Il y a des publications qui vous enchantent dès la couverture, et ce livre en fait partie. Au premier coup d’œil l’Atlas Mondial du Look et des Contre-cultures se présente comme un ensemble d’images prises au quatre coins du monde. Composé de différentes personnalités regroupées par famille, ce recueil semble dresser une cartographie des looks et des styles. C’est en tout cas ce que l’on croit voir en le feuilletant rapidement. En fait, cet ouvrage est bien plus que cela. Il est avant tout un incroyable regard sur la diversité créative d’hommes et de femmes à travers le monde. Et c’est surtout un formidable index qui vous place entre les mains assez d’éléments pour comprendre les diverses identités présentes à travers le monde.
Chaque chapitre s’organise par continent au sein desquels vous allez découvrir différentes villes. Notamment celles qui ont accueilli la naissance des phénomènes artistiques et sociaux qui ont fusionné pour créer des modes vestimentaires.
Une petite introduction permet de comprendre où et comment les modes sont nées et leur implication dans la ville d’origine.
Par la suite, on rentre directement dans le cœur du sujet, avec une présentation en textes et en images de la contre-culture. Pour exemple ici, Le style « Emo » est un genre qu’on a bien connu sur Paris et dont on voit encore quelques dignes représentants. Grâce au développement des salons de tatoueurs, il n’est pas rare d’ailleurs de les voir faire du lèche vitrine. Avec un style vestimentaire assez reconnaissable on les remarque de loin, même si les dernières tendances ont rendu leurs codes esthétiques aussi visibles dans d’autres genres.
Avec leur style maintenant très familier, les hypsters sont aussi bien présents dans les rues des grandes métropoles. Les codes les plus évidents, comme la barbe aussi impeccable que la coupe de cheveux, en sont mêmes devenus des emblèmes. En tout cas pour ce qui concerne les hommes qui, pour le coup, en deviennent les représentants les plus facilement identifiables. Il faut dire qu’une dizaine d’hommes barbus, coiffés et apprêtés se remarquent très facilement, surtout sur les terrasses des grandes villes.
Si de nombreux genres vous sembleront familiers, il est à noter que la qualité des images nous invite à pousser les investigations en dehors du livre.
Le Cosplay est l’un des mouvements les plus connus en France. Le pays étant le second consommateur de mangas au monde, la culture japonaise nous apparait de moins en moins exotique. Pour s’en convaincre, il suffit de guetter la réaction des parisiens en période de salon comme avec la Japan expo. Plus personne ne s’étonne de voir des filles en costume prendre le métro avec des armes en carton de deux mètres. Il y a encore quelques semaines, j’étais accueilli dans une grande enseigne culturelle par un groupe de Cosplayers. S’ils n’avaient pas peur d’attraper froid, les passants eux ne semblaient pas plus dérangés que ça. C’est très certainement l’un des effets les plus visibles de la forte consommation de produits culturels japonais en France.
Les « Ganguro » font partie pour moi des plus grandes curiosités japonaises. Cette mode que j’ai découverte à la fin des années 90 m’interpelle toujours autant 20 ans plus tard. J’ai encore la sensation d’y voir un phénomène socio-culturel qui mériterait que l’on s’y attarde un peu plus. Parce que se grimer le visage afin de ressembler à une femme noire pour refuser de ressembler à un modèle asiatique est un choix assez tranché au pays du soleil levant. D’autant plus qu’il n’était pas sans conséquences dans un pays où les femmes sont sans cesse rappelées à l’ordre, et priées de rentrer dans le rang pour ne pas trop se démarquer des autres.
Comme vous pouvez le voir, les cultures se suivent et ne se ressemblent pas. Les Juggalos qui sont représentés dans le livre ont eux aussi leur particularité. Si vous avez l’occasion de voir un reportage sur le sujet, vous ne serez pas déçus du voyage… Le livre joue parfaitement son rôle dans la présentation et la découverte des genres qui ne peuvent laisser personne indifférent.
Chaque page mériterait d’ailleurs que l’on s’y attarde pour expliquer et commenter ce que l’on y voit. De mon point de vue, le livre est une réussite pour sa capacité à développer la curiosité et l’intérêt pour les autres cultures.
Conclusion
Si vous êtes à la recherche d’une source documentaire imprimée, organisée et représentative de multiples identités, c’est le livre qu’il vous faut ! Si vous êtes un(e) Character Designer, styliste, illustrateur, photographe ou que vous exercez une profession qui nécessite de s’inspirer d’une personnalité atypique, n’hésitez pas une seconde. Même les non-créatifs qui s’intéressent aux phénomènes sociaux et aux cultures étrangères y trouveront un intérêt. On parle quand même d’une sorte de radiographie humaine à l’échelle mondiale. Ce n’est pas le genre d’ouvrage qui sort tous les mois. Au vue de la masse de travail que cela représente, je doute même qu’il soit possible pour la concurrence d’en publier un autre dans les mois à venir. En toute franchise, quand j’ai appris il y a quelques semaines que ce livre allait sortir, je savais déjà que son contenu allait être exceptionnel. Il y a peu de publications qui s’intéressent à recenser des individus avec une telle démarche. Les hommes et les femmes sont présentés respectueusement au travers de belles images. Le livre d’ailleurs se conclut sur une somme incroyable de crédits photographiques. C’est pour dire si le travail de recherche iconographique a dû être colossal. Alors, n’attendez pas que ce livre ne soit plus disponible et procurez-vous un exemplaire pour comprendre pourquoi je le considère comme l’une des meilleures sorties de Pyramyd en 2017.
Merci beaucoup pour votre soutien et vos conseils je veux vraiment percer dans le monde artistique ❤️