Montauban est une ville qui dispose en son sein de l’un des plus beaux joyaux de sa région, à savoir : le Musée Ingres. Ce dernier occupe un ancien Palais épiscopal du XVIIè siècle, lui-même bâti sur les vestiges d’un château érigé par les anglais lors de la guerre de 100 ans. Inutile de vous préciser qu’en terme de patrimoine, la bâtisse offre un caractère atypique. Véritable vitrine de l’œuvre de l’artiste Jean-Auguste-Dominique Ingres de son nom complet, né au sein de la ville en 1780. Le musée vous propose de découvrir certes les tableaux de l’auteur, mais aussi des expositions thématiques. Il dévoile notamment le processus créatif de cet artiste au remarquable talent. Auteur de la « Grande Odalisque » qui fait partie de ses peintures que tout le monde connait, sans pour autant que l’on soit capable de l’attribuer au peintre. Il est aussi l’une des figures emblématiques de l’histoire de l’art, et pénétrer ainsi dans son univers fut une expérience que je me devais de partager.
D’autant plus que le musée est en train d’opérer sa mue (depuis janvier 2017) pour évoluer et se mettre aux normes. Il faudra donc attendre jusqu’en décembre 2019 avant de pouvoir découvrir ses œuvres si vous ne les aviez jamais vu. Pour celles et ceux qui se demandent ce qu’ils auraient bien pu rater en n’allant pas à sa découverte en temps et en heure, voici pour vous un retour sur mon passage dans ce musée historique qui abrite une collection exceptionnelle de peintures, de sculptures et de dessins.
Le premier artiste avec lequel on entrait en contact dans le musée n’était pas forcément Ingres. Le rez-de-chaussée accueillait les œuvres d’un autre Montalbanais que les parisiens connaissent bien : Antoine Bourdelle. Sculpteur de talent dont l’atelier est devenu le musée Bourdelle qui accueille lui aussi régulièrement des expositions temporaires. Concernant les pièces au musée Ingres, elles sont assez connues puisqu’on peut y retrouver son fameux Héraklès Archer, présent dans de nombreux endroits en France. Toulouse a le sien (pour le voir cliquez ici) ainsi que le musée d’Orsay (pour le voir cliquez ici).
Une autre salle présentait des œuvres d’Armand Cambon. Un peintre qui avait des liens particuliers avec Ingres et dont la peinture s’inscrit dans un style équivalent. Pour en savoir plus sur lui, cliquez ici.
Lors de ma venue, une exposition était en place et présentait des regards différents d’artistes dont les œuvres faisaient référence aux peintures d’Ingres. Découvrir des dessins d’Ernest Pignon Ernest de cette taille fut pour moi une belle surprise. Étant un grand admirateur de l’un des fondateurs du street art, observer dans ces conditions des compositions de cette dimension était un vrai plaisir pour les yeux.
Des partis pris plus surprenants étaient visibles, comme ce télécran qui reproduisait la pose de la peinture « La Grande Odalisque ». Ou encore une installation vidéo où seule la bouche d’une peinture était animée. Voilà le type de productions que vous pouviez apprécier à l’époque. Nous verrons dans l’avenir si d’autres artistes proposeront différentes interprétations des œuvres du maître lors d’une future exposition.
Dans les étages, une toute autre atmosphère permettait de comprendre toute la beauté et l’ampleur de la peinture qu’Ingres était capable de produire. Les lieux étaient suffisamment spacieux pour prendre du recul et bien entendu mesurer la qualité des toiles. A force de prendre des photos de ce type de tableaux, il est toujours surprenant de voir que vos yeux perçoivent des couleurs et certaines formes. Et une fois chez vous, les agrandissements vous offrent des images plus détaillées et plus denses que celles que vous avez pu voir. Avec les tableaux d’Ingres, cette logique ne déroge pas à la règle et c’est chez moi, devant mon ordinateur, que j’ai découvert une richesse de détails et de profondeur que je n’avais pas aussi bien vu sur place.
