Salon d’art contemporain : Mac Paris 2015 2


Le salon d’art contemporain Mac Paris est toujours pour moi une occasion unique d’approcher des artistes dans une atmosphère beaucoup plus confortable et conviviale que certains salons d’art parisiens. L’avantage du cadre ici c’est qu’il met tout le monde à égalité en terme de confort de présentation. Chacun peut se focaliser sur un message global, pour diffuser une atmosphère en corrélation avec sa démarche artistique. Lors de l’édition 2015, j’ai effectué de nombreuses entrevues de qualité, rencontré des lecteurs du site et surtout découvert de très belles choses. Parmi ces artistes, nombreux sont à suivre, d’autres se confirment et enfin certains m’ont touché. Se retrouver face à des œuvres d’art qui ont été comme définies pour vous est toujours déroutant. D’autant plus que vous pourriez les avoir chez vous, et les regarder tous les jours sans en être lassé.

Tout ceci ne serait possible sans le travail des organisateurs qui encore une fois ont sélectionné des artistes fascinants. En discutant avec l’un d’entre eux, j’ai enfin pu accéder à l’envers du décor de cette manifestation. Organiser un salon comme celui-ci nécessite des heures de bénévolat et une croyance en l’art qui va bien plus loin que la simple passion. J’ai pu découvrir que M. Hervé Bourdin est tout autant impliqué dans le salon que dans son œuvre. Durant cette édition, cette dernière se déclinait sous la forme d’une installation, comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessous. Il m’a fallu moins d’un quart d’heure pour comprendre que j’étais en face d’un artiste d’une grande honnêteté. Je n’ai ressenti aucun doute sur sa motivation à privilégier la qualité au détriment de la quantité.

Mettre en place un événement d’art contemporain qui soit au plus proche des artistes est un travail de longue haleine et chaque représentation ne fait que confirmer le professionnalisme de tous ceux qui s’impliquent dans cette manifestation. J’ai trouvé son attitude plus proche de ce qu’on serait en droit d’attendre de tous les organisateurs de salon. Mac Paris possède une réelle qualité d’accueil, d’écoute et de présentation. C’est assez exceptionnel et mérite d’être écrit ici. Les bons événements sont rares, alors saluons-les et fréquentons-les autant que nous le pouvons. D’autant que celui-ci est gratuit, donc accessible au plus grand nombre.

 

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Le salon s’organise toujours avec sa même logique de stands. Chacun possède la liberté de disposer ses œuvres comme bon lui semble. L’espace de circulation et le lieu se prêtent à toutes les possibilités, pour le plus grand plaisir des artistes et des visiteurs.

 
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Florence Vasseur

 

En s’approchant des dessins de Florence Vasseur, on a cette impression de percevoir une image spectrale figée dans la matière. Avec un peu de recul, ses dessins prennent un aspect photographique. On pense immédiatement à un traitement chimique similaire à celui que l’on utilise pour exposer une photo en noir et blanc. Pourtant c’est bel et bien un travail de plasticien qui, à l’aide d’outils traditionnels et couche après couche, permet aux ombres de prendre la forme que l’on voit ici. La représentation de ces visages dans cette épaisse masse de paraffine est beaucoup plus dense que ce que laisse penser les images publiées.

Il y a une véritable troisième dimension que l’on perçoit par le jeu des ombres, qui ne sont pas simplement prononcées à l’aide de graphite. Les contrastes sont travaillés les uns par dessus les autres, suivant un processus que l’artiste a développé pour donner plus de modelé à ses visages. Ces portraits sont donc constitués comme des œuvres aux multiples strates. Ce qui n’est pas sans nous rappeler que nos visages sont eux aussi marqués par les multiples couches d’expériences rencontrées dans notre vie.

 

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Cette artiste réussit à travailler un geste qui est reconnaissable au premier regard. L’image suivante vous démontre comment avec un support différent, elle arrive à obtenir un effet similaire. Les nombreux fils travaillés dans la verticalité amènent une impression de hachures comme on en trouve dans d’autres de ses croquis.

 

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Bien que cette artiste est capable de produire des œuvres d’art plus picturales, c’est définitivement son dessin qui m’a plu. Vous pouvez cependant découvrir le reste de ses créations en cliquant ici.

