Entre le 14 et le 18 février s’est déroulé le salon Art Capital sous la nef du Grand Palais. Rendez-vous incontournable pour beaucoup, il a pour spécificité de réunir au même endroit différents salons historiques. Le salon du dessin et de la peinture à l’eau, le salon des indépendants, le salon Comparaison et le salon des Artistes Français qui en est à sa 228e édition. Concernant ce dernier, depuis le XVIIe siècle il y a cette volonté de montrer les talents français qui exercent en peinture et en sculpture. Avec le temps, les lieux, les acteurs et les disciplines ont évolué. Cependant, il reste cette envie de sortir des schémas commerciaux pour proposer des œuvres éloignées des standards de la décoration d’intérieur.
Art Capital c’est aussi l’une des rares occasions d’aller à la rencontre de nombreux artistes français et étrangers, avec une sélection qui offre à chacun de quoi voir et discuter. J’ai retrouvé dans cette édition la sensation des premières fois avec une présence massive de pièces de qualité. Malgré les différences de genres et de niveaux inhérentes à ce type d’événements, le plaisir de découvrir des œuvres prend naturellement le pas sur les aspects négatifs liés à la profusion d’œuvres. La sélection du salon des Artistes Français, par exemple, nous offre la possibilité de découvrir aussi bien de nouveaux talents que des artistes réguliers. Grâce à cette alchimie, vous éprouvez du plaisir à reconnaître des identités artistiques. Ainsi que des auteurs, dont les œuvres gagnent en qualité au fur et à mesure des années. Pour vous en convaincre, il suffit de voir dans les archives du site les précédentes éditions. Art Capital 2013, 2014 ou encore 2015 vous donneront un point de vue des plus objectif sur le niveau et la régularité des artistes qui y exposent depuis longtemps.
Avant d’évoquer les œuvres, je crois qu’il est important de féliciter l’équipe en charge de la communication du salon des Artistes Français. Accueilli comme il se doit lors de la journée presse, l’efficacité des acteurs du salon – de la présidente aux responsables des différentes sections – m’a permis de voir encore plus loin dans la gestion et le devenir du salon. Si le grand public ne voit qu’une série de chiffres, il faut bien comprendre que l’on n’occupe pas le Grand Palais comme on organise une salle de location. Je crois qu’à l’avenir tous les autres acteurs d’Art Capital (salon du dessin, salon des indépendants et Comparaison), devraient prendre en référence les qualités d’accueil du salon des Artistes Français. Il est temps pour eux d’embrasser le XXIe siècle pour enfin s’aligner sur les nouveaux standards de relation presse. Cela ne pourra être que favorable et cohérent pour les nombreux artistes qui souhaitent obtenir une plus grande visibilité pour leurs œuvres.
En ce qui concerne l’architecture des lieux et la gestion des espaces d’exposition, il n’y a pas eu de grandes évolutions. On reste sur des panneaux et un parcours où s’interconnectent les différents espaces.
Les œuvres se retrouvent donc en relation les unes aux autres, avec plus ou moins de pertinence. Dans ce type d’événement, le placement de votre pièce participe aussi à sa qualité perçue. Les choses étant bien faites, je n’ai pas vu d’emplacements moins valorisants que d’autres.
Cette année, un espace dédié au Street Art permettait de découvrir une collection d’œuvres variées. Celles-ci étaient réunies sous le label Spray Collection. Une occasion de plus pour faire un parallèle entre Street Art et les Arts plus conventionnels.
Maintenant, vous connaissez le principe : un regard, une sélection et une promenade dans l’un des plus beaux salons de la capitale.
