Le salon « Révélations » s’est rapidement imposé comme un incontournable des salons d’art parisiens. Créé dans l’objectif de mettre en avant les métiers d’art afin d’exposer au public leur place dans la société, le salon présente le savoir faire français et étranger par le biais de stands dédiés. Cette année, la Corée du Sud était mise à l’honneur avec un imposant stand d’une grande sobriété. J’ai eu la chance, grâce au professionnalisme des organisateurs, d’accéder à la journée presse de cet événement exceptionnel. Ces quelques heures passées au contact d’auteurs, de galeries et d’artisans dont le talent n’est même plus à présenter, furent un vrai régal pour les yeux. Ce salon vous offre la possibilité de voir des pièces à la finesse d’exécution sans pareille, dans les domaines du Design, de la joaillerie, de la sculpture et bien d’autres encore. Mon appareil a capté comme d’habitude un fragment d’un événement qui ne peut se résumer à un billet. Néanmoins, vous aurez comme toujours un aperçu en images qui, je n’en doute pas, vous poussera à intégrer une nouvelle date dans votre agenda.
Simone Crestani
Les créations de Simone Crestani ne semblaient être tangibles que par l’intermédiaire de la lumière qui les révélait sur cet ilot central. Voir la transparence du verre appliquée à des formes si peu courantes ne donnait qu’une seule envie, les toucher et les tenir entre ses mains. Bien évidemment, ces pièces étaient beaucoup trop fragiles pour être manipulées par le public. Cependant, on ne pouvait que tourner autour de ces œuvres et se demander à chaque fois comment il était possible de déformer le verre avec ce niveau de précision et de compétence. Pour les plus curieux d’entre vous, j’ai trouvé une vidéo que vous pouvez consulter en cliquant ici. Vous y découvrirez comment cet artisan d’art manipule le verre pour lui donner la forme qu’il désire. Sur son site internet (cliquez-ici pour y accéder) vous découvrirez des pièces tout aussi exceptionnelles qui ne sont que les témoins d’un talent et d’une maitrise à la limite de la magie.
La Corée du Sud à l’honneur
L’impressionnant stand Coréen (150M2 !) réalisé par le studio Coréen Void Planning était à lui seul l’objet d’attentions esthétiques qui ne passaient pas inaperçues : avec son imposante structure et ses papiers brulés dans sa partie supérieure, ainsi que ses couleurs, alternant entre noir mat et mat brillant. De nombreux éléments et détails soignés, comme les panneaux externes tressés, offraient une enveloppe à la hauteur de cette sélection d’auteurs qui présentait des pièces de différentes natures.
Créer un effet de cinétisme avec de simples feuilles de papier brulé est une idée qui, à mon avis, fera son chemin dans la tête de nombreux créateurs. Pour l’histoire, cette forme s’inspire de la pleine lune. L’idée est qu’elle se reflète sur le sol du stand qui, dans sa partie brillante, doit évoquer la surface de l’eau.
Chaque pièce savamment choisie permettait d’observer un haut niveau de qualité de réalisation, à l’image de cette pièce de Sejin Bae ci-dessous.
Woorim Kang et son bureau aux lignes fluides et aériennes. Elles donnaient à ce bureau une dimension à la fois végétale et organique. Un registre formel qui n’est pas sans rappeler l’époque où le Bio-Design faisait les belles heures des Designers.
Loretta H. Yang
C’est une autre approche du traitement du verre que nous propose Loretta Yang. Ici, les formes sont figées, comme en suspension dans une masse de verre aux finitions brutes. La finition des sujets représentés est à l’inverse des contours extérieurs lisses et précis. Cette manière de présenter des éléments récurrents dans la culture asiatique amène une dimension symbolique plus forte qu’à l’accoutumé. Le traitement du verre dans les formes donne une lumière plus matifiée. En appliquant cet effet de matière, l’artiste donne une impression d’observer une forme holographique au sein même de son œuvre. Cela vous oblige à tourner autour pour les voir ou les prendre en photo. Ces autres pièces plus classiques s’inscrivent dans une démarche où là composition et la lumière centrale sont les principaux éléments que l’on remarque. Préférant de loin le travail sur la matière du verre et son travail sur l’empreinte. Ces fragments de symboles posés les uns à coté des autres nous donnent l’impression de voir des morceaux d’une expédition durant laquelle on aurait retrouvé les ruines d’une cité de verre. Il y aurait beaucoup à dire sur le plan symbolique mais je préfère vous laisser interpréter ces symboles qui sont souvent visibles dans la culture bouddhiste.
