De vous à moi, en ce moment à la galerie Glénat c’est un peu comme la valse des maîtres du neuvième Art. Après avoir apprécié le tracé majestueux de Tanino Liberatore, c’est Olivier Ledroit qui nous revient avec, en prime, la publication de son nouvel ouvrage « Fées et Amazones ». Dans un précédent article, j’avais déjà parlé de cet auteur aux multiples talents dont la palette de couleurs est inimitable.
Olivier Ledroit est un compteur d’histoires qui, depuis vingt cinq ans, enchante nos yeux autant qu’il nourrit notre imaginaire. Des générations d’auteurs se sont lancées dans la bande dessinée grâce à lui. Année après année, il n’a eu de cesse d’aller plus loin dans son art, passant d’un univers à l’autre avec une telle aisance qu’on en oublierait tout le travail que cela implique.
Avec cette exposition, il vient confirmer une identité graphique qui s’étoffe par de nombreux ajouts de matières et d’objets que l’on s’amuse à reconnaître d’une planche à l’autre. Dans ses nombreuses oeuvres, les rajouts de papiers et d’éléments mécaniques vous donneront matière à voir et analyser. S’éloignant de plus en plus de l’univers classique de la bande dessinée, tout en gardant ce talent pour raconter des histoires en une seule image, les illustrations sont toutes réalisées avec l’envie de communiquer sur des thématiques chères à l’auteur. Les dessins qui sont exposés jusqu’au 30 juin à la galerie Glénat font partie d’un recueil d’illustrations qui vient se placer comme une pause entre le premier livre « Wika » et le prochain.
Si les fées et les amazones sont parfois dénudées, jamais elles ne tombent dans la vulgarité. Les poses traditionnelles sont sublimées par la couleur et les effets de matières qui jouent en permanence sur ce qui est tangible et ce qui ne l’est pas. Les nombreux éléments sont reconnaissables comme les mécanismes d’horloges qui viennent accompagner des effets de volume déjà parfaitement maitrisés. Il arrive aussi parfois que vous ne vous rendiez pas compte de ce qui est dessiné et ce qui ne l’est pas. Regardez bien les images qui suivent et vous comprendrez facilement mon propos.
Je vous laisse deviner si l’horloge est ici dessinée ou rajoutée.
Voici pour ma part l’une des pièces maitresses de cette exposition. Ce magnifique tableau concentre tous les effets picturaux et toute la maitrise de l’auteur en une seule œuvre. Le soleil aidant, je me suis permis de zoomer pour vous offrir tous les détails que vous pouviez apercevoir sur une partie de la toile. Entre les dentelles et les motifs en répétition, le regard du personnage au centre d’une image aussi colorée vous donnait cette sensation de voir un véritable chef d’oeuvre.
La variété des formats et des niveaux de réalisation autorise l’auteur à proposer des œuvres à tous les prix. La fourchette est comprise cette fois-ci entre 400 et 25 000 euros. Conséquence de la variété de l’offre ou d’une cote de popularité en croissance, de mémoire de vernissage je n’ai jamais vu autant d’œuvres partir aussi vite. A peine vous aviez le temps de vous intéresser à une œuvre qu’elle était déjà vendue. C’est simple, j’ai cru qu’il n’y aurait pas assez de pastilles rouges avant la fin de la soirée. C’est aussi sur ce type de « détails » que vous pouvez témoigner de la cote d’amour des collectionneurs d’Olivier Ledroit. Pour avoir assisté au vernissage, je peux vous assurer que les collectionneurs présents n’étaient pas ceux que l’on aurait pu identifier par une allure vestimentaire. Leurs conversations aussi témoignaient de la ferveur avec laquelle ils recherchent des planches précises et certains d’entre eux se sont même reconnus par l’intermédiaire de pseudo qu’ils utilisent sur des plateformes de ventes spécialisées.
Olivier Ledroit n’est pas un auteur que l’on collectionne pour spéculer, mais plutôt un artiste que l’on veut absolument posséder dans sa collection. Chance pour moi, ma carte bleue se trouve toujours dans un double fond, car je ne donnais pas cher de mon compte en voyant ma compagne lorgner sur deux esquisses qui auraient trouvé leur place dans notre salon. Cependant, je peux vous avouer que nous surveillons son oeuvre avec un intérêt croissant comme beaucoup d’autres maintenant.
D’ordinaire, approcher Olivier Ledroit n’est pas une mince affaire. Pour l’avoir déjà aperçu dans de rares salons de BD, la file d’attente pour lui parler me faisait toujours tourner les talons, las d’attendre plus d’une heure pour quelques minutes de discussion. Dans un vernissage, l’histoire n’est pas tout à fait la même, mais il faut quand même s’armer de patience, ne serait-ce que pour lui glisser quelques mots. Un vernissage est une occasion unique de pouvoir parler à des auteurs aussi rares dans l’espace public. Je m’étonne souvent de ne pas apercevoir un public plus nombreux lors des vernissages. Il faut croire que l’on ne reconnaitra la valeur de tous ces auteurs que lorsqu’ils seront présents au Louvre. Il n’est pas impossible que je revienne sur cet auteur pour vous délivrer d’autres trésors et un point de vue toujours aussi passionné sur l’ensemble de son œuvre. En attendant, j’ai publié cet article assez tôt pour que vous puissiez vous ruer à la galerie pour observer sur place l’étendue de son talent. Pour ceux qui ne pourraient pas s’y rendre, il vous reste toujours la possibilité de vous offrir son livre 😉
Exposition 2015 : « Fées et Amazones » d’Olivier Ledroit à la galerie Glénat – http://t.co/9qGtN0Dvry via @stylist2022
Superbe dessin,
superbe initiative
magnifique exposition
à renouveler …