Ingres était un perfectionniste. Dans ce « portrait de Madame Gonse », on ressent toute sa passion pour les détails et son mépris pour les approximations. Ce portrait est vivant autant par sa technique que par l’expression de ce modèle qui nous donne une autre indication. A savoir qu’Ingres avec sa peinture était un grand conservateur et qu’il tournait le dos à tous ceux qui souhaitaient rentrer en rupture avec la tradition de cette peinture néo classique.
En tant qu’artiste et en tant qu’enseignant, il ne privilégiait que la perfection de la beauté anatomique. Pourtant, cet amour pour les « beaux » corps ne l’empêchait pas de prendre des libertés au profit d’un idéal esthétique. Dans une peinture comme celle ci-dessous, (Roger délivrant angélique) la posture de la femme démontre comment ses libertés sont devenues aussi sa signature.
Les images de cette taille peuvent à peine transmettre la qualité de cette peinture d’un autre âge. Et je sais bien que présenter des images les unes à la suite des autres n’est pas la meilleure des options pour exposer ce type de réalisations. Cependant, je vais apporter quelques précisions, ne serait-ce que sur la scénographie. La pièce qui regroupait les peintures était parfaitement organisée pour que vous puissiez bien comprendre le travail de ce maître.
Quelques meubles de très grandes dimensions permettaient de voir les multiples dessins préparatoires. En observant un résultat, on croit souvent que le dessin ou encore la peinture ont directement été appliqués sur la toile. Si ceci était l’apanage de certains artistes, Ingres travaillait avec beaucoup de documentation sur différentes feuilles et ses dessins, comme ceux de ses élèves, étaient accessibles via un système de tiroirs.
Voici l’un des dessins qui a servi à la composition du tableau qui suit.
La dimension de la peinture était à l’image des deux de l’entrée principale : monumentale.
En passant d’une pièce à une autre, on ne pouvait que constater la beauté des lieux. La conservation de ce cachet architectural répondait parfaitement aux œuvres classiques.
L’artiste est toujours présent parmi ses œuvres et veille ainsi sur une collection d’objets qui nous rappelle la définition du mot « artiste ».
Ingres avait pour passion le violon. Lorsqu’il ne peignait pas, il pratiquait de son instrument si souvent, que l’expression « violon d’Ingres » est entrée dans le langage courant. Pour signifier un passe-temps favori, on en vient à dire par exemple : l’écriture est son violon d’Ingres. Un petit espace, à gauche de l’image ci-dessous, permettait de voir des objets chers au peintre : chevalet, boîte de peinture et, bien entendu, un violon confortablement installé dans un fauteuil.
Une pièce permettait de voir l’ensemble de la documentation qu’Ingres possédait. Des nombreux croquis permettaient aussi de saisir comment il cherchait et composait ses œuvres. Il n’était pas rare de voir des fragments de compositions ou des esquisses de postures, comme il était courant d’en voir à cette époque.
Ingres – Odalisque à l’esclave
Ingres – Odalisque à l’esclave
Montage provenant du fonds documentaire d’Ingres
Illustration provenant du fonds documentaire d’Ingres
Les amateurs de comics seront ravis d’apprendre que nous avons enfin la preuve que le Batgirl existe ! Si vos enfants n’aiment pas les musées, vous pourrez toujours leur dire qu’ils y trouveront des super héros 😉
Gravure provenant du fonds documentaire d’Ingres
La collection personnelle de l’artiste ne se limitait pas à la documentation papier. Des sculptures et des tableaux faisaient partie de son patrimoine. Cela tend à rappeler que les artistes sont aussi de grands collectionneurs. Et très souvent, les objets de leurs collections deviennent des sources d’inspiration.
Lors de mon passage, une autre exposition temporaire proposait de découvrir les trésors cachés du musée. Il y a des jours comme ça où votre calendrier vous offre des opportunités qui font le bonheur des amoureux d’art. Ainsi, j’aimerais vous présenter quelques pièces qui personnellement m’ont complètement captivé. Comme ce réflecteur de lumière : un objet simple mais qui d’après moi peut en inspirer bien d’autres.
