Akram Khan est un chorégraphe qui jouit d’une réputation internationale en matière de danse contemporaine. Créateur d’une compagnie de danse à son nom l’Akram Khan Company, il est à l’origine de la création du spectacle « Desh ». « Chotto Desh » (qui signifie petite patrie en Bengali) est l’adaptation de cette pièce, la rendant pour le coup accessible dès l’âge de 7 ans.
C’est au sein de la ville de Nanterre qui dispose d’un magnifique espace dédié aux grands événements (La maison de la musique de Nanterre) que j’ai pu avoir la chance de voir cette représentation. Je ne sais pas s’il est nécessaire de vous écrire que j’en suis ressorti plus enthousiaste que jamais. Ne connaissant pas le travail d’Akram Khan, ce solo m’a permis d’entrevoir le talent de ce chorégraphe. Nul doute en ce qui me concerne que je surveillerai les prochaines représentations avec l’attention qu’il mérite. En attendant, je vais tenter de vous retranscrire mon sentiment vis-à-vis de ce spectacle de danse.
Dès les premières minutes, la magie opère. La gestuelle marquée du danseur permet de donner vie à un personnage mis à mal par un téléphone portable récalcitrant. A l’autre bout du fil, un opérateur à la voix d’enfant questionne notre danseur pour l’aider à retrouver un mot de passe perdu. Les questions l’amènent à se souvenir de son enfance et d’un pays lointain qui prendra vie sous nos yeux… le Bangladesh.
En mimant avec aisance une personne qui tente de se frayer un chemin dans une circulation dense, la chorégraphie s’installe sur l’intégralité de la scène. Alors que l’on s’étonne d’une agilité et d’une mise en scène originale, les tableaux s’enchaînent. On assiste à une succession de séquences qui relate la vie du danseur Akram Khan. L’autobiographie prend alors ses marques dans une dimension poétique sans grande difficulté.
image (c) Richard Haughton
L’interprète Nicolas Ricchini mettait son corps à rude épreuve dans des mouvements que l’on venait à entendre quand la musique se faisait plus discrète. J’ai encore en tête le bruissement de ses pieds nus qui se frottaient au sol pendant qu’il tournait de plus en plus vite sur lui-même. Par le biais d’une chorégraphie soignée et précise, on se plait à découvrir cette vie qui ressemble tant à celle de beaucoup d’artistes. Combien d’auteurs ont dû s’imposer comme créatif dans leur famille ? Combien on fait face à cette tradition du travail qui ne tolère la sueur que dans l‘effort d’un labeur parfois ingrat et interminable ? Combien de pères se sont vu hausser le ton, pour que leur progéniture effectue un « vrai » travail à l’image de celui qu’ils effectuent ?
image (c) Richard Haughton
Ce spectacle de danse contemporaine ne racontait pas une histoire mais plusieurs milliers. C’est aussi pour ça qu’elle a su trouver son public dans une salle comble et attentive. L’accessibilité du spectacle aux enfants (à partir de 7 ans) se remarquait à leurs rires et leurs réactions face au jeu du danseur. Notamment quand celui-ci s’est mis dans la peau d’un enfant qui ne tenait pas en place et qui refusait de se contraindre à l’autorité parentale. Dans la bande annonce accessible en vidéo, vous pouvez voir qu’une projection d’animations vient à compléter cette expérience. Celles-ci sont courtes mais viennent compléter habilement une partie du récit. Et ce n’est pas la seule surprise à laquelle nous avons fait face. Que ce soit à l’aide d’un mobilier restreint ou des jeux de lumières, tout concordait pour amener à vivre le plus intensément possible cette représentation. Il est difficile de raconter les moments les plus intéressants tant ils sont nombreux. Cependant, j’accorde sans peine une mention spéciale pour l’utilisation des deux chaises et leur intégration dans l’histoire.
image (c) Richard Haughton
Que vous soyez accoutumé ou non aux shows de ce type, vous en ressortirez avec le sourire. Malgré le fait que ce soit une adaptation accessible aux plus jeunes, le plaisir de la danse et le soin de la représentation scénique sont là. Dans un spectacle conventionnel, les effets de groupes produisent des chorégraphies complexes et impressionnantes. Ici, le danseur s’attache à détailler chacun de ses mouvements et se met au service d’une histoire par le biais d’une incroyable agilité. C’est en cela que le spectacle en devient impressionnant. Il réussit à raconter et à nous émerveiller avec peu de moyens visuels mais avec un énorme potentiel physique. Cette danse met en scène un récit initiatique d’une grande qualité, qui restera dans les mémoires des grands comme des plus petits. Si vous avez la chance d’assister à une de ses représentations, cela vous permettra de découvrir le travail d’un chorégraphe qui n’a pas fini de faire parler de lui.
Il ne me reste plus qu’à vous offrir cette bande annonce qui, à mon sens, en offre déjà trop mais qui communiquera assez sur la tonalité générale de cette représentation.
Oh merveilleux !! merci beaucoup pour cette superbe et poétique découverte …! 🙂
Oh merci ! Poésie et créativité alliées à une excellence indéniable . Je ne risque pas d’aller le voir mais la vidéo m’a déjà mis un grand sourire … Merci de cette découverte ! ^^
C’est déjà un sourire de gagné 😉
J’ai vu l’un de ses spectacles avec sa compagnie en juin dernier à Toulouse et c’était superbe.
Ah oui ? il faut absolument qu’on en parle 🙂
Merci pour cet article, une belle découverte)
Vu avec mes élèves au Prisme dans le parcours classe PEAC ! Nous avons adoré !