Galerie Mizen
La galerie Mizen est une galerie japonaise qui présentait des céramiques originales dont les formes organiques se mariaient harmonieusement avec les effets de couleurs appliqués par l’artiste. Ces céramiques contemporaines proposaient de très beaux aspects de surfaces et des volumes organiques aux proportions maitrisées. L’artiste qui les a réalisé travaille sur des thématiques comme l’infini, par le biais de la matérialisation d’un mouvement sans fin. Ce dernier se perçoit plus facilement en tournant tout autour de la pièce que sur des images.
Walk in Time
Voici un magnifique piano dont le travail du bois lui donnait une allure aérienne par le biais d’une partie supérieure courbée et élancée. L’intérieur travaillé, tout aussi finement avec des éléments peints en rouge, donnait cette impression de voir sous le capot d’une automobile. La coupe en biais des flancs et l’allure générale du piano accentuaient fortement cet effet de véhicule et procuraient un dynamisme rare sur ce type d’objet, plutôt statique visuellement. L’histoire de ce piano est tout autant exceptionnelle puisque initialement il s’agit d’un vieux piano qui dormait dans une ancienne salle de Rouen. La rencontre entre deux professionnels : Xavier Desmarchelier et Xavier Bontemps a permis de redonner une seconde vie à cet objet dont les sonorités résonneront encore longtemps grâce à ce long travail de restauration et de création inédit. Pour voir cette œuvre en musique il faut cliquer ici.
Lisa Vahno
Avec cet ensemble de mobiliers, on a la sensation de voir une peinture d’art naïf prendre vie et se matérialiser sous une forme en trois dimensions. Toute cette faune, finement exécutée et s’organisant à partir d’arbres, était assez surprenante à voir. D’autant plus que la peinture blanche permet à l’ensemble de s’inscrire dans une dimension artistique alors que l’ajout de couleurs aurait précipité cette démarche dans un style plus décoratif et aurait dénaturé la qualité d’exécution.
Patrick Crespin
Patrick Crespin proposait un ensemble de pièces colorées en verre, tout en verticalité.
On a cette impression de voir chaque coup de pinceaux, comme autant de petites touches de couleurs qui viennent donner une consistance à cette oeuvre, toute en transparence.
Lorsque je regarde cette sculpture, j’ai l’impression d’observer une saison complètement emprisonnée dans une goutte d’eau. On devine assez facilement plusieurs formes ovoïdes l’une dans l’autre. Une fois l’effet de surprise passé, on se demande si l’artiste n’a pas peint successivement sur des formes de différentes tailles avant de les recouvrir, en partant de la plus petite vers la plus grande. Une théorie sans réponse qui ajoute au charme et au mystère de cette très belle pièce.
Wu Pei-Te
Parmi les nombreuses œuvres exposées sur les « ilots » centraux, cette lampe s’imposait naturellement comme une pièce majestueuse. Le jeu des pliages et la forme globale donnaient à voir une pièce qui illustrait parfaitement la notion de savoir faire.
Ombre Portée
Qu’elles soient accrochées au plafond ou disposées sur de petits socles, ces compositions lumineuses sont comme des signatures architecturales. Elles sont constituées de lignes qui prennent du volume et s’étendent ainsi dans l’espace comme de petits nuages. Ce joyeux ensemble de lignes ressemble à des coups de crayons répétés qui s’organisent comme des esquisses d’architectes quand elles sont de petites dimensions. Geste inavoué de passionné d’architecture ou simple recherche lumineuse, le résultat n’en reste pas moins intéressant pour peu que l’on ait la chance de les voir sur place.
Bastien Carré
Bastien Carré nous propose des luminaires fins et légers dont l’inspiration végétale n’est pas très loin. Tantôt aériennes, tantôt ancrées dans leur socle, ses compositions lumineuses sont mobiles. Leur rythme très lent n’obéit à aucune mesure temporelle. Comme des fleurs qui bougeraient au gré du vent, ces petites pièces deviennent hypnotiques pour peu qu’on cherche à les détailler du regard.
