Art en Capital Paris 2013 12


 

 

 

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Jeudi, je me suis rendu au salon « Art en Capital ». Comme d’habitude, je vous ai fait une sélection qui provoquera au choix deux réactions : soit vous vous y rendrez le plus rapidement possible afin d’y voir les magnifiques oeuvres qui y sont présentes. Soit vous regretterez tellement de ne pas pouvoir y aller que vous reviendrez sur cet article régulièrement, pour prendre une dose quotidienne d’Art avec un grand A. Mais avant de parler de cet événement, je tiens à remercier Olivier Poizac qui m’a remis une invitation lors de mon passage à Mac Paris 2013, vous pourrez d’ailleurs voir son travail lors de ce salon et apercevoir deux autres artistes dont je vous ai parlé dans le même article sur Mac Paris 2013 à savoir : Berg, et Edgar manuel Marcos.

Il m’a été difficile de faire le tour de ce salon d’un seul coup, comme l’année précédente. La configuration des lieux a ce côté labyrinthique qui vous contraint à faire deux fois le tour, pour être sûr de n’avoir rien manqué. Pourtant, je suis persuadé d’être passé à côté d’un mur ou deux. Néanmoins, je ne crois pas me tromper en indiquant que c’est un événement immanquable. C’est l’un des rares moments de l’année où, en un seul salon, vous pouvez avoir une radiographie du talent qui est présent en France et à l’étranger. « Art en Capital » est en fait un ensemble de différentes manifestations : Comparaisons, Artistes Français, Artistes Indépendants et enfin Dessin et Peinture à l’eau. Chacune d’entre elles a ses exposants et ses caractéristiques très précises. Entre les délégations étrangères et les techniques qui diffèrent en fonction de son art, on n’expose pas n’importe où sous le grand palais, plan impératif pour retrouver vos amis. Plutôt que de prendre le parti de vous parler des auteurs par section, je les ai regroupé sous des thèmes comme : Les Femmes, Les Hommes, Les sculptures animalières, Imaginaire et fiction et enfin les Maîtres de la couleur.

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PC058394ces deux images résument la complexité de voir toutes les oeuvres dans un salon comme celui-ci.

 

 

Les Femmes

 

 

Les femmes étaient bien présentes en peintures, sculptures, dessins. Il y en avait pour tous les goûts, mais contrairement aux hommes, elles étaient rarement présentées sous leurs plus mauvais atours, bien au contraire.

 

Voici l’un de mes coups de coeur : une oeuvre haute en couleurs qui met en scène des danseuses en coulisse. L’espace d’une seconde, j’ai pensé à un univers du genre d’Alice au pays des merveilles, puis finalement je me suis concentré sur la maîtrise colorimétrique et il m’a bien fallu cinq minutes pour passer à une autre oeuvre. En parcourant le site internet d’Anastasia Vostrezova, j’ai découvert un travail sur les danseuses, comparable à une approche à la « Degas » avec des positions et un traitement pictural équivalents. Son site internet regorge de scènes toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Faites-vous plaisir et cliquez ici pour en voir plus.

PC057999-bAnastasia Vostrezova – Snowflake Ballet Nutcracker 

 

Une oeuvre qui évoque l’univers développé par Gustave klimt mais qui s’en éloigne suffisamment, pour développer un style avec des textures apparentes. Il y avait de nombreux peintres qui ont proposé des oeuvres avec un travail en relief, mais celle-ci avait une maîtrise et des choix de placement de symboles qui nous permettent de passer un agréable moment en la contemplant. Je vous offre une vue agrandie sur une partie du tableau pour que vous puissiez voir les prises de position sur les endroits où la matière est posée et les formes variées que les symboles peuvent prendre. Pour voir le site d’Alexandra Da Fonseca Guguchkina cliquez ici

PC058058-bAlexandra Da Fonseca Guguchkina 

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Ce magnifique buste de Jeong Mi-Hee en plumes de métal est une pièce à voir, ne serait-ce que pour observer comment ce jeu de plumes fonctionne à merveille sous n’importe quel éclairage. De trois-quart ou de profil, l’allure générale est parfaitement maîtrisée. Je suis certain que des costumiers y verront une piste intéressante pour une interprétation possible en costumes de théâtre, par exemple. La seconde vue vous permettra d’apprécier comment le mouvement des plumes s’appuie sur des caractéristiques du corps humain.

