’art, elles-mêmes.
En bonus et pour aller plus loin sur le sujet, voici tout d’abord une vidéo d’un reportage culte sur les Sneakers.
Enfin, en lien en bas de l’article, un livre sur le sujet.