Le festival de la BD de Lyon, qui s’est déroulé au cours du mois de juin, a permis de dresser une cartographie du 9e art à travers toute la ville. Bien conscients qu’une exposition unique ne serait pas suffisante pour embrasser toutes les spécificités de la Bande dessinée, de multiples événements ont pris lieu et place dans différents endroits, allant de la bibliothèque municipale (exposition VLAN! cliquez-ici pour voir l’article) au musée de l’imprimerie comme vous pouvez le voir ici. Lors de mon passage sur Lyon, il y avait cette possibilité de pouvoir accéder à quelques expositions encore visibles jusqu’au-delà de l’été. J’ai donc pris le parti d’en voir deux et de vous les présenter afin de vous offrir un aperçu de la qualité de ces expositions.
L’art invisible de Scott McCloud est un bestseller que tous les amateurs de Bandes dessinées connaissent bien. Dans son livre, l’auteur de comics nous apprend à comprendre la naissance et les codes de la BD. Il s’applique à mettre en scène un petit personnage à lunettes qui nous guide dans la lecture et les principes de cet art séquentiel. Avec cette exposition lyonnaise, c’est un peu comme si nous plongions dans l’univers du livre avec pour cadre le musée de l’imprimerie en guise de valeur ajoutée. Outre l’excellent choix du lieu, la mise en place bénéficie d’espaces conséquents et de très grands panneaux pour nous mettre dans l’ambiance.
Plusieurs documents anciens sont visibles dès le début de l’exposition.
Chaque salle est mise à profit avec l’aide d’immenses panneaux explicatifs qui s’organisent efficacement. Passer de l’une à l’autre est un plaisir dans la mesure où le cheminement est étudié pour correspondre à une compréhension progressive de la structure d’une Bande dessinée.
Les nombreuses planches utilisées pour illustrer les démonstrations sont toutes de très bonne qualité. Elles vous donnent les moyens de comprendre rapidement et simplement comment une Bande dessinée peut délivrer des messages par le biais de couleurs, de cadrages et de rythmes dans le système narratif.
De nombreuses planches amènent leur lot de surprise, comme ici avec une construction graphique très marquée.
Les panneaux explicatifs s’enchainent et apportent des exemples qui se passent de commentaires. L’exposition est d’une telle limpidité que l’on ne peut pas en ressortir en se disant qu’on n’a rien compris. S’appuyant sur un ouvrage éprouvé, toute cette présentation est d’une grande accessibilité et nous offre là un parfait exemple d’exposition réussie.
Dans la dernière partie de l’expo, c’est toute une Bande dessinée et surtout sa naissance qui se dévoile sous vos yeux. A savoir, l’œuvre incontournable de Juanjo Guarnido avec son titre phare : Blacksad. Les planches sélectionnées permettent aux novices de mieux cerner comment les principes exposés auparavant se rassemblent pour composer une histoire. Tout le processus créatif est ainsi révélé, démontrant l’ensemble des rôles à embrasser pour installer un univers puissant et cohérent.
Un buste presque grandeur nature et des produits dérivés issus de la BD s’invitent dans le parcours pour compléter l’exposition.
En décortiquant de cette manière Blacksad, même le mobilier participe à cette atmosphère de « coulisses de la création » d’une Bande dessinée. Comme vous l’apercevez sur les images, tout est mis en place pour ne pas surcharger d’informations les visiteurs. Et c’est un peu le fil conducteur que l’on retrouve tout au long de l’exposition. Simplicité, accessibilité et clarté dans les visuels pour offrir un maximum de chance aux spectateurs de mémoriser les différentes informations.
Le musée de l’imprimerie
Le musée de l’imprimerie qui accueille l’exposition ne manque pas d’intérêt. On y découvrira tout ce qui est essentiel pour comprendre l’évolution du livre. Le bâtiment est à l’image du patrimoine architectural de la ville : un lieu exceptionnel qui s’organise autour de plusieurs salles. Chacune d’elles présente les étapes clés du développement du livre, de l’édition et de l’imprimerie. De belles pièces et d’impressionnants objets en surprendront plus d’un. Si vous êtes lyonnais et que ces lieux vous sont étrangers, la visite en complément de l’exposition pourrait plus que vous ravir.
Conclusion
L’art invisible est une belle exposition qui est encore accessible jusqu’au mois de septembre. La Bande dessinée est plus que jamais au cœur de l’actualité sur plusieurs sujets. Nous vivons une période charnière, voire paradoxale, qui nécessite un véritable travail pédagogique à destination du public. Le métier est en pleine mutation avec des nouveaux modèles économiques et des nouveaux médias à prendre en considération. J’ai déjà abordé ce sujet au sein de deux articles qui restent encore d’actualité sur plusieurs points. Ils sont accessibles ici et ici.
En observant toute la complexité du processus de création d’une Bande dessinée, on ne peut que souhaiter que cette mise en lumière éveille un peu plus les lecteurs sur le métier d’auteur de BD. Le nombre grandissant d’adaptations cinématographiques, comme avec récemment la sortie du film Valérian, et les multiples festivals en France et à l’étranger sont un peu comme une partie immergée de l’iceberg. Ce type d’exposition vous permettra de saisir le quotidien d’un créateur, et vous aidera à y voir plus clair sur la portée artistique de nombreux ouvrages. Si vous êtes sur place, n’hésitez pas une seconde à découvrir cette exposition qui lève le voile sur un processus créatif trop longtemps sous estimé.
Voici la vidéo de présentation de l’expo :
Bande dessinée : l’art invisible du 14 avril au 20 septembre 2017 au Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique de Lyon. Vous trouverez toutes les infos en cliquant ici.