Le mondial de l’automobile qui s’est déroulé sur Paris au mois d’octobre, à la porte de Versailles, sera au cœur de l’actualité pour encore un bon moment. S’il vous est possible de voir en détails, en long et en large, toutes les nouveautés présentées sur différents sites spécialisés sur le sujet, je vous propose comme d’habitude un autre regard sur un événement qui draine autant les passionnés que les curieux, mais surtout et avant tout, les grands enfants que nous sommes.
Une pensée pour les absents
Pour commencer correctement, j’aimerais dans un premier temps vous parler des absents. Si tout le monde s’enthousiasmait cette année pour le flot de nouveautés et brassait du papier pour se réjouir de la vague d’hybridation des véhicules, il m’était impossible de ne pas percevoir le vide et la place occupée par des stands qui ne proposaient rien de vraiment extraordinaire. L’électrification des véhicules n’est pas nouvelle, et ce n’est pas « la jamais contente », première voiture électrique qui est passée au dessus de la barre des 100 km/h en 1899 (exposée lors de ce salon) qui infirmera ce point de vue. Lors du dernier salon de l’auto, il y avait bon nombre de prétendants à l’appel. Que ce soit pour les véhicules de type utilitaire ou de loisirs, de nombreuses PME avaient répondu présentes en 2012. En 2014, il semblerait qu’un premier essaimage ait mis fin à des ambitions et que la valse des rachats de certaines sociétés ne permette pas aujourd’hui d’obtenir de prévisions viables sur les futurs acteurs de cette industrie du véhicule électrique.
De nombreuses marques venaient à manquer et notamment chez les plus prestigieuses comme Lotus ou encore Hexagon Motors du coté des français. Ce dernier, en nommant son véhicule Furtive ne s’imaginait sûrement pas que son invisibilité cette année sonnerait presque comme un aveu. Souhaitons leur de sortir de sous les radars pour nous offrir une belle surprise dans deux ans. L’absence des agences de design qui officient dans l’ombre pour les constructeurs était tout autant notable. Mis à part des équipementiers incontournables comme Faurecia ou des bureaux d’étude de renom, il y avait comme un soupçon de diète industrielle qui s’est révélée aussi par l’absence des aspirants constructeurs qui, d’habitude, sont plus nombreux à présenter des nouveautés. Comme La Pariss, une autre voiture de sport électrique originaire du Pas-de-Calais qui n’était pas au salon non plus.
Aucune surprise ou coup de coeur en terme de Design Français
L’esthétique allemande est plus que dominante, ne nous le cachons plus. Depuis que les standards de qualité allemands sont devenus des « leitmotiv » pour les constructeurs européens et asiatiques, il n’est pas rare de voir de l’Audi ou du BMW chez d’autres constructeurs. Malheureusement, porter une tenue de haute couture ne vous rend pas plus noble pour autant. En automobile, c’est exactement la même chose, et au jeu des ressemblances, les styles les plus déstabilisants sont ceux du groupe PSA. La Divine est un mélange de trois genres en un, et le public ne s’y trompe pas. Une simple oreille tendue et un bref coup d’œil aux visages dubitatifs suffisent à eux seuls. “C’est une Citroën, ça ! » voilà comment un homme m’interpelle, ne comprenant pas le système d’ouverture des portes. Ce qu’il est important de préciser dès maintenant c’est qu’au sein du groupe PSA, la tradition des « dream cars » à 1 million d’euros est un classique. Sauf que, comme l’a si bien dit à haute voix un visiteur sur le stand de Peugeot, « On sait fabriquer de belles voitures en France, maintenant faut les faire ! » Que dire de plus ?
DS comme Déstabilisant ?
En matière de design, je suis partisan d’équilibre, d’économie du geste, d’effets de matières en cohérence avec la ligne. Je pourrais écrire un livre entier sur ma vision du style automobile, tout comme je pourrais démontrer l’importance de la notion de proportion. Quand j’ai découvert les prototypes du groupe PSA, à savoir la Divine et la Quartz, je me suis posé cette simple question : si ces prototypes sont ceux qui symbolisent le plus l’ADN en matière de style du groupe, à quoi ressemblaient les autres propositions lors du concours en interne ? Car concernant la Divine, j’ai effectué un simple test. J’ai montré deux photos du véhicule à une personne lambda, non consommatrice de presse automobile et revue design. Sa réaction fut sans équivoque «Tu es sûr que c’est la même voiture ?»
Voilà, en une phrase comment elle a synthétisé la majorité des réactions dont je fus témoin. Ce volume sur-dimensionné qui emprunte : une partie de son toit à Lamborghini, sa partie arrière à Alfa Romeo, sa ligne générique à Audi et une virgule latérale héritée du prototype Révolte, n’est pas compréhensible au premier coup d’œil. Cette mixture nous donne une sensation de déjà-vu insupportable pour une marque concentrant autant de talents. Nous savons depuis longtemps que les rennes du style sont aux commandes du marketing. Je ne le demanderai qu’une seule fois, d’un passionné à d’autres, qu’on interdise à ces gens-là l’entrée dans les studios de création.
Quand les constructeurs français proposent des prototypes, les constructeurs étrangers proposent des véhicules de série avec des identités fortes et propres aux emblèmes de leurs marques. Quelles sont les gênes de Peugeot ? De Citroën ? Et dorénavant de DS ? On ne pourra piloter des marques ambitieuses en dressant des cahiers des charges avec des profils d’Audi TT et autres icônes du design allemand dans le dossier technique.
