Une fois de plus, Olivier Ledroit nous enchante cette année avec la sortie de son nouvel ouvrage : Au-delà des Contrées du Crépuscule. Ce recueil est composé d’illustrations, d’esquisses et de planches réalisées au fil des quinze dernières années. La dernière parution d’un livre aussi dense le concernant datait de 2007. Alors, autant dire que beaucoup d’entre nous attendaient ce livre avec impatience.

D’autant plus que nous étions nombreux à souhaiter acquérir un Artbook mis à jour et plus varié que ses récentes publications. Même s’il est vrai qu’au cours de ces dernières années l’auteur a été plus que productif. Plus précisément, il a publié des recueils d’illustrations comme « Fées et Amazones », ainsi qu’une nouvelle version de « Belles de Nuit » sortie cette année. Cela nous a offert de quoi patienter, mais ne pouvait satisfaire pleinement ceux qui attendaient un ouvrage multi-thématiques.

Un talent maintes fois présenté sur ce site

Je ne vais pas à nouveau détailler en long et en large ici tout le bien que je pense de l’oeuvre d’Olivier Ledroit. Étant donné que vous avez déjà au sein de ce site 5 articles, rédigés au fur et à mesure des années. Si bien que les différents événements couverts vous permettront de voir des originaux présents au sein même de l’Artbook.

J’ai déjà décrit dans quelle mesure il est à mes yeux un artiste majeur. De plus, j’ai largement expliqué pourquoi son art déborde depuis longtemps des cases du secteur de la bande dessinée. Malgré tout, je saisis l’occasion de cette sortie pour démontrer une fois de plus l’envergure de son talent, et dans une certaine mesure le foisonnement d’artistes talentueux dont on dispose dans le 9e art.

Olivier Ledroit est un auteur qui ne cesse de nous prouver à quel point il est prolifique. Nous ne pouvons que saluer sa capacité à produire des oeuvres aussi denses tout en passant d’un univers à un autre. Cependant, il manquait un livre synthétique. Une sorte de pièce maitresse qui aurait permis de mettre à jour ses capacités illustratives, tout comme ses derniers projets. Avec cet Artbook c’est maintenant chose faite. Nous allons voir ensemble comment et pourquoi tout amateur d’Art et de BD se doit de l’avoir dans sa bibliothèque.

Un livre magnifique qui émerveille sur tous les plans

Grâce à l’image ci-dessous, vous pouvez déjà prendre la mesure de la différence de taille entre l’ancien et le nouvel Artbook. On se rapproche petit à petit de l’ouvrage monographique des grands maîtres. Et tout a été pensé pour le plaisir des lecteurs. Les textes sont rares mais précieux. Chacune des personnalités sélectionnées s’exprime avec mesure et justesse. On en viendrait à se demander pourquoi est-ce qu’il n’y en a pas plus.

Dans tous les cas, la part belle a été laissée aux oeuvres et celles-ci se déclinent dans tous les formats. Comme on peut s’en douter, Olivier Ledroit ne sait pas faire dans la simplicité. Il peut passer d’une esquisse somme toute classique pour composer une oeuvre titanesque par la suite. C’est pour cela que les doubles pages prennent tout leur sens et tentent de contenir des formats hors normes dans un cadre conventionnel.

Dans l’ensemble, le livre fascine et interpelle. Sa taille et ses nombreuses pages indiquent clairement des ambitions à l’image de son format XXL. Et c’est exactement le genre de publication que l’on consulte en prenant son temps. C’est donc naturellement ce que j’ai fait. J’ai pris soin de regarder chacune des illustrations en détail. Cela m’a conduit à reconnaitre un style, un genre et forcément des compositions. Comme tous les auteurs de BD, Olivier Ledroit est capable de faire évoluer ses personnages dans différentes postures et décors. Alors les retrouver d’un livre à l’autre dans des scènes plus complexes est un exercice qui lui va très bien.

Des personnages, des univers et une technique qui fascinent toujours autant

Ceux qui sont habitués à ses travaux seront ravis de retrouver des figures bien connues de ses publications. Il est à noter que ses compositions sont toujours aussi dynamiques et référencées. Sans parler de sa capacité à toujours retrouver cette identité graphique si caractéristique de son oeuvre. En effet, on pourrait même ressentir une forme d’ode à la lumière tant celle-ci guide chacune des peintures présentées.

Des images à découvrir sous différentes mises en page

Pour notre plus grand bonheur, certaines images ont été traitées dans leur verticalité sur des doubles pages. Je pense que c’est un choix judicieux d’autant qu’il donne une visibilité dans le plus grand format possible.  Cela nous permet aussi de voir avec quelle précision certains effets sont réalisés. En outre, cela permet de prendre à nouveau conscience du potentiel pictural de ses dessins.

Tout en constatant que l’impression avait réussi à rendre honneur aux effets de matières. On retrouvera donc naturellement des peintures hautes en couleurs, agrémentées de détails en reliefs parfaitement identifiables. Exactement comme cela était le cas lorsque j’ai découvert les originaux en galerie. D’ailleurs, si vous souhaitez voir cette planche plus en détails, elle est toujours visible dans l’article qui est dédié à cette exposition. Pour la voir, cliquez ici.

