Le Musée Ingres-Bourdelle de Montauban


En 2015, j’ai eu la chance de découvrir le musée Ingres au sein de la ville de Montauban. J’en avais tiré un article publié ici-même, toujours disponible en cliquant ici. Peu de temps après ma venue, l’annonce de sa fermeture pour travaux (3 ans) m’avait motivé à y revenir. Et cela dans l’objectif de pouvoir documenter la rénovation par le biais d’un avant/après travaux. Aujourd’hui, 5 ans après ma première visite, je peux enfin vous offrir un nouveau regard sur ce musée. Il faut reconnaître que ce cas de figure est assez rare. D’autant plus que ce n’est pas tous les jours qu’un musée de ce type effectue des travaux de rénovation sur une durée aussi longue. C’est la raison pour laquelle je me devais d’écrire à nouveau sur ce musée d’exception.

 

Une rénovation spectaculaire mais discrète

 

 

Les responsables du projet ont eu le bon goût de miser sur une rénovation sans effets architecturaux. Cela a permis de rester au plus proche de l’architecture d’origine et des besoins des visiteurs. Par conséquent, les transformations extérieures sont minimes. L’entrée, par exemple, s’effectue désormais sur le coté gauche du musée. Et l’on peut s’amuser à distinguer tout un ensemble de modifications, à l’image d’un jeu des 7 erreurs… comme c’est le cas avec des services clairement visibles et accessibles à tous. De plus, une librairie-café s’est positionnée au rez-de-chaussée, dans un angle du bâtiment. Un parcours repensé, des oeuvres déplacées et des espaces aménagés pour gagner des M2, sans dénaturer cet ancien palais épiscopal. Autrement dit, tout sur le papier nous indique que le contrat a été rempli, et qu’il est possible de rénover au plus juste.

 

Une muséographie plus fluide et agréable pour le visiteur

 

Pour rappel, le musée Ingres-Bourdelle (nouvelle appellation) ne se limite pas à des productions de ces deux artistes. Comme par le passé, il y a d’autres peintres et sculpteurs présents, mais surtout il y a désormais des oeuvres en échos comme c’est le cas ci-dessous. On peut découvrir une oeuvre de Rodin à proximité d’une oeuvre de Bourdelle. Cela nous rappelle que Bourdelle fut pendant un temps le praticien de Rodin dans son atelier parisien.

 

 

 

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La scénographie a été revue, ce qui autorise le musée à proposer les oeuvres sous un nouvel angle. Comme vous pouvez l’observer dans les images ci-dessous, l’armure de samouraï se dresse désormais fièrement au centre d’une pièce. Alors qu’auparavant elle était banalisée dans sa présentation et sa position dans l’espace.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

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Une architecture intérieure au service des oeuvres

 

L’un des points majeurs du projet de rénovation tenait dans la création d’un nouveau niveau. Celui-ci était présent originellement. Le rétablir a permis de redéployer les tableaux avec plus de pertinence.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

Après rénovation, le tableau « Le songe d’Ossian » qui était par le passé en hauteur, prend désormais une place majeure dans le musée. Et pour cela, il s’ancre dans un agencement qui permet deux choses. La première c’est de le rendre visible en étant au plus proche de la toile. Nous offrant la possibilité de nous enivrer de tous ses détails.

 

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La seconde s’inscrit dans un geste architectural inédit qui nous offre une vue plongeante sur le tableau depuis l’étage supérieur. Cette fenêtre s’intègre dans du mobilier qui accueille aussi quelques pièces de la collection sur les cotés.

 

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Dans le passé, la salle sans son étage accueillait des tableaux, ainsi qu’un imposant meuble de consultation pour les esquisses d’Ingres. Désormais, elle retrouve un niveau et la magie opère.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

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Des tableaux toujours aussi emblématiques

 

Les tableaux sautent littéralement aux yeux avec le contraste de ce rouge qui dynamise la salle. On retrouve les classiques incontournables du musée. Comme le portrait de « Madame Gonse » ou encore « Roger délivrant Angélique ».

 

 

 

Des évolutions muséographiques discrètes mais notables

 

Les effets personnels d’Ingres qui étaient autrefois disposés derrière une vitrine se sont affranchis de leur enclave. Désormais, on peut les voir dans une salle plus spacieuse et lumineuse.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

 

 

 

 

Les différents types de meubles qui accueillaient les esquisses évoluent et intègrent une partie de la collection des sculptures du musée.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 
Notons que les nouveaux meubles de consultation permettent de voir les esquisses à la verticale, contrairement à l’époque où ils se présentaient dans des tiroirs horizontaux.
 

 

La vaste salle permet de profiter d’une collection exceptionnelle d’objets et de dessins dans le plus grand confort. Et la consultation ne gêne ni le passage ni les éléments de la collection qui autrefois étaient en partie cachés par l’ancien système des meubles. D’ailleurs, curieusement, sous cette forme les visiteurs hésitent moins à consulter les dessins. Par le passé, les visiteurs n’allaient pas naturellement vers les tiroirs aux esquisses.

 

 

 

 

La Chapelle une immense salle dotée d’oeuvres surprenantes

 

 

 

La chapelle est une partie du bâtiment désormais accessible. Cet espace dispose de tableaux de très grandes dimensions comme cette toile de Jean Auguste Bard. Détail intéressant, le peintre s’est représenté lui-même sur la toile, debout avec un chapeau à la main. Il a aussi représenté Ingres et sa femme dans la calèche de l’ambassadeur de France. Une toile riche et intrigante avec des protagonistes qui semblent nous fixer, comme pour nous inviter à découvrir le sens de leur pose.

