Nous vivons une époque complexe au sein de laquelle de nombreux phénomènes de société se croisent et fusionnent pour en créer d’autres. L’abondance d’images et de vidéos circulant sur tous les médias confondus démontre notre capacité à générer plus de contenus que nous sommes capables d’en ingérer. Un jour, on s’interrogera peut-être sur l’intérêt de produire autant de contenus sans prendre de recul, afin d’analyser et de traiter efficacement les conséquences de ce que nous avons déjà produit. En attendant, année après année, les disques durs se gargarisent d’images de toutes natures qui s’organisent suivant des thématiques paramétrées pour des moteurs de recherche.
La conséquence directe de cette surproduction se remarque par la présence d’un onglet discret sur la page de recherche de Google « filtre adulte ». Internet étant un immense pot pourri, il est nécessaire avant d’effectuer des recherches d’activer un filtre pour que des images pornographiques ne viennent pas contaminer les résultats d’une recherche studieuse. D’ailleurs pour faire simple et pour vous aider à visualiser l’ampleur du problème, le sexe est la première requête de recherche. Tous les mots sont désormais assimilés à du contenu pornographique. Vous pouvez taper n’importe quel mot, de « cannette » à « lampe », il y aura toujours un moment dans les résultats où vous verrez une image de contenu pour adulte.
Cette surexposition est directement liée à différents vecteurs que je ne pourrai pas tous citer ici. Cependant, il me parait intéressant d’en présenter au moins trois :
Le premier c’est la multiplication des smartphones et tablettes à travers le monde. Une croissance exponentielle qui ne fait qu’augmenter les espaces publicitaires disponibles.
Le second c’est l’abaissement de l’âge d’accès à ces appareils. Le jeune public sera à terme celui qui souffrira le plus de l’addiction aux appareils mobiles. En attendant, ils viennent grossir les rangs des potentiels consommateurs.
Et enfin, le troisième c’est l’équation économique qui fait le rapport entre la fréquentation d’un site et la possibilité de diffuser de la publicité. Les plus gros diffuseurs fonctionnent grâce à la publicité. La multiplication des écrans et l’augmentation des usagers ne sont que de bonnes augures pour eux.
En croisant ne serait-ce que ces trois facteurs, vous comprenez rapidement comment et pourquoi nous sommes envahis de pubs nous demandant de changer de partenaires tous les samedis, avec ou sans webcam… La pornographie s’étant infiltrée dans tous les domaines par tous les moyens, l’art contemporain ne pouvait naturellement pas échapper à cette déferlante. Celle-ci en plus d’être très lucrative permet de générer le fameux buzz et donc assure une visibilité internationale immédiate. Exposer dans un ou plusieurs grands musées ne vous donnera jamais autant de visibilité que la production d’une performance artistique faisant intervenir une pratique sexuelle.
Le sexe étant un langage commun à travers le monde, il n’en fallait pas plus pour que de nombreux artistes se spécialisent en invoquant la caution artistique pour diffuser plus librement encore des actes et des séquences qui sont parfois à la limite de la prostitution. Ceci étant dit, peu importe au final le jugement du spectateur lambda puisque l’artiste a tous les droits pour livrer sa vision du monde. Enfin, ceci dépend naturellement de votre pays de naissance et surtout du pays dans lequel vous intervenez pour mettre en scène votre œuvre…
Les origines de la nudité en performances artistiques
Yves Klein
On parle assez souvent des performances d’Yves Klein et je vais brièvement en parler ici, car elles sont systématiquement évoquées par les artistes pour justifier leurs actes. Cependant, ce que beaucoup semblent oublier c’est qu’Yves Klein ne souhaitait pas choquer ses spectateurs juste pour que l’on puisse parler de lui. Il avait une véritable démarche qui s’inscrivait dans une recherche permanente l’amenant à développer ce que l’on a appelé des anthropométries. Conscient que sa méthode pour travailler la couleur et les symboles était critiquable, il n’a pas hésité à faire évoluer son art pour que l’on puisse bien prendre conscience de la légitimité de ses actes. Je ne peux que vous inviter à vous renseigner sur le personnage si vous n’aviez jamais entendu parler de lui, car il reste l’une des figures les plus emblématiques de l’art.