Sculpture
L’invité d’honneur : Jean-Pierre Gendis
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Jean-Pierre Gendis est un homme accessible et passionnant. Il a méthodiquement pris le temps de me raconter son parcours en évoquant l’ensemble de son travail, tout comme les méthodes utilisées pour réaliser toutes les pièces qui étaient présentées. Au fur et à mesure de la discussion, il m’a permis de découvrir de nombreuses médailles qui, à elles seules, mériteraient une sorte d’arrêt sur images pour réaliser qu’elles ont été façonnées à l’échelle… C’est à ce moment-là, que l’on réalise l’importance du titre de maître graveur qui lui a été décerné en 1988. Il va pendant des années, aux cotés de personnalités prestigieuses de la gravure, réaliser des médailles au sein de la monnaie de Paris. Et j’ai effectivement eu la chance de pouvoir observer certaines pièces exceptionnelles de cet orfèvre du bas relief.
Cependant, pour éviter que trop d’images ne circulent sur un travail méticuleux qui ne s’apprécie vraiment qu’en gros plan, je ne vais vous présenter que la médaille qui est en rapport direct avec le salon. En effet, Il est l’auteur de la médaille que l’on remet aux grands prix durant le salon, et ce depuis 2004. Dans le dessin, on peut facilement reconnaître tous les outils nécessaires à l’artiste pour réaliser ses œuvres. Du simple pinceau à la mirette de sculpteur, tous les éléments de façonnage sont mis en relation pour constituer ce qui s’apparente presque à une amulette des arts premiers.
Dans une toute autre échelle que la pièce précédente, il y avait ce portrait de Marie Curie et cet impressionnant bas relief en hommage aux soldats de la guerre 14-18.
Dans cette incroyable réalisation, on a du mal à réaliser la minutie et le niveau de compétences nécessaires à la constitution d’un tel bas relief. Pour l’avoir vu in situ, vous pouvez me croire quand je vous dis qu’il est difficile de révéler à l’image ce que votre œil voit en réalité. Toutes les subtilités formelles et les effets de volume ne peuvent s’apprécier en 2D. Il faudrait un logiciel en 3D pour que vous puissiez comprendre comment la composition des plans et des personnages sont réalisés pour ne pas se nuire les uns aux autres. En clair, on a ici l’exemple d’un savoir faire qu’il n’est pas courant d’apercevoir en salon.
Félicité et récompensé pour son travail de graveur et sur des sculptures plus traditionnelles, le créateur de médailles s’est vu en recevoir une en 2017 pour ses pièces de modelage. Naturellement mis à l’honneur cette année, il a pu nous démontrer qu’il était autant à l’aise d’un support à l’autre.
Il est aussi l’auteur de l’affiche du 52e festival de Cannes, ainsi que des sculptures des personnages qu’il avait préalablement dessinés pour celle-ci.
Il suffit de voir les sculptures présentées durant le salon pour apprécier avec quelle compétence elle arrive à nous faire ressentir les mouvements des danseurs. On pourrait presque entrevoir les tensions musculaires dans les mouvements des bras qui s’opèrent pendant l’acte de danse. On peut aussi noter sur son site que la représentation des danseuses est un exercice qu’elle maîtrise sans peine. Pour le consulter cliquez ici.
Avec cet ensemble de voltigeurs, on est face à une forme d’installation qui envoie un message clair sur la notion d’équilibre. Au sens propre comme au sens figuré, l’ensemble de ces sculptures fonctionnent pour orchestrer un rythme visuel malgré le statisme des poses.
Le choix d’un traitement des volumes avec une trace marquée du geste de création harmonise des volumes distincts. Cela se remarque un peu plus sur un ouvrage comme celui présenté ci-dessous.
C’est une sculpture qui en apparence ne présente rien d’étonnant, mais qui pourtant m’a « tapé » dans l’œil pour l’humanité qui s’en dégageait. En découpant la partie basse du corps, les bras nous orientent naturellement vers le principal point d’accroche : son regard. En présentant cette œuvre à différentes personnes, elles se sont toutes senties dérangées sans pouvoir l’expliquer. Je crois que c’est justement en figeant un instant d’une grande tension émotionnelle, que celle-ci se transmet à ceux qui la regardent. Une sculpture discrète mais assez efficace pour que j’en vienne à vous la présenter. Jean-Pierre Michaud a présenté une autre œuvre (Move) en bronze de plein pied, dynamique et parfaitement exécutée. Et pourtant c’est bien cette pièce « La Surprise » qui a réussi à m’interpeller.
