« On entre en photographie pour être un artiste. »
En commençant par cette phrase, ce livre vous plonge directement dans le vif du sujet. Depuis des années, avec la démocratisation de la photographie, j’entends et je vois beaucoup (trop) de personnes qui se revendiquent photographe. Il ne viendrait à l’idée de personne de se revendiquer médecin en s’abonnant à un magazine sur la santé. Et pourtant, il n’est pas rare de voir des offres tarifées de prétendus professionnels qui sont incapables de présenter un portfolio de qualité. La photographie mérite que l’on accorde du temps autant à sa compréhension technique qu’à l’acceptation de l’apprentissage que nécessite cette discipline pour y exercer sereinement. Le livre « Artiste photographe » est un ouvrage qui, dès les premiers chapitres, s’adresse à vous en tant que professionnel.
« Avant cinq ans rien ne sera établi et jamais rien ne sera acquis. »
Voilà, une fois de plus, on s’adresse à vous comme à un professionnel de l’image et on ne le répètera jamais assez : le temps et le courage sont des notions qu’il ne faudra pas prendre à la légère. Dans les cinq premières années, de nombreuses personnes s’essaieront et de nombreuses personnes arrêteront, exactement comme dans n’importe quel secteur artistique. Avec une nuance de taille, cinq ans de photographie vous permet d’acquérir une maîtrise technique qui validera un savoir faire. Et des formations vous permettront de le faire reconnaître via différents types de diplômes.
Cinq ans de peinture, par exemple, ne vous donneront pas accès à un savoir universel. Au mieux, vous aurez un niveau acceptable ; au pire, vous aurez étalé beaucoup de peinture. C’est pour cela qu’il est important en photographie de travailler assidument sur la technique pour s’en émanciper et travailler par la suite sur des thématiques et une écriture personnelle. Réussir à présenter aujourd’hui des portfolios originaux n’est pas une mince affaire. Et montrer un ensemble de femmes nues dans des usines désaffectées ne vous permettra pas de vivre durablement de votre pratique photographique.
C’est justement parce qu’il se base sur la réalité du rapport entre temps de travail et recherche de subventions, que ce livre est parfaitement adapté à ceux qui désirent développer leur pratique de la photographie afin de la faire entrer dans une dimension professionnelle.
« Je vous propose une méthode, considérez-la comme un guide et n’oubliez pas que vos atouts majeurs
sont l’honnêteté et un amour inconditionnel pour la photographie. »
En parcourant cet ouvrage, j’avais l’impression de lire ce que je répète souvent sur ce site. En mettant en avant la passion et la méthodologie nécessaire à la professionnalisation de sa pratique photographique, ce livre vous permettra de vous informer sur l’ensemble des démarches possibles. Trouver des fonds ou encore proposer un portfolio juste et adapté à vos interlocuteurs n’est jamais une tache aisée. Le livre est divisé en cinq grandes parties. Elles sont assez développées pour vous donner des clés afin d’exercer dans le milieu de la photographie. La tonalité n’est jamais prétentieuse ou en dehors des réalités. Cette tonalité d’écriture le rend agréable à lire et nous donne matière à réfléchir, par la même occasion. Vous ne serez jamais vraiment passif en le lisant et vous chercherez sans cesse à projeter votre manière de travailler avec les conseils que l’on vous donnera. Voici les cinq parties :
_ Se former à la photographie
_ Workshop et Master Class
_ Prix, bourses et aides publiques
_ Diffuser sa photographie
_ Parler de sa photographie
Le livre propose de nombreux encarts pour expliquer certaines expressions, et des paragraphes en gris sont présents pour préciser un propos. Les parties « Prix, bourses et aides publiques » et « Diffuser sa photographie » sont les noyaux durs du livre et concentrent plus de pages que les autres chapitres. Les prix sont détaillés et expliqués les uns après les autres, ce qui vous permettra de gagner un temps précieux. Les Drac, les AIC, les allocations ou bien encore les subventions, tout est présenté afin de vous aiguiller au plus juste dans cette ensemble de renseignements qui s’avère plus qu’utile pour tous. La partie « Diffuser sa photographie » bénéficie de l’excellent témoignage d’un jeune photographe : Stéphan Dock. Une brique de plus dans un ouvrage qui densifie son propos avec l’expérience du vécu et non de la théorie. À la fin du livre, comme il est coutume, vous trouverez un ensemble de liens internet allant du magazine à l’adresse de centre d’art. En conclusion, je dirai que ce livre fait partie des indispensables pour tous les photographes qui chercheraient un nouveau point de vue ailleurs que dans leur viseur. L’ouvrage n’étant pas onéreux, il serait dommage de s’en priver.
Pour aller plus loin :
Vous pouvez lire l’introduction du livre en cliquant sur ce lien.
Vous pouvez voir la table des matières en cliquant sur ce lien.
« montrer un ensemble de femmes nues dans des usines désaffectées ne vous permettra pas de vivre durablement de votre pratique photographique » c’est tellement ça 😀
J’y vois une métaphore plus largement utile qu’aux seuls photographes : les sirènes de la mode d’un secteur sont par définition amenées à changer et ne sont donc pas suffisantes pour se poser dans le temps.
Excellent article comme toujours. Merci Antoine !