Le corps féminin face à l’art
Les femmes artistes utilisent leur vagin depuis très longtemps. Il a pu être utilisé aussi bien comme un réceptacle en y insérant tout ce qu’il est possible d’imaginer, que comme le support d’un discours en l’exposant tout simplement sans y adjoindre quoi que ce soit. En écrivant ces mots, je m’aperçois qu’il est nécessaire d’illustrer mon propos, ainsi commençons par le début. En 1965, l’artiste Shigeko Kubota a fixé un pinceau à sa culotte pour peindre et agir directement sur la toile sans utiliser ses mains. Je ne vais pas partir dans un long chapitre pour expliciter son acte baptisé Vagina Painting. Je vous indiquerai surtout que, déjà à cette époque, la performance n’a pas accueilli le succès escompté, et aujourd’hui encore on ne sait pas si le simple fait d’être une femme a participé à son échec. En tout cas, ce sont des années plus tard que des historiens d’art se sont penchés sur cet acte, et sur ce qu’il a représenté en art. Comme quoi, une fois de plus, il faut du temps avant d’estimer parfois l’intérêt de toute action en terme de performance artistique.
Shigeko Kubota – Vagina Painting – 1965
Carolee Schneemann Interior Scroll – 1975
Une décennie plus tard, Carolee Schneemann extrait de son vagin du papier placé préalablement à cet endroit. Nous sommes ici dans les années soixante-dix et l’expérimentation n’est pas prête de s’arrêter. N’oubliez pas qu’en vous présentant ces quelques performances j’essaie de vous familiariser avec l’idée que les artistes utilisent leur corps de toutes les manières possibles. Alors si un peu de papier vous choque, attendez vous à être surpris par ce qui va arriver un peu plus tard. Pour revenir à cette performance, rien de bien méchant en soi, nous sommes en présence d’un acte encore « bon enfant » car rappelons-le, internet n’existe pas encore.
Marina Abramovic & Ulay – Imponderabilia – 1977
Dans les années soixante-dix c’est Marina Abramovic avec son compagnon de l’époque Ulay qui décident de réaliser une série de performances dont l’une d’entre elles est assez dérangeante pour le spectateur. Les visiteurs étaient invités à se glisser entre eux dans un espace assez confiné pour que le contact se fasse… Dans le genre « interaction avec le public » nous sommes là dans une démarche assez primaire, où l’on vous invite à choisir qui vous fera face lors de votre passage. Ici, se frotter à l’art prend un tout autre sens.
Le développement des nouvelles technologies et la possibilité de gagner en audience vont pousser les artistes à se projeter dans une dimension beaucoup plus sexuelle et scatologique malheureusement.
Les héritières ?
Comme vous vous en doutez, toutes ces actions qui ont eu lieu il y a quelques décennies ont forcément porté leurs fruits. En partant du postulat que tout acte réalisé par un artiste est une œuvre d’art, et en se positionnant comme performeur (à partir du moment où vous exposez vos actions devant un public au sein d’un lieu artistique), tout ce que vous serez amené à faire sera une œuvre d’art, pour peu qu’un discours vienne corroborer vos actions.
Casey Jenkins – Vaginal Knitting – 2013
Coudre une écharpe est une activité que tout le monde connait. Le faire à partir de son vagin est soudainement moins courant. En 2013, l’artiste australienne cherche à briser les tabous en utilisant son vagin comme réceptacle d’une pelote de laine. En tricoteuse appliquée, elle ne s’embarrasse pas de sa période menstruelle pour au contraire laisser sur son écharpe l’empreinte de son corps. L’histoire ne dit pas si depuis elle a décidé de coudre un pull pour coordonner l’ensemble ! mais cette manière d’agir, déjà en référence à Carolee Schneemann’s, est une porte ouverte pour d’autres initiatives moins glorieuses.
Depuis cette « performance », l’artiste a découvert la partie sombre d’internet et l’effet boomerang. Elle témoignera de l’acharnement qu’elle a subi par le biais des milliers de messages insultants, des menaces de mort ainsi que tout un ensemble d’expressions fleuries qu’elle a reçu en réponse à son acte. Nous n’avons pas tous la tolérance nécessaire pour ne pas adhérer à ce type d’œuvre sans chercher à déclencher une guerre verbale. En ce qui concerne notre performeuse, elle utilisera un ensemble des pires commentaires lors d’une prochaine performance bouclant ainsi un cercle… (vicieux ?)