Marie Sasksik revient cette année avec deux pièces dont notamment ce portrait. Sculpture toute en lignes épurées, elle a travaillé sa forme en s’attachant à ouvrir le regard et à styliser la coiffure de son personnage. On notera comment elle a tracé dans la coiffe quelques sillons pour casser l’aspect rigide de la coupe. Comme lors d’une précédente édition durant laquelle j’avais parlé de ses sculptures, elle continue de proposer des représentations féminines en affinant son trait. Nul doute que ses prochaines pièces continueront d’exploiter un style qui n’est pas sans nous rappeler de grands auteurs. Avec par exemple Aristide Maillol ou encore Jacques Lipchitz dont le portrait de Coco Chanel possédait un regard tout aussi ouvert. Pour découvrir son site cliquez ici.
Yvonne Clergerie présente cette année une sculpture avec des proportions quasiment humaines. En effet, cette pièce trônait sur son socle et prenait autant de place qu’une figure de fontaine publique. Au-delà de sa dimension, j’ai posté trois images pour vous aider à visualiser comment, en fonction du point de vue, une œuvre peut faire preuve de stabilité et de finesse. De face, nous avons une femme allongée bien campée sur ses coudes. La forme des mains est exagérée afin d’appuyer un effet visuel que l’on remarquera sur les autres vues.
De dessus, on devine déjà pourquoi le bassin est orienté dans une direction contraire. Et pourquoi les épaules sont aussi marquées. On a la sensation de voir une posture féline marquée par une cage thoracique affinée au maximum. Les pieds et les volumes des cuisses renforcent une forme d’animalité que l’on retrouve chez les félins en position de repos.
De dos, le volume fessier paraît encore plus important et les pieds savamment dessinés viennent alléger l’ensemble et donner du rythme pour éviter toute forme de lourdeur esthétique. Une belle proposition qui parmi les autres trahit la compétence de l’artiste qui peut passer de la plus petite échelle à la composition monumentale. Un don rare, tant il demande autant de dextérité qu’une capacité à faire des choix tranchés quant aux dispositions des lignes de forces.
J’ai régulièrement parlé de cette artiste qui a pour habitude de disposer ses sculptures sur des supports légers et travaillés. Ici, elle n’a pas hésité à donner à sa composition une base travaillée à la manière d’ombres chinoises. Les profils des visages viennent donner un peu plus de style à un ensemble de sculptures qui, de par leur exécution, peuvent parfaitement se suffire à elles-mêmes.
Cette année, le sculpteur Thierry Benenati (déjà évoqué sur ce site dans d’autres salons) nous propose une œuvre tout simplement monumentale. Cette version réalisée entièrement par ses soins et non par un atelier (de nos jours, il faut le préciser) se posait comme une invitation à l’appréciation pure et simple de la sculpture. Nul besoin de chercher de belles formules et d’errances poétiques. A partir d’un certain niveau de qualité de réalisation, ce sont les émotions qui prennent le pas sur les mots. Et c’est exactement ce qui s’est passé ici.
En tournant autour, on comprend l’importance aussi pour l’artiste de s’inscrire parfois dans une échelle où la forme suscite bien plus que de l’admiration. En totale opposition aux œuvres dont j’avais déjà pu parler, on retrouve pourtant chez le sculpteur l’envie de jouer des accumulations. Elles finissent souvent par révéler une forme simple et générique. La couleur ici joue son rôle d’attraction par le biais d’un pigment qui, sans surprise, provoquait instinctivement l’envie de s’en approcher pour en déceler les secrets. Pour en savoir plus sur l’artiste et ses réalisations cliquez ici.