Le parfait exemple d’une pièce qui s’élance dans l’espace, comme une fleur dont les immenses pistils pointeraient vers le ciel.
Catia Esteves
Cette énorme « larme » ajourée est constituée de morceaux de cartons découpés. Le carton est une matière que l’on a du mal à associer à un matériau noble. Pourtant ici, le rythme donné par les découpes dénote du soin apporté à une pièce qui exige un emplacement assez magistral pour révéler tout son potentiel.
Thierry Martenon
En un clin d’œil, vous pouvez constater les différences de traitement du bois sur un stand comme celui-ci : avec des pièces organiques extrêmement travaillées sur le plan de la texture. La pièce murale la plus belle à mon sens est celle qui ressemble à une recomposition d’ossements échappés d’un musée d’histoire naturelle. Cette immense pièce en forme de restes de cétacé permettait de voir les possibilités qu’offrait le traitement du bois à ceux qui savent le travailler. Ces nombreuses facettes irrégulières, comme ces arrêtes blanches, lui offraient une esthétique si singulière et parfaitement imaginable dans un intérieur dédié à la réception, par exemple.
Guillaume Couffignal
Représenté par la Galerie Dumont, Guillaume Couffignal est un artiste sans équivalent. Bénéficiant de son activité et surtout de son expérience de fondeur, il propose des œuvres originales qui vous surprendront dès le premier contact. Au toucher, le bronze se prend pour du bois et nous induit en erreur. Ses pièces s’orientent vers deux directions. Une première série se décline à la verticale avec des formes qui suggèrent des théâtres suspendus. L’autre série, à l’horizontale, présente des œuvres qui évoquent les carcasses de bateaux échoués que l’on peut apercevoir sur certaines plages. L’une comme l’autre suggèrent des vestiges d’une époque proche ou lointaine, en fonction de nos références. La finesse et la maitrise technique nécessaires pour les mettre en place rappellent que nous sommes dans un salon qui révèle les savoirs faire. Et c’est justement ce qui transpire de ces sculptures aux formes si atypiques.
Elie Hirsch
Elie Hirsch est un artiste que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer lors d’un salon « Maison et objet ». N’ayant pas le temps de vous parler de l’ensemble des artistes rencontrés sur chaque salon, il arrive assez souvent que certaines cartes de visites restent plus longtemps que les autres au dessus de la pile. Concernant Elie, c’est exactement le cas. J’avais été marqué par ses bijoux, tout comme ses pièces « gainantes » qui, de par leurs proportions, vous interrogent sur la possibilité de les porter. Nul doute que des accessoiristes de théâtre ou des concepts designers de films pourraient se montrer intéressés par son travail.
Chacune de ses pièces est une ode à la beauté du geste qui se remarque grâce à une esthétique qui fait la part belle à la matière. Les nombreux martellements nécessaires pour obtenir ces effets et cette lumière rendent les œuvres aussi bien attractives que désirables. On ne sait plus vraiment si on doit chercher à les porter ou à les exposer telles quelles. Ces objets sont une parfaite synthèse entre art et design et les formes les plus simples, s’interconnectant les unes aux autres, forment des ensembles aux lignes inspirantes et génératrices de questionnements.
Comment ces œuvres sont-elles réalisées ? Combien de temps est-il nécessaire pour en fabriquer une ? Quel est donc ce matériau si noble et si fin ? Autant de questions dont vous trouverez une partie des réponses directement sur le site de l’auteur. D’ailleurs, je vous invite à le suivre tout comme je l’ai fait et vous verrez qu’avec le temps vous gagnerez en émerveillement devant la variété de ses productions.
Appliques, mobiliers, bijoux et objets d’art… rien n’échappe à ce créateur qui expérimente autant dans la forme que dans les propositions, comme au centre de cette image avec cette pièce qui pourrait autant servir de support à une autre de ses créations qu’à un bout de canapé.
Des lignes et des courbes qui se croisent sans cesse, comme des cycles de vie qui viendraient enserrer une partie du corps.