 

 

 

Le peintre face à nous et Ingres qui est accompagné de sa femme de dos dans la calèche.

 

 

Le niveau de précision de la toile nous invite à regarder tous les personnages de la scène.

 
 

Au-delà de cette rénovation, il y a toujours un plaisir immense à découvrir la collection du musée. Avec par exemple, le tableau qui était à Orsay lors de l’exposition « Le modele noir » : Etude de dos (d’après le modèle Joseph) pour le radeau de la méduse de Théodore Géricault. Un autre tableau d’un disciple d’Ingres Théodore Chasseriau devait figurer à proximité. Malheureusement absent lors de mon passage, on devait se contenter d’une copie sur papier. Toutefois, une impression sur toile avec la mention « copie » aurait été bienvenue, en attendant le retour de l’original.

 

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D’une salle à l’autre, les chefs d’oeuvres se succèdent. Ils peuvent être de la main d’Ingres, de ses disciples, de sa propre collection ou encore prêtés dans le cadre d’expositions temporaires. 

 

 

 

 

 

Une collection contemporaine toujours présente

 

Le musée accueillait des oeuvres plus contemporaines. Il est intéressant de noter qu’elles subsistent encore aujourd’hui. J’admets avoir été surpris de voir les oeuvres d’Ernest Pignon Ernest dans un couloir alors qu’elles étaient auparavant en salle. La modification de la scénographie et des hauteurs sous plafond a forcément dû influer sur leur positionnement.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

 

La sculpture reste toujours à l’honneur

 

« L’archer » ainsi qu’un ensemble de sculptures sont désormais en sous-sol du musée. La mise en scène est de toute beauté et invite les visiteurs à une contemplation calme et naturelle au fil du parcours. Dans l’image ci-dessous, on peut voir que dans l’ancien agencement les sculptures étaient regroupées dans une seule pièce. Les bas reliefs étaient inaccessibles, placés en hauteur. À ce jour, ils sont redescendus pour se montrer au niveau du regard. Une fois de plus, cela n’a l’air de rien, mais de cette manière on apprécie les sculptures à leur juste valeur.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

En formant un groupe de sculptures, les pièces deviennent plus remarquables et gagnent en monumentalité. Certaines pièces sont regroupées dans de petits espaces attenants à cette salle. Et l’on peut ainsi prêter un peu plus d’attention aux oeuvres qui autrefois passaient inaperçues.

 

 

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L’Héraklès archer est une pièce emblématique que l’on rencontre (en bronze) dans beaucoup de villes et de musées. Ici, elle est dans une patine qui s’accorde parfaitement avec l’ensemble des autres oeuvres présentes. Cette sculpture était déjà présente à l’époque comme la majorité des pièces. Pourtant, curieusement, dans cette nouvelle scénographie, on a l’impression de voir une nouvelle acquisition. Il est à noter qu’avec la rénovation certaines oeuvres paraissent plus à portée qu’auparavant. Dans la mesure où des détails comme la lumière ou encore la taille des socles changent la perception que l’on pouvait avoir de ces oeuvres.

 

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La salle du prince noir, en sous-sol, accueille désormais une oeuvre d’art contemporaine en fond de salle. De plus, elle s’est vidée de plusieurs objets et vestiges qui lui donnaient un cachet complètement différent. Comme vous pouvez le voir sur les deux images ci-dessous, l’ambiance n’est plus vraiment la même. Il m’est d’avis que cet agencement a été réalisé pour que cet espace soit utilisable de différentes manières. Et, de vous à moi, je préférais l’ancienne version de par l’effet de surprise qu’elle provoquait.

 

musee-ingres-bourdelle-montaubanLe musée Ingres avant rénovation

 

 

Conclusion

 

Le musée Ingres-Bourdelle nous prouve qu’il est possible d’avoir des équipements de qualité en dehors d’une grande agglomération. Cette rénovation ne dénature pas l’ancien palais épiscopal qui est donc préservé dans son intégrité. De plus, elle offre une agréable expérience au travers d’une muséographie pensée pour le visiteur. La visite s’enrichie aussi grâce à une application qui vous permet de personnaliser votre parcours au sein du musée. Vous pouvez alors, via la géolocalisation, trouver plus facilement des oeuvres ou bien accéder à des informations sur celles-ci. Bien que j’avais déjà visité ce lieu, il m’a fallu presque deux heures pour en faire le tour sans audioguide.

Nul doute qu’il est possible d’y passer plus de temps sans ressentir de fatigue ou de lassitude. En résumé musée Ingres-Bourdelle, c’est un espace à taille humaine avec un personnel accueillant et des prestations à la hauteur de ce que l’on attend de ce type de lieu. Les personnes à mobilité réduite apprécieront aussi la présence d’ascenseur à chaque niveau. Le musée Ingres-Bourdelle est incontournable pour les amoureux de l’art et les habitants de la région. Si vous avez l’occasion de vous y rendre, faites-le sans hésiter… vous ne serez pas déçu du trajet.

 

Pour aller plus loin sur le sujet, je vous laisse découvrir ces deux vidéos sur le musée et son incroyable réserve.

 

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