Sculpture Animalière
Cette sculpture de Héron avait pour elle d’amener un relief inédit sur ce type d’animal. Le Héron a pour habitude d’être mis en scène dans une posture paisible et gracieuse. Il est très rarement présenté comme ici en inquiétant prédateur. L’artiste a souhaité mettre en volume la capacité de l’animal à faire preuve d’une grande stabilité malgré sa position sur une végétation bancale. Le cube de base amène une solidité technique et fait office de contrepoint visuel. Sa forme carrée est comme un fragment de nature découpé pour la présentation. Cela contraste avec l’ensemble de l’œuvre et accentue l’effet de surprise lié à la mise en forme de la présentation.
En zoomant sur l’image, on s’aperçoit que la grenouille est elle aussi assez travaillée pour paraître aussi vivante que son prédateur. Le regard, à la fois sombre et rouge, trouve des rappels dans le traitement global du corps du héron. De dos, la sculpture fonctionne tout autant que de face et offre d’agréables qualités esthétiques. Une création qui nous pousse à en savoir plus sur cet artiste dont la production s’étend bien au-delà du monde animal. Pour le découvrir sur son site cliquez-ici.
Invité d’honneur en 2014, sa sculpture « La Main » m’avait particulièrement marqué. L’artiste revient cette année avec une sculpture reprenant des caractéristiques communes à de nombreuses œuvres. Avec notamment une figure féminine parfaitement proportionnée qui, ici, repose dans les bras d’un puissant animal. On avait déjà vu certaines de ses pièces où la femme est souvent mise en lumière par une posture de protection. Et parfois dans les bras de créatures surprenantes. Il réitère donc ici et propose à sa manière un mythe quasi cinématographique d’une femme sous la protection d’un primate bien connu. On notera le calme olympien de la femme, dans une étreinte qui paraitrait humaine, si une bouche béante ne venait contraster avec son attitude apaisée. Un sculpteur dont le travail est à suivre, si ce n’est pas déjà le cas.
Gilles Charrière est un sculpteur qui n’hésite pas à détailler les étapes de la conception de ses sculptures sur son site. On comprend alors pourquoi on est saisi par cette capacité à représenter une sorte d’instant décisif du monde animal. Dans la sculpture ci-dessous, toutes les notions de bases sont réunies pour en faire une parfaite pièce d’intérieur. Pour peu que l’on soit intéressé par la représentation d’animaux en volume, vous avez ici de quoi prendre du plaisir à regarder une œuvre parfaitement réussie. N’hésitez pas à vous rendre sur son site en suivant ce lien pour comprendre l’évolution de ses pièces.
Un espace « Hommage » permettait de voir l’œuvre d’un sculpteur apprécié de la communauté artistique, et que j’avais eu l’occasion de rencontrer lors d’une ancienne édition. Vous pouvez voir ce que j’en pensais en cliquant sur ce lien relatif à l’édition d’Art Capital 2013 durant laquelle il était l’invité d’honneur.
Peinture
J’ai beaucoup apprécié ce clin d’œil d’une femme au physique éloigné des canons actuels qui pose fièrement dans un ensemble de cases. Au-delà de l’évidente référence à Mondrian qui est au cœur de la démarche de l’artiste, on s’apercevra que les lignes s’adaptent au physique et non le contraire. Une vision simple pour exprimer peut-être que c’est au monde de s’adapter à la variété des corps et non aux individus de tout faire pour rentrer dans les normes.
Je vois souvent les tableaux d’Eric Tranchefeux et je dois admettre que celui-ci m’a interpellé à plus d’un titre. Tout d’abord il y a la composition qui entremêle des corps, au point de ne plus percevoir leurs volumes sur le centre de la toile. Le corps du cavalier qui disparaît dans celui de sa monture, celle-ci représentant la figure mythologique d’un centaure. Ce dernier qui reprend une pose bien connue et que l’on voit souvent avec cette interrogation : être ou ne pas être. Dans une œuvre qui s’intitule « La quête », cette référence shakespearienne a beaucoup plus de poids.