Une armure japonaise et son luxe de détails côtoyaient non loin de là un Kimono au tissu d’une grande beauté.
Un zoom pour apprécier toutes ces petites touches qui nous rappellent à quel point le vêtement d’une culture à une autre est si différent.
De nombreux objets hétéroclites peuplent le musée Ingres et chaque pièce a son lot de surprises.
Alors que je pensais en avoir terminé avec les différentes pièces et étages du musée, un escalier m’a permis d’accéder aux deux niveaux en sous-sol.
Lorsque l’on arrive au dernier sous-niveau, une salle unique (la salle du prince noir) se présente devant vous, digne d’une série comme Game Of Thrones ! Le témoignage de ce passé médiéval est si puissant qu’on a du mal à imaginer les conditions de vie à cette époque. Et pourtant, les différents objets de cette salle (aussi cinématographique soit-elle) nous renseignent bien sur quelques réalités comme l’outillage servant à la torture…
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Street Art a réussi à s’introduire dans le musée. On pouvait apercevoir une mosaïque du street artiste Space Invader dans la cour et dans les escaliers du musée. Une présence qui se prolonge dans la ville où l’artiste a effectué quelques interventions, pour le plus grand plaisir des aficionados de son travail.
Et demain quel avenir pour le musée ?
La bonne nouvelle c’est que le musée est aujourd’hui clos pour une rénovation. Cela induit qu’il n’est pas prévu de le fermer de manière définitive dans les années à venir. Je le précise puisque les fermetures de lieux dédiés à l’art se multiplient un peu partout en France. Donc voici quelques images issues directement du cabinet d’architecture. Elles vous donneront un aperçu quant aux modifications qui seront effectuées sur le musée.
source images : Bach Nguyen Architecture
Et si vous souhaitez en apprendre encore un peu plus, vous pouvez lancer la vidéo ci-dessous qui est un petit reportage sur le sujet.
Pour consulter le document officiel traitant de la rénovation cliquez-ici
Pour voir le cabinet d’architecture sélectionné pour la rénovation cliquez-ci
Je ne sais pas où vous serez pour la réouverture mais en ce qui me concerne j’ai déjà mon billet ! Je n’ai qu’une hâte c’est de pouvoir comparer la disposition des œuvres et la scénographie pour réaliser un « avant-après », tout en images.
L’Art au-delà du Musée
L’art s’étend au-delà du musée et la ville de Montauban comme beaucoup de lieux de la région propose de belles découvertes au fil des rues. Ainsi vous pourrez admirer cette superbe mosaïque présente à l’extérieur de l’église de Saint-Jacques de Montauban en centre ville. Pour en savoir plus sur l’histoire de celle-ci, vous pouvez cliquer-ici.
Antoine Bourdelle
L’empreinte du sculpteur est présente dans différents endroits de la ville, et je ne peux que vous inviter si vous êtes sur Paris à aller visiter son musée. Au pire, revenez par ici dans quelques temps, quelque chose me dit que vous pourriez en voir quelques images.
Montauban n’est pas une ville qui communique beaucoup sur son patrimoine. Cependant, si vous passez dans cette région, n’hésitez pas à vous plonger dans cette ville qui, au-delà du musée, possède bien d’autres points d’intérêts. La sculpture y a une place presqu’aussi prépondérante que la peinture grâce aux œuvres d’Antoine Bourdelle. Elles peuvent être aperçues à différents endroits de la ville. Sachez aussi que des manifestations artistiques autour de la sculpture ont lieu dans la ville. En clair, comme beaucoup de villes de ce type en France, Montauban est un endroit qui a son charme pour peu que l’on soit curieux et prêt à s’émerveiller face à des œuvres d’art historiques et inspirantes. Rendez-vous ici-même en 2019 pour l’ouverture du musée !