 

Pascal Andrault

 

Estampes, dessins ou gravures, Pascal Andrault cherche avant tout à manipuler les effets de surface et la texture, en limitant son choix colorimétrique. Certaines de ses pièces émergent à peine de l’obscurité. Elles n’en demeurent pas moins lumineuses quand elles représentent des visages. Il est difficile d’y voir des expressions dès les premières minutes d’observation. Il est beaucoup plus simple de voir des traits expressifs qui pourraient suggérer des traits de caractères. On s’est tellement accoutumé à l’idée d’apprécier des portraits classiques, qu’en percevant les siens on s’éprend d’une grande curiosité pour en découvrir toutes les facettes cachées. Et pour comprendre comment dans tout cet enchevêtrement se cachent une impression, un sentiment, un regard et tout ce qui est constituant d’un visage.

 
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On ne parle quasiment jamais des documents qui permettent de présenter le travail des artistes. Dans le cas de Pascal Andrault, ses documents sont de véritables books qui vous donnent un excellent aperçu de son savoir faire. Page après page, on découvre des œuvres intéressantes mais on comprend surtout l’importance de toujours disposer de moyens de qualité pour diffuser son art. Voilà une nouvelle preuve de l’importance de la prise en considération de l’expérience du visiteur. En repartant avec ce livre, je garde en tête une agréable rencontre. Et parmi mes multiples cartes de visites, il y a ce bel objet qui me rappelle de toujours garder un œil sur cet artiste.

 
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Celina Grimardia

 

Célina Grimardia apprécie indéniablement de prendre son temps pour mettre en image ses desseins dans son dessin. En s’approchant au plus près de ses illustrations, on visualise sans difficulté le soin apporté à la composition de ses images. Harmonieuses et bien agencées, ses œuvres échappent subtilement au décoratif pour installer une forme de rébus graphique où chaque détail est à prendre en considération.

 

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Ces tableaux, aux références clairement identifiables, arrivent à fusionner des univers graphiques qui se font échos les uns avec les autres. Que ce soit dans ses œuvres en noir et blanc ou dans celles en couleurs, elle n’hésite pas à travailler son trait pour insuffler à ses tableaux des rythmes visuels.

 

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Sa prédilection pour des formats de taille contenue lui permet d’ajouter de la finesse dans des parties déjà fortement détaillées. En abordant la nature, elle n’oublie pas d’y adjoindre une esthétique qui lui permet de créer ses propres mythes et légendes. Sur le plan plastique, elle travaille son rendu pour que les différents graphismes soit parfaitement lisibles.Vous pouvez découvrir d’autres œuvres de Célina en parcourant son site. Cliquez ici

 
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Bénédicte Klène

 

Les carnets de croquis de Bénédicte Klène sont de délicats paysages saisis avec légèreté. En exposant ses œuvres, elle nous offre une vision élargie sur des panoramas réduits à l’essentiel. Sa technique de croquis donne à voir des illustrations fines et justes, sur des points de vues qui s’en retrouvent sublimés. Le simple fait de déployer un carnet de croquis en accordéon, ou encore de présenter son illustration sous vitrine donne plus de cachet à son dessin. L’image ainsi valorisée vient à rappeler qu’elle pratique son art en extérieur. Elle ne se cantonne pas à essayer de dessiner une photo, avec le plus de précision possible, bien au chaud dans son atelier.

 
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Le travail qu’elle effectue par la suite dans son atelier est beaucoup moins conventionnel. L’artiste sélectionne un fragment de son dessin parmi l’un de ses carnets, qu’elle agrandit ensuite pour le retravailler. En agissant de la sorte, elle dépasse l’action qui visait à « croquer » la ville. Elle donne à son dessin une vision plus attendue d’une démarche artistique contemporaine. Cela nous révèle une autre facette de son talent en s’essayant à la production de dessins en grand format.

 

Mac-Paris-2015-P1150777Regardez attentivement la Tour Eiffel dans le carnet ci-dessus, et ensuite retrouvez-la en négatif dans sa version agrandie.

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Ces nombreuses sorties lui ont permis de remplir de nombreux carnets. Il était possible de les consulter et de prendre la mesure du travail effectué jusqu’à maintenant. Vous pouvez suivre son travail en cliquant ici.
 
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Laure Boin

 

Dans sa démarche artistique Laure Boin a pris le parti de jouer l’art de la suggestion. En basant son travail sur la manipulation des figures animales, elle propose des instantanés de la vie quotidienne qui ne manquent pas de piquant. Observer des animaux sauvages est assez intéressant, quand les physiques correspondent à des situations bien connues. On ressent tout le propos qu’elle souhaite nous livrer, quand l’artiste place un homme avec une tête de porc devant son écran et qu’elle continue en dessinant un groupe de femmes avec des têtes de chiennes dans une salle à manger.