La variété des illustrations présentées nous permet d’accéder aussi bien à des peintures qu’à des esquisses. Celles-ci s’inscrivent à chaque fois dans des thématiques différentes. Cela nous permet à la fois de constater une habileté ainsi qu’une aptitude à passer d’un style graphique à un autre.

Des travaux mis en valeur dans le respect des originaux

L’image ci dessous représente une peinture aperçue lors du salon Art Paris Art Fair, au grand palais en 2016. Ainsi on peut s’apercevoir que la proportionnalité et le rendu couleurs sont très proches de l’original. La division centrale peut être perçue comme gênante à la lecture de l’image. Cela sera en fonction du goût de chacun. Au-delà des choix de mises en page, on appréciera en tout cas la possibilité d’avoir une visibilité maximale des détails dans ce format.

Un point à la fois négatif et positif 

Les images parlent d’elles-mêmes. Les oeuvres de Ledroit épousent parfaitement la logique des doubles pages. D’un autre coté, certaines images sont pensées au format panoramique avec une figure centrale. Ceci étant dit, vous comprendrez que dans certaines situations un personnage peut se retrouver parfaitement coupé en deux.

Ces images ne sont pas nombreuses mais démontrent aussi la difficulté de présentation des illustrations de Ledroit. Par conséquent, pour apprécier certaines scènes il faut relativement bien appuyer au centre du livre. C’est un détail anodin pour un éditeur. C’est un détail important pour d’autres. En ce qui me concerne, c’est le seul point négatif en terme de fabrication du livre.

Certains s’étonneront peut-être de l’absence d’illustrations récentes et emblématiques. Je ne considère pas ceci comme étant un point négatif. Puisque nous ne savons si c’est à cause du cahier des charges de cette publication, ou si c’est un choix de l’artiste.

Qui plus est, je pense que dans ce format le volume de pages aurait très certainement influé sur la hausse du prix de vente. J’admets qu’un pavé de plus 500 pages comme celui de Manara (vu chez le même éditeur) m’aurait encore plus ravi. Néanmoins, n’ayant aucune lisibilité sur les coulisses d’un tel projet, il est difficile de s’exprimer longuement sur ce sujet.

Un livre qui révèle un potentiel bien plus grand qu’il n’y paraît

Au fur et à mesure des pages, je me suis aperçu d’une réalité propre à cet auteur. Tant et si bien que celle-ci m’a poussé à une simple interrogation. Est-ce qu’un livre « standard » peut vraiment transmettre toute l’expérience de cet artiste ? Ainsi que toute la force de son travail ? Je pense sincèrement qu’à terme cette question devra être posée afin de déboucher sur un nouvel objet.

Nul doute que le support papier reste une valeur sûre pour cet artiste. Cependant, j’attends le moment où quelqu’un lui permettra d’aborder son oeuvre sous d’autres dimensions. Après tout, n’est-ce pas le réalisateur Jan Kounen qui introduit son point de vue dès le début de l’ouvrage…

Il y a de quoi faire avec l’oeuvre d’Olivier Ledroit et ce nouveau livre le démontre une fois de plus. Pourtant, en fin de lecture il y a une dernière chose qui m’a interpellé. J’ai le souvenir précis d’adaptation en volume de certains de ses dessins. Cela pouvait être aussi bien des armes que des sculptures.

Et je me demande pourquoi il y a eu ce choix de ne pas les intégrer dans cette publication. Je sais bien que de toute manière le livre ne pourra jamais contenir plus d’une décennie de productions. Malgré tout, je me plais à croire qu’il y aura de toute façon d’autres livres et inédits à publier. Et à ce moment là, qui sait, peut-être que l’on découvrira ces objets sous la meilleure des présentations.

Conclusion

Comme vous avez pu le lire, j’ai tenté de vous présenter du mieux que je le pouvais cet Artbook. Il ne faut pas oublier que le livre fait 322 pages. Aussi les images présentes ici ne sont vraiment qu’une fraction de ce que vous pourrez trouver à l’intérieur. J’ai évoqué des points positifs et tenté d’apporter un regard critique en étant le plus objectif possible. Maintenant, il ne tient qu’à vous de plonger dans cet univers où des mondes entiers ne demandent qu’à vous émerveiller. Quoiqu’il en soit, nul doute que le livre sera un bestseller. Et pour s’en convaincre, il suffit de se renseigner sur sa disponibilité.

Du fait de la notoriété d’Olivier Ledroit, le livre est déjà en rupture de stock. Y compris dans sa version collector à 666 exemplaires. Il faut souligner que cette rupture de stock était visible le jour de sa sortie (mercredi 6 décembre) dans toutes les Fnac… Et c’est in extremis que j’ai pu obtenir un exemplaire. En définitive, ne tardez pas trop à réfléchir si les images vous parlent… parce qu’il n’y en aura pas pour tout le monde 😉

Au-delà des contrées du crépuscule

Pour aller plus loin : 

Exposition 2014 Wika à la Galerie Glénat : cliquez ici

Exposition 2015 Fées et Amazones à la Galerie Glénat : cliquez ici

Exposition 2016 Wika et les fées noires à la Galerie Glénat : cliquez ici

Exposition 2019 Wika à la Galerie Glénat : cliquez ici

Exposition 2023 Le Troisième oeil à la Galerie Barbier : cliquez ici