Deborah de Robertis
Cette artiste est celle dont les actions sont très certainement les moins provocantes et les plus sages au regard des autres. Cependant, je publie ici quelques images de ses actions afin que vous puissiez comprendre comment les choses montent en gamme, si je puis dire. Si cette artiste n’a pas hésité à se mettre dans une posture assumée pour exposer son vagin sous l’Origine du monde au musée d’Orsay à Paris, elle n’hésite pas à renouveler ses mises en scène, dans différents lieux et sans autorisation, pour faire écho à l’œuvre qui lui inspire sa performance.
Passant d’un endroit à un autre, je suis toujours très curieux de voir quelle sera sa prochaine interprétation. Au jeu de la mise en volume d’une œuvre, il y a des sujets qui peuvent prêter à rire et d’autres à vraiment discuter. Nous verrons bien dans l’avenir quel choix elle fera. En tout cas, on ne peut qu’être admiratif face à son acharnement qui en lui-même témoigne d’un véritable désir d’installer une démarche. Le seul problème c’est qu’au-delà des interventions il y a le web et nous savons tous qu’avoir un comportement atypique dans un musée peut en pousser d’autres à aller de plus en plus loin. Les dégradations volontaires se multiplient et les musées, quand ils ne présentent pas de copies, installent de plus en plus de systèmes complexes, éloignant les passionnés d’art bienveillants des œuvres d’art originales.
Milo Moiré, un pur produit du Web ?
Milo Moiré est assez connue pour ne pas avoir froid aux yeux. Ses premières performances (comme The Script System) n’hésitaient pas à interpeller et pouvaient alors poser un débat. Rapidement, le jeu a très vite pris de l’ampleur et l’artiste est passée du selfie nue avec des touristes à la ponte d’œufs de couleurs avec son vagin. L’accouchement s’est effectué sans douleur, et les médias ont relayé l’info avant même que la peinture ne sèche.
Je laisserai les intéressés s’exprimer sur la pertinence de se faire toucher l’entrejambe par des inconnus pour dénoncer les abus faits aux femmes. A vouloir créer le spectacle et attirer l’attention sur un vrai problème de société, c’est malheureusement aussi l’effet inverse que votre performance peut provoquer. Vous devenez une sorte de monstre de foire qui suscite l’hilarité (voire le mépris) et que l’on ne prend pas au sérieux. Je n’ai pas encore voyagé dans un pays au sein duquel mettre à disposition ses parties intimes pour une performance serait bien perçu. Si cet endroit existe, merci de me le laisser dans les commentaires. Au-delà de mon avis personnel, ce qu’il faut voir ici aussi c’est qu’une caméra était positionnée dans la boite. Et tout le contenu « artistique » de cette œuvre est disponible sur le net. Une question se pose, quel espace artistique acceptera de diffuser ces vidéos sans y mettre le carré noir de la censure ? En tout cas, après visionnage il est clair que certains y vont de bon cœur et je ne sais toujours pas exactement ce que j’ai vu.
Milo Moiré aura au moins réussi une étape fondamentale, celle qui consiste à ce que l’on parle d’elle. L’observer entre deux personnalités connues pourrait valider l’idée que toute cette stratégie ne visait qu’à générer du bruit, et une fois de plus occuper de l’espace médiatique. J’attends qu’on vienne m’expliquer le concept et l’apport artistique dans le tripotage en règle des parties génitales d’Antoine de Caunes et de Jean-Paul Gaultier. Encore, si on avait invité Dominique Strauss Khan… Non je m’égare, rien ne pourrait justifier tout ça je crois. Mais qu’importe au final, le tout étant enrobé de lumière et de costume, on trouvera toujours un moyen de cautionner ce type d’actions. Pour en savoir plus sur cette image cliquez ici
Observant sans doute de loin le succès grandissant de Milo, d’autres producteurs de concepts se sont lancés dans la vague de la provocation.
Le point de rupture
Alors que tout semblait s’enchainer normalement et graduellement, le point de non retour s’est imposé de lui-même. Tout est parti en cacahuète pour rester poli. Souvenez-vous du premier commandement : Considérant que toutes les productions effectuées par un artiste autoproclamé ou non seraient considérées comme de l’art, de nombreuses personnes à travers le monde ont commencé à s’engouffrer dans des abîmes symboliques plus profonds. Ainsi nous avons eu le droit à une débauche d’effets et de prises de position, allant de l’acte le plus simple au plus contestable. Les amateurs de pornographie pourraient eux-mêmes perdre leur latin devant des performances qui ne sont plus rien d’autre que des exhibitions sexuelles sans grande originalité. Je ne puis malheureusement vous montrer la moitié de ce que j’ai trouvé en terme de « productions artistiques », et je ne peux même pas décrire certaines d’entre elles… Je ne souhaite pas vous écœurer ou vous inciter à visualiser certaines images trop choquantes. Beaucoup d’artistes se perdent dans ce que l’on appelle plus souvent le « porno trash » et je ne vois pas comment les choses pourraient s’améliorer. Souvenez-vous que plus on vous voit, plus vous gagnez de l’argent.