Ensuite il y a cette femme avec une posture en croix qui s’observe à l’envers. Elle pourrait aussi évoquer le sort du modèle qui cherche sa place dans l’art aujourd’hui. Le serpent est un symbole que l’on trouve dans toutes les cultures depuis la nuit des temps. Quand il s’enroule autour d’un être, comme ici, il évoque un cheminent non direct. L’enroulement signifie ainsi que la vie est tout sauf linéaire. Si d’habitude on voit le serpent en entier, il disparaît ici dans la monture. Pour réapparaitre discrètement de l’autre coté et faire face au centurion… En reliant le modèle et le centaure, on pourrait l’interpréter comme un chemin sinueux que l’on arpente, accompagné parfois de ceux qui nous inspirent.
Cette peinture volontairement surchargée en symboles divers et variés cherche peut-être à mettre en avant le parcours de l’artiste. Il y a des détails et de nombreux attributs comme ce personnage démoniaque qui remonte le chevalier comme on remonte un automate. Une personnification de la motivation, qui sait ? Cette assiette de fruits qui semble représenter une nature morte est, quant à elle, présentée comme une offrande. Les outils du peintre sont disposés le long de la crinière de ce centaure suréquipé en matériel d’art, comme pour partir en guerre. Il vous est possible de voir l’étape par étape de cette allégorie en cliquant ici. Et vous pouvez naturellement voir son site et découvrir sa polyvalence en cliquant ici.
Un fer à repasser aplatit des champs qui s’embrasent lors de son passage. N’est-ce pas déjà la critique d’une société de consommation qui lisse les territoires en détruisant les cultures ? Le mot culture qu’il faut prendre dans les deux sens et au pluriel, avec toutes ces identités que l’on lisse pour mieux vendre les mêmes produits à travers le globe. La canette de coca vide dans la cage suggère la modélisation d’un piège qui fonctionne depuis trop longtemps. La croissance a un prix, et cette magnifique robe que l’oiseau défile petit à petit finira par mettre à nue celle qui tend le piège. Une fois de plus, Sinishka se plait à nous proposer un tableau à lecture multiple. Il existe deux versions de ce tableau qui peut totalement changer dans sa perception à quelques détails près. Impossible alors de ne pas penser aux retouches que certains tableaux de la Renaissance ont connu pour contenter les mécènes et surtout les conventions. On remerciera l’auteur d’insister dans sa démarche visant à proposer une peinture que l’on qualifiera de contemporaine sans en avoir honte.
Comment interroger notre avenir avec une peinture et surtout un symbole fort. C’est ce que l’on retrouve ici, pas la peine de s’évertuer à aller plus loin que l’évidence. Nous dormons sur cette bombe à retardement qui participe dans le même temps à un confort devenu essentiel. L’apparente sérénité qui se dégage du sommeil de l’enfant m’évoque une expression bien connue : « Le calme avant la tempête ». Le casque nous invite à réfléchir peut-être sur les moyens dont nous disposons aujourd’hui face au nucléaire. Nous avons toutes les technologies pour nous protéger partiellement et à court terme. La texture et les tonalités sombres du fond nous invitent à comprendre les effets de tous nos choix à long terme. Ils finiront bien par altérer et fissurer nos croyances et notre environnement, comme on peut en voir les traces en Europe et ailleurs.
Salon Comparaison
Le salon Comparaison c’est une section qui fédère 28 groupes d’artistes, vous imaginez bien qu’il n’est pas envisageable de tous les présenter ici. C’est pour cela que j’en ai sélectionné deux.