 

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A lire la description de ces scènes, on pourrait croire que le discours est plus virulent qu’il n’y parait. Alors qu’en fait il y a de l’humour, et surtout peut-être l’envie d’évoquer l’âme humaine sous une forme plus spirituelle. Dans de nombreuses cultures, les animaux sont assimilés aux êtres humains. Chez les amérindiens et d’autres sociétés tribales, nous sommes tous rattachés à des animaux. Ces derniers peuvent nous accompagner, ou refléter la véritable nature de notre âme.

 

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En choisissant de positionner cet homme « porc » devant sa télévision, l’artiste peut chercher à illustrer plusieurs idées. La plus évidente viserait à représenter une personnalité. Elle peut tout autant évoquer ses pensées face à un programme télévisuel. On peut aussi supposer qu’elle nous informe sur cette société de consommation qui nous transforme en produit, prêt à être consommé…

 

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Toutes ces illustrations me rappellent les images anciennes que l’on retrouve dans les marchés de vieux papiers. L’ancienne télé et le traitement des nues m’avaient orienté vers cette idée. Et pendant une seconde, j’ai imaginé que toutes ces pièces étaient en fait des visions chamaniques de notre monde. Celui-ci représenté en noir et blanc, sans fard, mis à nu par une artiste qui avait pour mission de nous prévenir de certains comportements. Vous pouvez suivre le travail de Laure Boin en cliquant ici.

 

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Christian Kervoalen

 

Les œuvres d’art de Christian Kervoalen se déclinaient en deux séries différentes. Dans la première, ce sont des toiles toutes en couleurs qui baignaient dans une lumière intrigante. Celle-ci dirigée à des endroits précis était comme disposée afin d’attirer l’œil sur des situations, des scènes. Cependant, au-delà des moyens d’expression plastiques, la lumière mettait surtout en évidence le vide. Celui-ci devient un acteur clé, fondamental dans cette série puisqu’il n’en sera plus de même sur le reste du travail de cet auteur.

 
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Où sont donc les protagonistes de ces toiles ? Ils ont laissé derrière eux les portes ouvertes sur d’autres lieux, qui en deviennent inquiétants en raison du vide omniprésent des toiles. Il est étonnant d’apprécier une œuvre d’art dans laquelle l’acteur le plus important est celui que l’on ne voit pas. Celui ou ceux qui ne sont plus, mais qui laissent assez d’indices pour nous permettre de réfléchir aux raisons de leur départ. Notre imagination est parfaitement mise à contribution avec ce genre de tableaux.

 

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Toutes les interprétations sont possibles et nous autorisent à passer un peu plus de temps devant la toile. Ce qu’il y avait d’intéressant aussi dans le travail de Christian c’était de constater une forme de lien, voire de prolongement, entre ces deux séries très différentes. Avec ces peintures mettant en scène l’absence, on a l’impression de commencer une histoire qui trouve sa continuité dans une autre série d’œuvres.

 

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Bien que traitées de manière radicalement différente, ces peintures cristallisent le déplacement d’une population. Dans une réalité alternative, la couleur a disparu, ne laissant derrière elle qu’un monde en négatif. Illuminées par une teinte bleutée, des personnes tentent de se frayer un chemin dans une nature luxuriante et lumineuse. On a cette sensation d’assister au passage d’individus qui se dirigent vers un ailleurs inconnu. Sommes-nous les témoins d’une vision sublimée de la migration ou du trajet de peuples vers un autre monde ? La question se pose sans que l’on puisse trouver une réponse définitive dans cette série. La seule idée que nous pouvons interpréter de manière juste c’est qu’il est question ici de déplacement. Ces deux séries d’œuvres partagent au moins un point commun : un traitement de la lumière qui la rend aussi bien actrice que metteur en scène.

 
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Yanik Buttner

 

Je vous avais déjà parlé de cet artiste que j’avais repéré dans un précédent salon, l’an passé. C’est avec grand plaisir que j’ai enfin pu rencontrer l’auteur tout comme son œuvre. Elle était présentée autour d’une série cohérente et dans la même qualité de celle que j’avais déjà appréciée. On retrouve donc ces portraits féminins d’une grande complexité dans leur composition tout comme dans leur traitement. Les cadrages sont serrés, provoquant une perspective déformée. Certains tableaux pourraient être présentés à l’envers que vous n’en seriez pas plus étonné. La nudité et les jeux de regards vous plongent dans une situation où l’on vous propose une vision immersive et non intrusive. Vous n’êtes pas dans une situation de voyeurisme mais plutôt dans celui de l’invité.