PC058267 Jeong Mi-Hee – La Liberté – 36x53x73 – 5kg

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La sculpture d’Yvonne Clergerie arrive à tirer son épingle du jeu en jouant sur des choix de finitions et un parti pris sur la pose de détails. Le travail sur les jambes, par exemple, démontre que l’artiste a préféré « fusionner » les jambes de son sujet pour accentuer la ligne et le mouvement. Alors qu’elle a travaillé la texture des cheveux avec un aspect brut pour bien délimiter son visage, le geste des bras et l’expression du visage sont aussi des éléments visuels qui permettent à cette pièce de révéler tout son charme.

PC057981Yvonne Clergerie

 

 

Les Hommes 

 

 

Que ce soit en peintures ou en sculptures, les hommes étaient bien représentés aussi cette année, avec cette volonté de les présenter dans leur aspect le moins favorable. Les nus masculins étaient vraiment variés et l’on pouvait voir des figures dans différents styles et différentes mises en scène.

 

J’ai pris ce tableau de Kashawelski comme une sorte de rébus dont je n’ai toujours pas trouvé la solution. La pomme croquée, l’interrupteur et le poisson dans son sac forment une sorte de triangle de composition. Faut-il y lire une expression ? une philosophie ? Allez savoir, ce qui est certain c’est que le personnage nous fixe et nous invite à réfléchir à son attente. Qu’attend-t-il vraiment ? de fondre avec le reste de l’oeuvre ? de se décomposer comme sa pomme accrochée au mur ? ou de suffoquer comme le poisson qui viendra à manquer d’air ? D’ailleurs, que représente ce poisson ? Qui est pris au piège dans la main d’une tierce personne ? Vous, lui, l’auteur ?

PC057976Kashawelsi

 

Ce n’est pas dans la peinture de Claude Andral que vous trouverez des personnages dont les canons de beauté feront honneur aux tendances contemporaines. Bien au contraire, ici il est question de réel et de quotidien. Si, dans un premier temps, on peut être dérangé par la chair ainsi mise en scène, on pensera surtout au peintre Lucian Freud et à cette peinture sans concession qui se moque des beautés de papier glacé pour se confronter à la dure réalité de la vieillesse. Cet homme assis qui cache son visage dans sa main avec une seule montre comme habit, comme pour signifier le temps passé ou le temps qui reste. Libre à chacun de s’attacher à y voir une référence temporelle positive ou négative.

PC058309Claude Andral 

 

Shane Wolf  a cette habileté insolente qui vous « scotche » devant ses toiles pour mieux en apprécier le travail de lumière. Il a cette capacité à travailler le corps humain avec une forme d’aisance qui lui permet d’aller chercher la difficulté dans le format et les poses de ses sujets. L’an passé, j’avais déjà était subjugué par un immense nu masculin qui prenait des proportions proches de ses immenses toiles que l’on peut voir au musée. Cette année, il nous offre un homme nu de dos qui semble se débattre entre figuration et abstraction, comme s’il cherchait ses marques dans un tableau trop étroit pour lui. La dynamique imposée par cette grande trace noire est en parfait contraste avec le reste. Une oeuvre à voir, pour un artiste dont le site regorge de dessins de toute beauté. Pour voir son site cliquez ici.

PC057987-bShane Wolf

 

Il y a d’abord le sujet et ses membres qui semblent sortir de la toile à la limite de l’effet 3D. Ensuite, une forme de croix (?) en biais, qui crée la profondeur en jouant avec la couleur et la lumière. Puis enfin, la sensation qu’un homme nous tombe dessus avec cette précision anatomique qui rend la situation difficilement soutenable. J’aime quand une oeuvre provoque autant d’inconfort que d’interrogation. Ici tout est réuni pour. Le format contraint à prendre du recul sur une oeuvre où l’univers sombre est judicieusement mis en lumière. Pour voir plus d’oeuvres de Claude Duvauchelle, c’est ici.

PC058101Claude Duvauchelle

 

Un homme qui sort de sa coquille dans une posture aussi torturée que son regard. Cette sculpture de Yeva m’a valu une discussion sur le sujet avec une visiteuse qui, elle aussi, a été interpellée par cette oeuvre. Il y a de beaux mouvements et une belle matière sur cette pièce qui, de par sa petite taille, nous pousse à nous rapprocher pour en déceler toutes les subtilités.