Groupe Visionirique Étrange
Au sein de ce groupe, il y a toujours cette variété artistique qui permet de voir dans un même espace un ensemble d’œuvres à la fois cohérentes et marquantes visuellement. Chacune d’entre elles mériterait que l’on s’y attarde. Malheureusement, le but de cet article n’est pas d’écrire pour tous les artistes présents.
Alors je me suis permis de sélectionner une oeuvre en particulier. J’ai véritablement ressenti cette lumière irradiante en observant cette peinture. Il y a quelque chose d’éblouissant, non seulement dans la couleur mais aussi dans ce rendu qui permet de sublimer la texture de la peau. Cet effet soyeux confère à la toile une matière qui donne la sensation de pouvoir caresser cette peau nacrée. L’équilibre graphique généré par la masse des cheveux qui répond aux branches et feuillages de la partie basse est d’une grande justesse. L’écho de la forme des feuilles avec celle du pubis et les petites touches de couleurs pour détacher le premier plan étaient aussi très bien pensé. Déjà remarqué dans l’édition de 2014, ce peintre possède le don rare de manipuler la lumière pour la transcender. N’hésitez pas à consulter son site internet pour observer comment sa maîtrise picturale lui permet de se focaliser sur des mises en scènes poétiques.
Groupe Singulière Sculpture
Laure Simoneau est une sculptrice émérite qui travaille le fil pour garder un lien fort avec les figures de ses sculptures. Elle n’hésite pas depuis des années à prendre des risques aussi bien sur les tailles que sur les thèmes de ses productions. Installée depuis peu dans son nouvel atelier parisien, elle alterne entre commandes et pièces d’inspirations personnelles. Je ne peux que vous conseiller de faire comme moi, et de continuer à observer l’évolution de cette artiste. Concernant sa principale pièce pour le salon, elle a comme d’habitude travaillé en se fiant à son instinct. Cherchant avant tout à démontrer un propos, elle n’hésite jamais à construire sa sculpture sans se soucier de la perception du public. Son objectif depuis des années reste le même : représenter bien plus qu’une forme, pour réussir à figer une âme au sein de son œuvre.
Comme vous pouvez le voir ici avec cette plus petite réalisation, elle maîtrise parfaitement son art. Et cela lui permet de travailler des sculptures dans toutes les dimensions. Son hommage à Jean d’Ormesson est comme beaucoup de ses sculptures, une réalisation spontanée. Et c’est exactement ce qui rend sa démarche artistique plus que pertinente. Pour suivre son travail cliquez-ici
Salon du dessin et de la peinture à l’eau
invité d’honneur : Le peintre Zdzislaw Beksinski
J’aurais pu écrire un article tout entier sur l’univers du peintre Beksinski. Il faut dire que pour ceux qui ne connaissent pas son œuvre, elle possède une tonalité unique que l’on ne peut pas désavouer. Les sujets et leur mode de représentation ont pour habitude de chahuter le spectateur lambda. Les artistes pourraient y voir comme un rappel sur le rôle de l’artiste peintre. Soit on s’engage à peindre sans renoncer à son identité, soit on s’oriente dans une démarche qui nous amènera vers un processus plus « décoratif » que créatif. Nous savons bien qu’en s’accommodant des modes on s’éloigne de la production d’images originales, ce qui est loin d’être le cas ici. Le travail de cet artiste unique possède une identité si forte qu’elle peut nous évoquer les travaux d’un HR Giger dans sa démarche artistique et dans ses choix sans concession. L’histoire de ce peintre est si particulière qu’elle a même servi de base à un film « The last Family ». Bien que peu connu sur notre territoire, Beksinski est l’un des plus grands peintres de sa génération, et cette exposition nous le démontrait sans difficulté.
Si vous êtes accoutumé au cinéma de science fiction voire d’horreur, vous reconnaitrez assez facilement cette atmosphère si singulière à l’origine d’inspiration d’œuvres cinématographiques. Travailler sur la mort et des corps assemblés voire désarticulés est un thème que l’on ne voit pas souvent en peinture. Nous vivons dans cette époque où les tableaux doivent s’accorder aux enfilades scandinaves… Les choix d’illustrations n’en sont que plus restreints, et les surprises beaucoup trop rares.