 

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Cette imagerie vous invite à trouver les justes contours de chacun des visages qui se superposent. Si dans un premier temps cette esthétique surprend, elle vous séduit comme lorsque vous vous trouvez face à une illusion d’optique en 3D. La tridimensionnalité est ici mise en place non pas par un procédé technique mais par une maitrise de la peinture à l’huile. Couches après couches, elle révèle des images aux accents photographiques. On pense naturellement à une forme contemporaine de portraits à la Bacon, avec en plus le goût pour ne pas en faire trop. En déformant ses visages, Francis Bacon cherchait à les rendre plus expressifs et plus humains qu’il n’y paraissait. C’est exactement ce que j’ai ressenti en voyant cette série. J’ai eu la sensation d’y voir des souvenirs en mouvement que seul votre cerveau est capable d’organiser de cette manière.

 
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Yanik Buttner est un artiste qui fait partie de ces rares auteurs à pouvoir jouir d’une double compétence : pouvoir enseigner en tant que formateur 3D parallèlement à son activité de peintre. A la vue de ses travaux, nul doute que ses capacités de perception en volume lui autorisent de jouer avec les couleurs et la composition pour réaliser des toiles originales. J’apprécie grandement quand un auteur ne visualise pas son travail dans une finalité purement commerciale.

 
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Ici, il y a une prise de risque dans le choix d’une thématique aussi classique et codifiée que le portrait. Car cela pourrait ne pas plaire à tout le monde. Plus que jamais, c’est ce que l’on attend dans des salons où ce qui est exposé vous rappelle quelque chose que vous avez déjà vu, mais que vous n’arrivez plus à situer. Cette peinture si propre à son auteur par son identité visuelle restera dans la mémoire de ceux qui l’apprécient, autant que dans celle de ceux qui le critiqueront. N’est-ce pas là le rôle de l’auteur au 21e siècle ? Susciter des réactions qu’elles soient plaisantes ou non. Pour consulter son site, il vous suffit de cliquer ici.

 
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Raphaele de Gastine

 

Rafaele de Gastine possède un talent de composition qui ne déplairait pas à de nombreux metteurs en scène. A la vue de ces tableaux, j’avais l’impression de retrouver un univers proche de celui de David Lynch. J’apprécie ce genre de peintures où se cachent des symboles dans des compositions équilibrées. La couleur et la facture de cette artiste insistent avec une certaine maitrise sur des points clés

 
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Certains de ses tableaux cumulent des éléments et symboles récurrents comme : un personnage central, un lien physique avec la terre et un autre avec un élément naturel. Qu’elle soit féminine, masculine ou enfantine, la figure est liée à la nature, comme pour indiquer que notre rapport avec elle nous concerne tous.

 
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Dans ces toiles, il y a une correspondance complexe entre l’être humain et son environnement. Cela peut évoquer une situation préoccupante comme dans l’œuvre ci-dessous. On peut y lire une critique de notre société de consommation par le biais d’une centrale électrique en arrière plan. Le ciel qui s’obscurcit est ici comme annonciateur de mauvaise nouvelle. Le bonzaï en pot pourrait évoquer une nature lente, qui est en opposition avec nos désirs d’instantanéité. L’homme enchainé à cette nature sous contrôle, rappelle qui est le véritable dépendant de l’autre. Si nous avons l’impression de maitriser la nature, au final c’est nous qui avons impérativement besoin d’elle et non l’inverse.

 
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Dans ce tableau, la montée des eaux, les arbres penchés et le ciel chargé sont des symboles plus apocalyptiques qu’encourageants. Il y aurait beaucoup à dire sur l’art de Raphaele de Gastine. Le mieux est peut-être tout simplement de se faire sa propre opinion en se rendant sur son site en cliquant ici.

 
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Laina Hadengue

 

Deux femmes qui pourraient représenter deux continents, voire deux cultures, se font face sans haine ni provocation. Elles sont liées par une corde, peut-être pour nous indiquer qu’il faut sauter le pas. Autant pour nous que pour elles d’ailleurs. Elles doivent s’accepter, se comprendre mais surtout entendre qu’elles font partie du même monde. Et donc forcément elles viendront malgré tout à partager les mêmes combats qui vont bien au-delà des frontières et des apparences. L’une d’entre elle a son journal « libre » pour s’informer, l’autre a son smartphone pour assurer sa liberté de penser. Cette œuvre dans notre contexte actuel ne peut que porter à toutes les interprétations. On en retiendra que l’artiste a eu la sagesse de ne pas influencer notre perception de la scène en rendant l’une ou l’autre des femmes en situation de faiblesse.

