Philippe Charbonneaux fait partie de ces personnalités qui fascinent autant les passionnés de design que les passionnés d’automobile. Je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai entendu parler de ce designer. C’était dans une émission toujours visible aujourd’hui, « Turbo », au sein de laquelle il présentait son concept de fin de carrière de voiture elliptique. La forme à l’époque m’avait marqué non pas tant pour le concept mais plus par cette forme improbable qui ne ressemblait à rien de ce qui roulait alors.
Ne rien faire comme les autres et pousser l’innovation aussi loin qu’il le pouvait étaient dans les habitudes qu’entretenait ce designer encore trop méconnu de nos jours. Aujourd’hui, c’est grâce à sa famille et face à la qualité de l’ensemble de son travail que son œuvre entre enfin au musée. Je ne comprends toujours pas pourquoi les Français s’obstinent à effacer tous ceux qui ont participé à son rayonnement durant le 20ème siècle. Mais une chose est sure, c’est qu’il y a de nombreux auteurs et peu importe leur discipline qu’il va falloir révéler au public, d’une manière ou d’une autre. Il est primordial que la population française comprenne enfin que son patrimoine est beaucoup plus large et varié que l’héritage du siècle des lumières. On a vu par exemple les allemands récemment célébrer Paul Bracq, un autre grand designer (qui signe la préface du livre) honoré par la société BMW en Allemagne… L’expression « nul n’est prophète en son pays » semble à nouveau prendre tout son corps ici plus qu’ailleurs.
En ce qui me concerne, il ne m’a pas fallu bien longtemps avant de me diriger à la caisse avec cet exemplaire. Ce genre de livre est une aubaine pour les passionnés de design car il nous permet aussi de saisir des influences et des chronologies esthétiques à travers le temps. Il n’y a qu’à voir l’influence de l’aviation et les normes de sécurité toujours plus contraignantes pour comprendre qu’on ne dessinera jamais plus une automobile comme il y a 50 ans. Comparez une automobile d’hier et d’aujourd’hui et vous verrez qu’il n’y a pas que les options et les formes qui évoluent. D’un point de vue des proportions tout a changé. L’exemple de la Mini en est un parfait cas d’école puisqu’elle n’a aujourd’hui de mini que le nom. En ce qui concerne la qualité graphique et la mise en page du livre, je me suis permis de prendre quelques images pour vous démontrer la variété des illustrations et l’ensemble de la documentation que vous pourrez découvrir au fur et à mesure des pages.
Illustrations, peintures, esquisses et coupures de presse de l’époque… rien n’a été mis de coté pour remettre en perspective les projets avec l’époque durant laquelle ils ont été réalisés. La mise en page est agréable et réunir autant de documents dans un seul recueil conforte dans l’idée que celui-ci a été réalisé dans l’optique de rendre un hommage complet. L’histoire et le parcours de Phillippe Charbonneaux sont parfaitement compréhensibles et permettent aussi de voir comment il a su imposer un style à une époque où tout était à faire.
Ce type de livre n’est pas à prendre comme un livre d’inspiration, mais plutôt comme le livre que beaucoup de designers auraient voulu avoir sur les bancs de l’école. Abondamment illustré et riche autant en dessins qu’en images, il ravira tous ceux qui considèrent l’automobile comme autre chose qu’une industrie. Quelque chose me dit que ce livre ne sera pas disponible pendant longtemps. Si vous êtes un passionné d’automobile, dépêchez-vous de vous le procurer avant qu’il ne tombe en rupture de stock. Sinon, vous finirez par écumer les librairies d’occasion dans l’espoir de tomber dessus.