En effectuant cette rétrospective, le salon du dessin a mis le doigt sur quelque chose d’important. Le rôle du collectionneur dans son rôle de conservateur et de promoteur de l’artiste. Il y aurait beaucoup à dire tant sur l’œuvre que l’artiste et sur celui qui détient la majorité de ses peintures. Je ne peux que vous conseiller de chercher plus d’informations en commençant par suivre ce lien en cliquant ici. Cela vous permettra d’en savoir plus sur Piotr Dmochowski qui collectionne ce peintre depuis des années.
Il y a une forme de romantisme qui se dégage de ce dessin. On a l’impression d’être présent dans la même pièce que cette femme qui, par son attitude, nous invite à prendre le temps de la découvrir. Une posture allongée et détendue comme pour se prélasser avec élégance. Le trait juste vient appuyer une beauté naturelle qui s’épanouit dans un décor à demi construit. Vision onirique ou interprétation sur cette phase où le repos nous plonge dans une quiétude qui fait disparaitre tout le reste ? On ne sait pas vraiment si l’artiste cherche à nous inviter au rêve ou à la contemplation. On restera surtout fasciné par sa capacité à nous captiver plus de quelques secondes dans une société où on ne nous invite jamais à prendre notre temps.
Un très haut niveau d’exécution sur ce dessin dont on devine les nombreuses heures nécessaires à sa réalisation. Les effets de textures et de transparence vont jusqu’au photoréalisme. Mais des détails volontairement marqués viennent révéler un tracé souple qui sait se faire présent et s’effacer quand il le faut.
Conclusion
Cette année, j’ai eu cette opportunité rare de me rendre à deux reprises sur le salon. Cela m’a permis de bien prendre la mesure de toutes les œuvres d’art présentées et d’aller à la rencontre d’auteurs que je suis depuis des années. Cette édition plus que les autres, j’ai eu la sensation de me promener au sein d’un musée à multiples dimensions. La densité au M2 des œuvres est toujours aussi impressionnante, avec des configurations qui ne vous ménagent pas sur le plan visuel. Chaque panneau étant exploité, vous deviez parfois revenir sur vos pas pour être sûr de ne rien rater. Soyons honnêtes et parlons sans détours. Il y a une réalité en termes de perception de niveau. Certains jugeront que des pièces n’ont pas leur place, là où d’autres estimeront qu’il y en a trop. Pour passer beaucoup de temps dans les salons d’art, je ne dirai qu’une chose : Passionnez-vous ! … Ne cherchons pas à savoir qui est plus légitime qu’un autre pour exposer. Réjouissons-nous d’une profusion d’auteurs qui ont choisi d’exposer leurs œuvres. Entrons ensemble dans ce temple de création et gardons pour nous ce qui nous semble être le meilleur. Je fais des sélections d’images en vous délivrant mon ressenti depuis 2013. Je ne vous dirai qu’une chose : chaque passage dans ce salon me ravit, m’enchante et me pousse à me dépasser sur le plan artistique. Alors, prenez note des prochaines dates et rencontrons-nous au sein d’un salon qui mérite bien un « Grand Palais ».
Merci pour vôtre regard appliqué et pertinent qui donne un billet de qualité sur cet événement..
J’y étais l’année dernière et j’ai pris beaucoup de photos, réalisant même un reportage assez drôle sur le démontage, moment singulier ou l’on peut observer des dizaines d’artistes avec leurs tableaux dans les bras..
Merci pour votre commentaire. En effet, les fins de salons sont toujours des moments assez particuliers pour les artistes comme pour ceux qui les observent. On a cette impression de les voir déménager un musée. Et dans ce genre de salons avec des centaines d’exposants, la vision est plus que saisissante 😉