 

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En voyant cette peinture, et en particulier cet arrière plan vide de toute humanité, on ne peut que penser à la citation qui dit : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Cette femme regarde ce couple d’oiseaux avec nostalgie, et face à elle une urne funéraire en lévitation… comme le souvenir d’un récent décès. Le plateau sur le lit avec son service pour deux, disposant l’une des deux tasses retournée à coté de son verre vide. Le plateau, à lui seul, avec son autre tasse et son verre plein pourrait dire que malgré tout la vie continue. Au loin, on devine des centrales nucléaires encore fumantes fonctionnant par paire. Cette illustration du deuil est peut-être la plus belle que j’ai pu voir en salon. Une superbe toile qui, au-delà des symboles, possédait une incroyable gamme de couleurs et un luxe de détails sur le corps de la femme.

 
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Roda Anne Christine

 

La question est souvent la même, et nous la posons tous inlassablement face à ce type d’œuvre : quel est l’intérêt ? Pourquoi prendre des heures à représenter avec une minutie et une précision chirurgicales, ce qu’un appareil photo pourrait faire en moins d’une seconde. Quand vous êtes face à un tableau aussi précis, vous devez toujours dépasser la technique, vous focaliser sur le message et chercher l’étincelle. Celle qui va vous donner le point de départ d’une accroche qui vous permettra d’y trouver votre intérêt. Dans une série d’images comme celle-ci, on doit bien prendre en considération un point important. Combien de femmes non retouchées, réelles, communes à l’environnement que l’on fréquente sont représentées en peinture ? Aujourd’hui, dans ce monde de « photoshop », de retouches à outrance, la photographie n’indique plus rien. Elle permet certes de démontrer le savoir d’un photographe qui est devenu graphiste, mais elle ne montre plus cette chair. Celle qui possède un grain de peau, des défauts de vieillesse, des petits accrocs de la vie : de la cicatrice aux séquelles d’une maladie.

 
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C’est justement ce que l’on voit dans cette peinture. On y perçoit le réel qui se fait absent de la photographie contemporaine. Un comble que l’outil qui soit le plus apte à démontrer la réalité soit devenu l’accessoire de prédilection des fabricants de fantasmes. Et que l’outil du peintre, que l’on disait condamné, soit devenu le meilleur accessoire au service du vivant. Ces femmes ne sont pas des représentations inanimées sur un bout de toile. Elles vibrent d’une énergie picturale qui leur donne la vitalité qui vous pousse à les découvrir au plus près. La beauté de ces femmes réside avant tout dans leur capacité à ne pas vous faire détourner la tête. On est loin d’être mal à l’aise devant cet éloge de la vie, du temps qui passe, qui déforme mais qui ne condamne pas.

L’histoire ne se termine pas quand notre corps évolue, elle prend juste un autre chemin. Exactement comme ici où la peinture a pris le chemin inverse de celui des canons de la mode. On vous expose le monde des vivants, de celles qui ont vécu et de celles qui vivront demain. En clair, on vous offre l’opportunité de voir une réalité sans fard, juste au cas où vous auriez le regard trop embrumé par de multiples illustrations erronées du corps féminin. Pour suivre son travail et voir d’autres œuvres toutes aussi impressionnantes, vous pouvez consulter son site en cliquant ici

 

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Conclusion

 

Une fois de plus, le salon ne m’a pas déçu en terme de découvertes et d’émerveillement. Depuis que je fréquente ce salon, je ne cesse d’y voir une implication progressive des organisateurs qui, dieu merci, ne se laissent pas tenter par des sirènes commerciales. Au lieu d’augmenter le nombre d’artistes et de créer une sorte d’usine artistique, ils développent une formidable énergie pour éviter de sombrer dans la facilité. Quand on reçoit de nombreux dossiers, proposer des artistes de qualité n’est pas une tache aisée. On les remerciera donc de ne pas tuer le plaisir du spectateur et du collectionneur à la recherche de pièces d’exception.

Non content de vous proposer l’une des meilleures sélections de la capitale en matière de professionnels des arts, ils s’essaient à d’autres lieux et d’autres types de présentation d’œuvres d’art. Puissiez-vous avoir le temps de vous rendre dans cet incontournable rendez-vous, et ainsi découvrir autant de talentueux artistes que j’ai pu en découvrir l’an passé. Il ne vous reste plus qu’à prendre note de la prochaine édition qui se déroulera du 24 au 27 novembre 2016.

Pour en savoir plus cliquez ici pour accéder au site de l’événement et obtenir par la même occasion la liste des artistes présents.


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2 commentaires sur “Salon d’art contemporain : Mac Paris 2015

    • Antoine Titus Auteur de l’article

      Merci à toi Yanik, je me souviens très précisément de tes toiles, et je ne pouvais qu’inviter un maximum de personnes à connaître ton travail. Il est clair pour moi que dans l’avenir on entendra parler de tes peintures, ce n’est qu’une question de temps 😉