PC058028-bYeva

 

 

Rencontre avec un sculpteur aux multiples talents

 

 

Dans la catégorie des sculpteurs, si vous passez par l’espace de Geymann, vous ne serez pas déçus. L’artiste, présent ce jour-là, n’a pas hésité à me confier sa méthodologie de travail ainsi que les étapes nécessaires à la fabrication de ses sculptures. Celui-ci travaille d’ailleurs avec de nombreux matériaux différents et vous pourrez juger de l’incroyable variété de tailles et de sujets qui composent son oeuvre. Certains verront surement dans son esthétique une ligne à la « Pompon » qui disait en toute simplicité : « C’est le mouvement qui détermine la forme » et c’est exactement ce que l’on retrouve dans les oeuvres de Geymann. Un mouvement, une ligne, une forme simple mais qui témoignent de toute la complexité de maîtriser des volumes, du plus petit au plus imposant. Peu importe la forme ou la taille de ses sculptures, elles ont l’air si pures qu’elles deviennent comme des lignes génériques qui appellent à une lecture sans détour de la forme. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié une de ses oeuvres qui n’était pas présente ce jour-là mais que j’ai découvert dans la brochure de l’artiste : Le Jaguar. Pour l’apercevoir ainsi que le reste des oeuvres de l’auteur, un petit tour sur son site vous ouvrira les portes d’une personnalité aux multiples facettes artistiques. 

 

PC058085L’artiste Geymann au milieu de ses oeuvres

 

PC058089Voici une vue globale d’une partie de son stand. Cela vous permettra de mesurer la variété de son oeuvre.

PC058082Geymann sculpte aussi des formes humanoïdes et ne se limite pas au champs des animaux – Isis – bronze

 

 

Les Sculptures animalières 

 

 

Ce guépard, dont l’esthétique joue avec les pleins et les vides, va à l’opposé des sculptures animalières classiques. D’habitude, les sculpteurs jouent avec la masse d’un volume pour mettre en lumière le mouvement. Ici, Bruno Cognée offre une parfaite gestion des « lignes de force » ainsi que dans le choix de l’absence de matière. En retirant le superflu, le cerveau comble les vides et travaille pour recréer la silhouette de l’animal. Plus vous regardez cette sculpture et plus vous la remplissez mentalement, ce qui rend service à l’ensemble de l’oeuvre, surtout dans la position de l’animal. 

PC058329Bruno Cognée 

 

Ce cheval, réalisé par Erwan André, avait des effets de matière et des reflets de toute beauté. Il y a une impression de grâce perçue par l’intermédiaire de la finesse de son appui. La délicatesse du traitement témoigne d’un souci du détail et d’une volonté de jouer sur les subtilités. La variation des traitements de la matière, en fonction des parties de l’animal, allège l’arrière et capture la lumière de la tête jusqu’au flanc. 

PC058068-bErwan André – Danse avec moi n°2 2010, métal, 42 x 38 x 19 cm

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Les artistes de l’Imaginaire

 

 

Cette toile de Patrice Servage, toute en détails et en précision, nous offre une vision apocalyptique de Paris. Les amoureux de la science fiction n’y verront qu’une interprétation de plus. Les techniciens de l’art y percevront un travail exceptionnel de matières et de reflets. Moi, j’y ai vu une oeuvre très puissante du point de vue de la narration. Le genre de tableau que commandait Georges Lucas lorsqu’il préparait sa fameuse saga Star Wars car il savait que, pour convaincre des producteurs, il fallait s’armer d’une documentation iconographique au fort pouvoir inspirant. 

PC058005-bPatrice Servage 

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Jacques Courtois propose un autre point de vue sur la ville, forcément plus actuelle que la toile précédente et plus proche de nous. Une critique sans détour de cette urbanisation à outrance où les rares espaces libres laissent place à un brouillard étouffant dont seules les grues arrivent à s’échapper, visuellement parlant. Le mouvement des véhicules vers la ville m’évoque aussi cette surpopulation qui crée d’horribles embouteillages chaque matin avec lesquels les citadins doivent composer chaque matin.  Les voitures se transforment alors en une masse compacte de carrosseries dont les klaxons ont l’art de rythmer les matinées. La route ouverte sur la droite pourrait être une invitation à prendre un autre chemin que personne ne cherche à emprunter. Récemment, la Chine a offert une vision apocalyptique de ses villes étouffantes. Paris réfléchit à revoir à la hausse la hauteur limite de ses bâtiments. Les oeuvres et les visions fictives n’ont jamais autant fait écho à l’actualité qu’en ce moment. Bientôt des masques anti-pollution en libre service ?

