Exposition Alex Alice, « Le Château des étoiles »


Alex Alice est un auteur connu, respecté mais surtout très prolifique. Après avoir marqué les esprits avec Le Troisième Testament, enchanté ses lecteurs avec Siegfried, il a définitivement amorcé un virage aussi bien qualitatif que quantitatif avec son dernier projet Le Château des étoiles. Une histoire originale qui est venue à l’auteur en 2008, mais qui nécessitera des années de recherche et de réflexion. Aboutissant ainsi à la délivrance d’un premier opus en 2014. Cette exposition exceptionnelle organisée par la Galerie Daniel Maghen qui s’est déroulée à l’espace Commines était une occasion unique. Celle de voir d’un seul tenant l’ensemble des planches et objets réalisés pour bâtir cette histoire.

 

Un récit qui met en scène une vision alternative de la conquête spatiale au 19e siècle. Partant de ce fait, Alex Alice s’est autorisé la création d’un univers où les technologies sont liées aux croyances de cette époque. Il pousse sa réflexion en y ajoutant des ponts historiques, et délivre ainsi une œuvre digne des maîtres dont il s’inspire. En effet, l’auteur n’a jamais dissimulé son intention de s’inspirer des grands romans de Jules Verne. Tout comme il a toujours bien accueilli que l’on rapproche son graphisme de l’auteur japonais Hayao Miyazaki. Cependant, avec un peu de recul, on observera surtout plusieurs choix. Comme par exemple, celui de réaliser l’intégralité de ses planches en couleurs directes. Ou encore d’ouvrir son récit à tous les publics, du plus jeune au plus âgé.

 

Une présentation originale et théâtralisée

 

La présentation théâtralisée à laquelle j’ai assisté était à la fois originale et réjouissante. Cependant, elle ne doit pas masquer la quantité de travail nécessaire pour mettre en place ce genre de projet. D’ailleurs, les nombreuses maquettes et autres réalisations apparaissaient comme de fascinants échos à ses dessins. Les scaphandres étaient sans aucun doute les pièces les plus impressionnantes. Et l’ensemble des maquettes ne générait qu’une seule envie, celle de les voir réalisées dans un package dédié à la vente. Quelque chose me dit qu’avec un peu de patience nous pourrions les voir arriver sous ce format.

 

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Accompagné d’un personnage haut en couleurs, Alex Alice nous présente les planches de sa bande dessinée. Outre l’aspect rafraichissant de la démarche, on notera l’effort de l’auteur à vouloir nous immerger par tous les moyens dans son monde. Les explications entrecoupées de l’intervention de son acolyte de circonstance donnaient à cette présentation une tonalité des plus agréable.

 

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D’autres personnages costumés agrémentaient la présentation et donnaient à toute cette démarche la plus juste des tonalités.

 

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La présentation s’est achevée sur le dévoilement du dernier tome dans une ambiance de salon.

 

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Durant toute la soirée, les figurants ont amené une touche de mise en scène des plus appréciable. Nous rappelant aussi qu’un événement ne doit pas se cantonner à ce qui est présenté. Cette mise en valeur a démontré une fois de plus que la galerie Daniel Maghen peut nous amener encore à être surpris dans ce bouillonnement d’expositions.

 

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Une esthétique claire et lumineuse

 

En se mettant à l’écart de toute colorisation numérique, l’auteur nous offre des images douces, tout en nuances, avec un minimum d’effets. Ces choix ne sont pas anodins et sont des prises de risques qui ont su payer à terme. En réalisant le volume des planches, la densité des recherches et le nombre de tomes, on peut déjà saluer l’auteur pour la régularité de production des ouvrages. Ne laissant aucun détail de coté, vous pourrez accéder à des vidéos sur la page Facebook de la Galerie Daniel Maghen. Celles-ci vous démontreront comment cet univers s’est construit. Et vous permettront de pénétrer un peu plus dans l’univers de cette histoire. Les esquisses et les étapes préparatoires visibles, dévoilent le nombre d’essais nécessaires à l’obtention de ce type de rendu.

 

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D’après moi, la force d’Alex Alice, c’est sa capacité à générer des planches très qualitatives avec une technique toute en finesse. Dans les exemples qui suivent, vous observerez que les planches ne sont pas surchargées en détails. Elles sont à la fois lumineuses et uniformes tant au niveau du trait que de la mise en couleurs. Les planches les plus détaillées arrivent à transmettre assez d’informations pour que l’on entrevoit une adaptation animée.

 

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Sur le plan technique, toutes les images véhiculent des ambiances d’une grande luminosité tout en étant parfaitement équilibrées.

 

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Toutes les planches réunies en un seul endroit s’annonçaient presque comme un storyboard qui attend patiemment son heure. Il faut dire qu’Alex Alice fait partie de ces rares auteurs qui ont la capacité de raconter des histoires comme on voit des films. Le jour du vernissage de nombreuses personnalités (rares dans ce type d’événements) ont fait le déplacement pour honorer son travail. Celui-ci a déjà été honoré plusieurs fois et les prix français comme internationaux commencent à s’accumuler pour l’auteur. Je suis convaincu que les traductions (en 10 langues à ce jour) lui ouvriront sans peine les portes vers d’autres distinctions.

 

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Rien n’avait été laissé au hasard comme le choix de l’encadrement. Vous remarquerez le travail sur les « passe-partout » imprimés qui sont graphiquement en relation avec l’esprit de la BD.

 

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Un monde inspirant qui se décline en trois dimensions

 

Durant l’exposition, il était possible de découvrir un ensemble d’objets divers et varié. Ils venaient enrichir un univers déjà dense en détails. Pour exemple, les images ci-dessous vous donnent un aperçu de la qualité des objets réalisés. Certains d’entre eux, comme la maquette d’avion, permettent à l’auteur de réaliser des dessins au plus juste. Les différents éléments de scénographie démontrent encore une fois qu’un univers BD se pense aussi en volume. En donnant corps à des équipements et en soignant sa scénographie, Alex Alice va jusqu’au bout de sa démarche et enrichit intelligemment son exposition.

 

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Conclusion

 

En proposant une histoire documentée et riche, tant sur le plan scénaristique que visuel, Alex Alice a réussi le pari de fédérer petits et grands autour de thématiques qui lui sont chères. Au-delà des références, on ne peut que le féliciter devant la masse de travail accompli. Surtout, au regard de cette esthétique qui arrive à faire référence sans pour autant annihiler sa propre identité graphique. S’évertuant à développer son univers à la fois au format BD et sur un support journal, il densifie par la même occasion son histoire pour le bonheur de ses lecteurs. Il en découle une histoire qui nous invite à croire qu’une adaptation cinématographique serait une suite logique.

 
 

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