En naviguant sur un site internet « de détente », je me suis surpris à comptabiliser le nombre de fois où le mot artiste contemporain était assimilé à des pratiques sexuelles clairement explicites. Et ma foi, je crois que l’on peut décemment dire qu’une ligne a été franchie. Je ne me pose absolument pas comme censeur ou comme une personne qui chercherait à ameuter la foule pour pointer du doigt des artistes. J’aimerais simplement poser une question qui à mon avis ne me semble pas pour le coup déplacée, contrairement à ce que j’ai vu. Ma question aussi simple soit-elle est la suivante :
Quel est l’objectif de tout ça ?
Je veux dire : où tout cela nous mène ? Sur quel terrain de réflexion se dirigent les artistes qui exploitent des pratiques déviantes au nom de l’amour de l’art ? Je ne vous cache pas que je me suis véritablement interrogé, et en lisant sur le sujet je m’aperçois que le message artistique a disparu au nom de ce que l’on appelle le buzz. Je pourrais lister ici-même toutes les performances où l’on peut se demander si au final on ne met pas une étiquette artistique sur des actions générées par des personnes mentalement déficientes. Cependant, en agissant de la sorte j’insulterais toutes les personnes atteintes de maladies mentales puisqu’elles n’ont pas le choix, contrairement à ceux qui exploitent allégrement la scatologie, le sexe à outrance et tout ce qui défrise l’opinion publique.
Au cours des dernières années, nous avons vu émerger des performances qui, à elles seules, pourraient faire sauter toutes formes de subventions. Et c’est en ça où finalement ces actes me dérangent. En prenant la parole artistique dans l’espace public et en réalisant n’importe quoi avec ses parties génitales, c’est toute une profession qui souffre d’un défaut d’image, et qui peine à terme à convaincre de l’importance de laisser des espaces de création libre au sein des sociétés. Quand un artiste chinois prend en photo une femme chinoise dévoilant ses parties intimes sur une place historique en Chine, il y a là tout un ensemble de risques et surtout un message politique clairement compréhensible. Quand un artiste réalise une performance durant laquelle il expulse de l’eau avec son rectum sur une planche en bois, je ne sais même pas quoi dire… ou penser.
Encore si cet acte était isolé et expérimental, on pourrait éventuellement y voir une provocation de plus dans un monde en surcharge pondérale de ce coté là. Malheureusement, les actes sous couvert de l’art où l’on atteint des sommets de vulgarité se multiplient. Ceux-ci prennent tellement de place qu’on ne sait même plus ce qu’est une véritable performance artistique. Dans l’expression, le terme performance a pris le pas sur l’autre, et la seule bravoure visible est la capacité des artistes à prendre des postures totalement inconsidérées et irréfléchies.
Pour vous présenter les performances qui vont suivre, je me suis mis dans la tête des auteurs qui les ont réalisé. J’ai imaginé la réflexion qu’ils ont eu avant l’acte. Bon, vous vous doutez bien qu’il ne faut pas prendre tout ça au premier degré, n’est-ce pas ? Mais, plutôt que de les décrypter, j’ai préféré les traiter avec un brin d’humour.