PC058009-bJacques Courtois 

 

 

Certains sculpteurs étaient répartis tout autour des stands et sur la partie surélevée du palais. C’est dans cette zone que j’ai trouvé une artiste qui a travaillé sur une chaise. Cela m’a rappelé cette tendance à végétaliser des objets du quotidien ou des symboles de notre société afin de leur conférer un sens différent voire magique, comme ici. La végétation n’est pas constituée de végétaux stabilisés ici mais par le biais de matières laineuses. Cette pièce faisait partie d’une plus grande série dont vous pouvez trouver des détails et d’autres oeuvres du même type sur le site de l’artiste, Sophie Touret. Celle-ci, d’une grande accessibilité, dispose d’un blog où elle met régulièrement à jour son actualité. Si vous désirez en savoir plus, n’hésitez pas à cliquer ici.

PC058146Sophie Touret

 

 

Les maîtres de la couleur

 

 

Du volume, de la couleur, mais quelle couleur ! Elle vous envahit et les nombreuses formes, avec leur traitement soigné des dégradés, nous emmènent dans un véritable carnaval de tonalités. On ne sait plus où regarder, alors on s’attache à reconnaître des formes : des mains, des visages, une poitrine, un bras… autant de morceaux de corps qui nous confortent dans l’idée que tout s’entremêle avec joie dans une splendide luminosité. Celle-ci m’a permis d’apercevoir cette oeuvre de Assenov Tsvetomir, en fin de journée, dans un grand palais assombri par l’heure tardive.

PC058242 Assenov Tsvetomir

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Cette oeuvre semblait tout droit sortie d’un rêve. Le nombre de personnages qui se dessinent dans cette oeuvre monochromatique est tout simplement bluffante. Ce que j’aime voir dans certains tableaux, c’est cette fausse simplicité où l’on croit que l’oeuvre a été faite en une heure, alors que Christian Hudelot témoigne en fait d’une vraie maîtrise de son art. Il est clair qu’ici cette mise en scène surréaliste est mise en place avec ce qu’il faut de couleurs et d’effets de matière. 

PC058251Christian Hudelot – La grotte aux 7 femmes

 

Dans ce chaos, émerge de la couleur, de cette effervescence une énergie palpable presque tangible. Il m’arrive aussi d’apprécier des oeuvres qui arrivent à communiquer des sensations ou encore qui peuvent, comme ici, exprimer des idées ou des mots. J’ai eu cette impression d’être face à un tableau qui exprimait cette anarchie de couleurs et de sentiments qui nous submerge lors de l’acte créatif. Pour moi, ce tableau de Kristina Sretkova a parfaitement mis en forme la notion d’origine de toute création. C’est du foisonnement, de la confusion et de la cohue que découlent par la suite des idées plus claires et organisées. Le gros plan vous montre les nombreuses couches de peinture qui démontrent l’envie de jouer sur plusieurs plans. 

PC058226Kristina Sretkova – Inspiring – dyptique

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Une autre vision d’une explosion de couleurs avec une gestuelle clairement lisible. On voit parfaitement comment l’artiste, Lysa Sarkis, a orienté chacun de ses gestes pour obtenir cette concentration de lumière vers le centre de sa toile. Je suis clairement fasciné par les oeuvres figuratives mais je ne rechigne jamais à accorder du temps à observer des toiles qui ne parlent qu’avec de la couleur et de la matière. C’est aussi un langage qui, lorsqu’il est libre et sincère, communique autant qu’une oeuvre aux contours clairement définis. Pour voir le site de l’artiste cliquez ici.

PC058191Lysa Sarkis – Colored Lights

 

Enfin, la surprise du salon a été le « wagon de Dali ». Si vous voulez en savoir plus sur ce projet, voici quelques liens pour voir l’histoire qui se cache derrière ce wagon. Vous noterez aussi que c’est par l’intermédiaire d’un système de « crowdfunding » que celui-ci est arrivé au grand palais. Nous reparlerons de ce système, ô combien avantageux pour les artistes en tout genre, dans un prochain billet.

http://www.dali-visions.dali-code.com

http://fr.ulule.com/le-wagon-de-dali

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