La répétition des formes et le contraste entre la surface courbe et la tranche de la pièce dynamisent une ligne déjà très mobile visuellement.
AFTAB
Dans un tout autre genre, mais en restant dans la forme courbe et incurvée, ce travail du bois était présenté sur un stand collectif. L’Association Française Pour le Tournage d’Art sur Bois présentait différents artistes dont les nombreuses sculptures exploitaient autant les qualités physiques du bois que ses qualités esthétiques. Par l’intermédiaire de quelques pièces, il était possible de voir une variété de formes et d’effets de matières, exploitant habilement toutes les subtilités du bois. L’association s’est fixée pour mission de promouvoir une pratique et de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour maintenir cette activité en voie de disparition. Au vu du résultat, on ne peut que souhaiter que cet art ne sombre pas, comme tant d’autres, dans l’oubli.
Charles Macaire
Il y a toujours dans ce type d’événement des œuvres plus poétiques que d’autres. Ici, les arbres suspendus en pliages de papier honorent efficacement cette idée. En les observant, on a du mal à croire qu’il s’agit de feuilles pliées et froissées. Pourtant, pour avoir déjà observé cette méthode avec un autre artiste, je ne peux que vous conseiller de voir l’ensemble de la production de cet auteur qui travaille sous trois différentes thématiques. Les botaniques, les aquatiques et les végétales sont les noms de ses thèmes qui se déclinent sous différents objets, du luminaire à l’objet de décoration comme ci-dessous. Pour satisfaire votre curiosité et découvrir le reste de ses œuvres, vous pouvez cliquer ici.
Marbrerie d’Art Caudron
Du papier au marbre, il y a un monde ! Sur ce stand, le marbre est sculpté avec une apparente facilité qui ne doit pas faire oublier dans quelle matière la sculpture a été réalisée. Dans tous les angles, les lignes sont respectées et justes, dans un exercice purement technique. J’avoue que l’amateur d’automobiles que je suis a quand même passé quelques minutes à s’extasier sur cette reproduction de Lamborghini qui fera le bonheur d’un amateur d’œuvre atypique. La marbrerie dispose d’un site qui vous permettra de voir l’étendue de ses réalisations et les possibilités incroyables qu’offrent l’utilisation d’un robot dans la réalisation de pièces complexes. Pour en savoir plus cliquez ici.
Nicolas Desbonds
Ces bustes en métal jouaient habilement sur la notion de pleins et de vides. L’effet de répétition, créé par les nombreuses petites pièces de métal, donne une vibration particulière à ces sculptures. La forme qui est répétée varie en fonction de son positionnement sur le corps, ce qui donne de la densité de matière à certains endroits comme au niveau de la poitrine. L’espace est plus perceptible sur le coté de la cuisse, par exemple, ce qui allège l’ensemble de la sculpture.
Bjo Formation
De l’esquisse au bijou, il est extrêmement rare d’avoir accès aux dessins des bijoutiers. Je ne résiste pas à l’envie de vous dévoiler les dessins réalisés avant la création des bijoux. Une étape importante que l’on a tendance à oublier et qui, ici, prend tout son sens lorsque l’on positionne l’esquisse à proximité du produit final.
Avec plus de 38 000 visiteurs cette année, le salon « Révélations » n’aura pas failli à sa réputation en nous offrant un large panel de savoir faire exceptionnel et mémorable. De nombreux auteurs marquants ne manqueront pas de figurer dans ma liste d’auteurs à suivre. J’espère qu’au-delà des images qui vous auront marquées, il en sera de même pour vous. Il ne nous reste plus qu’à attendre la prochaine édition pour découvrir encore plus de belles surprises et d’œuvres mémorables.
Prendre le temps de lire et d’admirer… « Salon « Révélations » 2015, au Grand Palais » – http://t.co/UGSDOs4qxq via @stylist2022
Bel article sur le salon Révélations, que j’ai eu l’occasion de visiter en septembre dernier. J’y avais notamment remarqué, un artisan tourneur sur bois, Pascal Oudet, qui exposait seul, et que nous allons présenter dans notre galerie en mars…que de talents chez ces créateurs…à encourager, à sponsoriser…merci…