Dans la tête des « créateurs de concepts »…
Steve Cohen – 2013
C’est l’histoire d’un artiste qui un matin se dit : « Et si j’allais déguisé en talons hauts sur la place du Trocadéro ? Ah, et en même temps, je vais m’attacher une laisse autour du sexe pour me promener avec une poule. Voilà, je pense que ça devrait être suffisant pour ma performance. Et si avec ça je n’obtiens pas un article, je me rajouterai une plume ou deux dans le c… »
Chun Hua Catherine Dong – Cleaning Interior Scroll – 2011
« Alors, dessiner avec ses seins, c’est fait. Se faire toucher les seins et le vagin, c’est fait. Se prendre un doigt dans le derrière en courant en cercle sur une scène devant un large public, bon c’est fait aussi. Que pourrais-je faire de plus pour que mon travail d’artiste se remarque ? Ah oui ! j’ai trouvé, je vais faire un mélange entre Marina, Milo, et les autres. Et pour corser le tout, je vais mettre à disposition des accessoires sur une table. Comme ça je vais inviter des spectateurs à me nettoyer le vagin avec les outils de leur choix. Ouf, j’ai cru que je ne trouverais jamais. Bon, c’est pas le tout mais il faut un titre… Ah eh bien pourquoi pas « cleaning » interior scroll, histoire qu’on voit que j’ai des références ? Bon, il ne me reste plus qu’à trouver comment je vais fabriquer les accessoires maintenant… tiens y a quoi dans la cuisine ? »
Gustavo Solar
« Ahlala je suis en retard et j’arrive pas à trouver un super concept qui tue pour qu’on remarque enfin mon travail d’artiste. En plus, j’ai une envie d’aller aux toilettes… Hey, mais « wait a minute » le voilà mon concept ! Je vais mettre de l’eau dans mon rectum et je vais l’expulser de toutes mes forces sur une planche en bois. Ah, et pour ajouter de la difficulté je vais le faire nu, par terre, dans un couloir. Bon sang, quand je pense que je stressais à l’idée de ne pas trouver de projet… »
Vous imaginez bien que je ne vais pas vous mettre d’image de cette performance…
Je pourrais continuer de cette manière pendant encore longtemps. Les limites au ridicule n’ayant pas encore été trouvées, il y a toute une tripotée de « performances » douteuses qui n’a aucun intérêt. Comme cette machine qui frappe le sein d’une femme (artiste) à l’aide d’un morceau de viande. Ou encore ce couple qui se gifle à moitié nu dans une galerie d’art, et ainsi de suite. La dernière performance artistique à susciter la polémique a quand même eu les honneurs de la presse suisse. Il faut dire que laisser un homme toucher ses parties génitales et se déshabiller devant des enfants est la meilleure manière de vous attirer les foudres du public, et par conséquent une visibilité en adéquation.
Des performances qui aboutissent devant des représentants de la loi
Toute cette débauche de moyens pour se faire remarquer finit toujours par porter ses fruits. Et si une artiste comme Milo Moiré se fait souvent arrêter et relâcher sans aucun problème, pour d’autres l’histoire est beaucoup moins simple. Un récent scandale a mis en lumière cette méthodologie qui consiste à toujours vouloir aller plus loin dans la réalisation de performance, où l’utilisation de ses organes est prépondérante. Aux États-Unis, deux femmes devaient se mettre dans une niche au sein d’un musée, reliées l’une à l’autre par une corde. Allez, pour le coup, je vous laisse deviner où elles devaient insérer la corde… un indice, on l’appelle l’Origine du monde.
Conclusion
Il n’y a aucune obscénité dans l’utilisation de son corps au sein du champs artistique. L’obscénité, elle, provient avant tout des intentions de ceux qui se parent du voile artistique pour, au final, chercher à choquer dans l’espoir d’être vu. Se faire remarquer dans des positions scabreuses et sur des sujets polémiques est devenu une attitude récurrente chez beaucoup d’auteurs en manque de talent et de personnalité. Nous savons tous qu’il est plus simple de trouver un agent artistique qu’un langage assez fort pour parler au monde entier. Toutes ces manœuvres, qui visent avant tout à produire des papiers chez des critiques d’art sans états d’âme, finiront un jour ou l’autre par se tarir. Nous sommes déjà les témoins d’une génération qui ne lit que les titres d’articles de presse et qui produit des scénettes plus créatives avec son smartphone. Il n’y a qu’un pas avant que tous ces auteurs n’obtiennent que ce qu’ils redoutent le plus : l’indifférence.
»
Alors que tout semblait s’enchainer normalement et graduellement, le point de non retour s’est imposé de lui-même. Tout est parti en cacahuète pour rester poli » En effet … Le moins qu’on puisse dire même … J’ai découvert le #pornart via instagram et j’ai cru vomir ou surtout -oui surtout- me sentir bien à part de ces gens proclamés artistes et valant de l’or… Bleh , berk . En tant que femme et artiste ,non on est parties/partis en sucette . Je ne sais même pas si après Klein ce n’était pas déjà trop…(Je fais référence à votre article encore une fois excellent, Merci beaucoup vraiment ! ) … En même l’art comme l’éducation étrangement ne font souvent que refléter les tendances d’une société . Ils serait préférable ,je trouve, qu »ils l’influencent mais en fait non : Ils en sont souvent les miroirs , une preuve de plus…
Merci beaucoup pour votre avis et ce commentaire. Cet article est le second sur une série de trois. Le premier était sur Périscope, il me reste encore à publier le dernier, qui sera je l’espère tout aussi intéressant. Nous vivons une période où la loi du plus stupide prône sur le reste. Il est fort à parier qu’il en résultera malheureusement tout un tas d’événements qui nous surprendront voire nous révolteront.
