Katsuhiro Otomo
Pour présenter Katsuhiro Otomo de manière courte, on peut facilement dire qu’il fait partie des rares légendes encore vivantes du neuvième art. Officiant au Japon en tant qu’auteur de manga, il a successivement investi différents postes passant dans le monde de l’animation, en tant que réalisateur, adaptant ainsi ses propres productions dont il a aussi écrit les scénarios. Il a marqué toute une génération avec un seul titre : Akira. Cette histoire résonne dans tous les esprits de ceux qui ont grandi pendant cette grande époque où le manga était autant apprécié que décrié. Akira a été adapté au cinéma à la fin des années 80 et aujourd’hui encore il fait autorité sur des plans et des séquences devenus cultes. Rappelez-vous qu’à cette période il n’y avait pas les nombreux titres que l’on peut trouver aujourd’hui dans les rayons de sa librairie. On peut même dire que c’est justement grâce à son travail que l’animation japonaise est passée dans l’âge de la maturité, tant sur le plan du scénario que dans la mise en scène.
Dans l’esprit des fans du genre, Akira est aussi important au manga que Star Wars l’est au cinéma de science fiction. Si vous n’avez jamais entendu parler du film ou bien de l’œuvre, ce n’est pas grave en soi. Les éditions Glénat vont rééditer les volumes comme ils sont apparus pour la première fois au Japon, en respectant au maximum l’œuvre originale. Étant possesseur d’une ancienne version recolorisée, voir ce monument ressortir dans de meilleures conditions sera toujours un bon prétexte pour retourner à la bibliothèque. Arte, chaîne bienveillante, vous permet de revoir le film par le biais de son Replay (visible en suivant ce lien) et Youtube a même proposé le film (disponible ici pour le moment) en intégrale HD gratuitement sur son réseau. Si vous arrivez à échapper à la vague Akira qui va reprendre en puissance dans les mois à venir, il y a des chances pour que vous croisiez quelques jeunes avec des tee-shirts représentant une pilule ou les personnages du film.
En attendant, ce qui m’a amené encore une fois dans la galerie Glénat, c’est évidemment cet hommage rendu par une longue liste d’auteurs qui ont répondu présents à cet appel. J’avoue qu’à ma connaissance aucun artiste n’aurait refusé un tel challenge, et le résultat est à la hauteur de ce qu’on pouvait en attendre. De beaux orignaux, dont certains qui m’auraient fait faire un virement s’ils n’avaient pas été vendus avant mon arrivée. Qu’à cela ne tienne, à défaut d’en avoir chez moi, je vous en offre quelques uns en images pour vous donner une idée de cette exposition qui aurait mérité de voyager plus loin qu’au sein de deux villes. Les Angoumoisins l’ont découverte pendant le festival de la BD d’Angoulême, les parisiens la découvrent actuellement, et aucune autre date n’est prévue dans d’autres lieux. Toutefois, un catalogue en édition limitée (999 exemplaires) compilant l’ensemble des illustrations est disponible en exclusivité à la galerie. Dans une ville tourmentée, un peu de fraicheur artistique ne fait de mal à personne. Cet hommage arrive donc à point pour se changer les idées.
Keramidas
Certains auteurs n’ont pas hésité à sortir des sentiers battus pour proposer des images plus atypiques que les autres.
Gloria Pizzilli
Voici une vue globale du mur principal. Il vous donne un indice quant à l’échelle des œuvres
les unes par rapport aux autres, avec au centre celle du maître.
Gimenez
Gimenez nous fait ici un dessin au style reconnaissable au premier coup d’oeil. Avec une moto qui dévoile un aspect mécanique, qui n’est pas sans rappeler le traitement graphique de sa série phare « La Caste des Métas Barons ». J’admets volontiers que ce petit dessin fait partie de mes favoris.
Bannister
Très belle réalisation ici pour Bannister qui pose une fois de plus cette moto emblématique dans un décor soigné. La lumière est particulièrement bien gérée dans son image. Voilà exactement le genre d’hommage qui démontre qu’il y a de très nombreux talents capables de s’approprier un univers aussi dense que celui d’Otomo.
François Boucq
Un auteur historique comme François Boucq (grand prix de la ville d’Angoulême en 1998) s’est aussi essayé à l’hommage en proposant un dessin assez fin et léger comme il a l’habitude d’en réaliser.
Julien Lois / Joël Jurion / Thierry Martin
De nombreux petits formats, d’auteurs moins connus, sont encore disponibles à l’heure où j’écris cet article. Ils sont à des prix accessibles pour ceux qui souhaiteraient commencer une collection.
Stéphane Levallois
Cette image reprend une illustration connue du manga. Malgré tout, en la réinterprétant en couleurs, elle reste toujours aussi appréciable à regarder.
Montaigne
La ville, les motos, les gangs, la drogue, la destruction… autant de thématiques différentes qui reviennent souvent dans les illustrations car elles sont aussi les plus marquantes à la lecture du manga.
Luigi Critone
Les illustrations sont proposées dans une variété de tailles et de styles qui donne envie d’en savoir un peu plus sur les illustrateurs qui sont derrière ces images. Au vu du nombre contacté pour cette exposition, je ne pourrai malheureusement pas tous les présenter. Cependant, je ne peux qu’inviter les plus curieux à aller voir plus loin que leurs images réalisées pour l’occasion. Certains ont des identités graphiques beaucoup plus surprenantes dans leurs travaux personnels que ce qu’ils ont soumis à la galerie.
Vincent Perriot
Dilraj Mann
Simone d’Armini
Aleksi Briclot
Aleksi Briclot qui est l’un des auteurs les plus éclectiques de cette sélection propose un dessin simple mais efficace. Il est très certainement plus connu pour son travail dans le domaine du jeux vidéo que dans celui de la bande dessinée. Pourtant, je ne peux que vous encourager à retenir son nom et à suivre son parcours. Vous pouvez d’ailleurs en voir l’étendue sur sa page wikipédia en cliquant ici. J’ai dans ma bibliothèque un « Artbook » retraçant l’ensemble de ses travaux. Vous pouvez me croire, Aleksi est à mon avis l’un des meilleurs auteurs français de sa génération. Qui sait, peut-être qu’à l’occasion d’une expo ou d’une sortie de livre je vous en parlerai plus en détails dans un article qui lui sera dédié. En attendant, essayez de vous procurer son livre World & Wonders, vous ne serez pas déçu du visionnage.
Olivier Ledroit
Olivier Ledroit n’a pas fait dans la demi mesure avec cette immense illustration pleine de détails. Habitué de la galerie, vous pouvez accéder aux deux articles le concernant en cliquant ici ou encore ici. Il a ainsi délivré une œuvre qui mélange des genres avec lesquels il est de plus en plus à l’aise en ce moment. Un aperçu de ce qui nous attend bientôt avec sa prochaine expo programmée quelques mois après la rentrée. Il n’est pas le seul à avoir exposé une grande illustration puisque d’autres se sont essayés au grand format comme Liberatore ou encore Vincent Mallié.
Une exposition qui marquera pour de bonnes raisons et rappellera qu’un classique peut toujours inspirer quand on sait comment l’exploiter. Cette mise en valeur, à laquelle suivent deux éditions d’ouvrages, est une initiative que l’on souhaiterait voir beaucoup plus souvent. Qui sait, cela donnera peut-être des idées à d’autres et poussera en même temps la profession à penser ses rééditions en événements plutôt qu’en une simple mise en rayon.
Pour conclure, rien ne vaut un petit trailer de 1988 pour découvrir une œuvre phare ou pour se rafraichir la mémoire.
wouhou !