Merci de votre réponse Le Souffle Créatif j’ai découvert votre site il y a peu et j’apprécie beaucoup… Je suis tellement (hélas! ) d’accord avec ceci : « Nous vivons une période où la loi du plus stupide prône sur le reste. » Heureusement on peut toujours créer et puis aussi s’indigner… Merci de vos articles, sincèrement .
Merci pour votre avis et vos nombreux commentaires. J’espère que les prochains articles trouveront autant d’intérêt à vos yeux.
Bonsoir
je me demande si il y a de nos jours , plus d’ artistes que dans le passé , proportionnellement à la population . Ce qui expliquerai que certains se perdent pour exister , mais se perdre c ‘est déjà avancer ?
Bonjour Pascal,
Pour répondre à la première interrogation, oui il y a en effet plus d’artistes qu’hier. Professionnels ou amateurs, nous sommes plusieurs dizaines de milliers exerçant dans différents secteurs des arts. Face au nombre, la tentation du pire pour émerger est grande, mais elle ne doit pas prendre sa justification dans le chiffre.
Autrefois, beaucoup d’artistes cherchaient à s’améliorer et à apporter quelque chose de nouveau. Les provocations n’étaient pas du même ordre qu’aujourd’hui. Et surtout, un artiste au 19e siècle par exemple n’avait pas pour objectif de choquer pour exister. Il travaillait et souhaitait avant tout révolutionner son art, comme d’autres cherchent à le faire aujourd’hui à l’aide de nouveaux outils.
Il est intéressant de se perdre dans une recherche comme dans le processus d’incubation d’une oeuvre. C’est une autre histoire de se perdre dans l’étape de la production et de la diffusion de son oeuvre dans le cas d’une performance artistique. Celle-ci ne vous laisse qu’une très mince marge d’erreur, d’où l’intérêt de ne pas se louper.
La société est basée sur la marchandise et la consommation alors que l’Art est d’abord dans son essence une activité spirituelle lié au développement d’une sensibilité personnelle singulière, d’un affinement de la Qualité de perception (cf Matisse)..
Nous sommes entrés dans une période de grande confusion ou le design publicitaire et une forme d' »Art officiel » ,adoubé par certains institutionnels et souvent lié à la pulsion morbide triomphe et veut se faire passer pour de l’Art tandis qu’une grande partie du public non initié reste attaché à des formes artistiques d’avant l’Art Moderne, époque d’ébullition et de création remarquable…
A chacun de travailler sa propre sensibilité et de redéfinir l’Art selon sa propre subjectivité en accord avec la Vie dans une vision émancipatrice sociale et du regard qui est une des valeurs les plus nobles et les plus authentiques..
Une re-création porteuse de Sens, qui semble manquer cruellement à une partie de la « scène artistique » contemporaine..
Il y a quelques décennies encore, les questions esthétiques faisaient l’objets de débats, les artistes étaient socialement visionnaires….Tout cela a disparu dans une rfétichisation des objets-oeuvres, les unes remplaçant les autres de manière spéculative…
En 2018, ou sont les « honnêtes hommes » de gout, amateurs d’Art et de Culture , mécènes, collectionneurs par amour de l’Art ou simplement connaisseurs et qui fréquentent l’Art pour en savourer la substance …?
Je comprends parfaitement votre opinion. J’y mettrai juste une nuance et notamment sur vos interrogations. A savoir, que les hommes et les femmes de « goût » sont bien présents. Le vrai problème pour moi est qu’ils sont mis de côté lors de grands débats et qu’ils sont aussi parfois bannis de certains milieux dits institutionnels. Je rencontre de nombreuses personnalités qui pourraient faire évoluer les choses. Cependant, nous sommes face à un système complexe et organisé non pour instruire, mais pour divertir. Les préoccupations des actionnaires étant de voir leurs investissements prendre de la valeur, la seule chose qui soit importante in fine, c’est de miser sur un art commercial et générateur de publicité. C’est un cycle que l’on pourrait faire évoluer. Mais cela nécessite une implication plus grande de la part d’une communauté de professionnels que l’on étouffe depuis trop longtemps.