Peugeot a clairement joué des découpes de lignes en s’inspirant ouvertement de Lamborghini, mais pour quelles finalités ? Un segment porteur d’emplois et de grosses marges bénéficiaires, comme celui des berlines de luxe, ne voit aucun challenger français. Où sont-ils, quand Jaguar annonce ouvrir sa gamme avec un véhicule dont le tarif démarrera à 37 000 euros ? Dans un proche avenir, on pourra choisir entre une tête de lion, des initiales DS et une tête de jaguar (sans compter les allemandes). Que prendront les clients qui souhaitent du premium ? Le pire scénario qui pourrait arriver à la France se compose de deux événements plus que crédibles :
Le premier serait que Peugeot devienne la marque low cost du groupe PSA. Quand bien même on évoque la renaissance de Talbot pour concurrencer Dacia, il suffira, peut-être, de se montrer patient et d’attendre le re-positionnement de la marque.
Le second serait que Google, Apple, Facebook, ou tout autre acteur de la connectivité rachètent une ou plusieurs marques automobiles françaises. A ce moment là, la question de l’identité stylistique ne sera plus le sujet. Idée folle ? Qui aurait prédit qu’Apple ait la capacité financière de s’offrir les 5 plus importantes entreprises françaises ? Qui aurait cru que Peugeot, dans sa période la plus difficile, puisse perdre une somme équivalente à l’étude d’une Porsche Panamera et la construction de son usine ? Pour rappel, en 2012 Peugeot affichait le chiffre marquant de 5 milliards d’euros de perte… Pour qu’un État se positionne comme actionnaire dans deux groupes automobiles distincts et concurrents pour sauver son industrie, c’est qu’il y a un vrai péril en la demeure.
La face avant de Lamborghini et son identité toute en lignes tendues avec des géométries devenues mythiques. Et ci-dessous la face avant du Prototype de Peugeot dont les entrées d’air sont clairement référencées pour signifier la sportivité. Curieux hommage, quand on sait que Peugeot a mis fin au contrat qui les liait au centre de style Pininfarina. Bureau d’étude de style qui a signé des automobiles françaises comme la 406 coupé, mais surtout de nombreuses Ferrari…
Le savoir faire français, une valeur sure ?
Si le savoir faire était écrit en grosses lettres sur le stand DS pour ne pas nous échapper, il était intéressant de lire sur une petite étiquette un texte présentant un détail de porte du prototype Divine. Dès les premières lignes on nous parle de parisienne chic. Ce qui est assez courant en Île-de-France c’est d’entendre parler du luxe « Parisien ». C’est fondamental pour permettre aux touristes d’identifier le luxe uniquement dans un triangle d’or de la capitale. Tout le monde sait qu’au-delà du 8e arrondissement c’est, disons, plus populaire…
Vouloir communiquer sur un savoir faire et ne le définir qu’à l’aide d’une ville comme Paris est un choix. Ce qui m’est apparu par contre comme étant une vérité c’est que le public français n’est pas du tout la cible des véhicules premium du groupe. En jouant autant sur les clichés, il est fort à parier que la présence du groupe chinois Dong Feng dans l’actionnariat de l’entreprise a réécrit des stratégies pour ne pas dire des lignes. Je n’ai aucunement la prétention de connaître la culture chinoise en matière de goût automobile. Mais je crois en mon fort intérieur qu’il faudra plus que des points de coutures et des lignes d’inspiration allemande pour intégrer durablement leur économie. Mais à l’écoute du directeur de la marque DS, le groupe se donne 15 ans pour accéder au sacro saint univers du luxe. Souhaitons leur en toute sincérité « bonne chance ».
Chez DS, on pouvait apprécier le travail d’artisans pendant qu’ils réalisaient des intérieurs personnalisés. La mise en avant de la notion de savoir faire est l’un des thèmes phares du groupe PSA. Et c’est un point que nous verrons à nouveau ensemble quand je vous délivrerai dans un prochain article mon point de vue sur la stratégie design du groupe.
Un petit détail vu sur le stand DS qui permettait de se faire une idée d’un sticker sur le toit d’une voiture de la marque. On aurait préféré des toits grandeur nature, alignés comme dans une galerie, pour revaloriser cette partie sous-estimée de l’automobile.
Le canapé Onyx réalisé par le studio Peugeot Design Lab partageait la scène avec le prototype Exalt. La marque au Lion souhaite affirmer sa capacité à produire des objets iconiques en insistant aussi sur le savoir faire français. Maintenant, et cela sera l’objet d’un prochain article dédié à leur stratégie design, je pense que toute cette communication est un peu caricaturale. Que le groupe PSA souhaite démontrer son potentiel à créer de belles choses est une excellente nouvelle. Le faire en usant de « clichés » en est une autre. C’est un peu comme si les américains nous vendaient un mode de vie idéal à base de pop corn, hamburger et soda. Le luxe français ne se résume pas à du vin et de la haute couture… mais bon ce n’est qu’un point de vue personnel et assumé, parmi d’autres.
Tesla
Avec la Tesla Model S, on commence à toucher du rêve automobile avec des chiffres qui laissent rêveur… 500 Km (théoriques) d’autonomie pour un véhicule électrique avec les prestations d’une berline de luxe. Un Paris-Marseille avec un trajet ponctué d’une pause de 20 minutes pour recharger et apprécier l’idée d’oublier l’essence. Ma première rencontre en vrai avec Tesla, c’était sur un parking de grand magasin dans la ville de Toulouse. Garée, pour ne pas dire exposée là, devant sa borne comme si de rien n’était, elle n’invitait qu’à l’extase et à l’envie d’y monter à bord. Si l’histoire de Tesla est assez mouvementée et nécessiterait un article entier pour présenter cette société, une chose est certaine : cette firme automobile redéfinit déjà des modèles économiques depuis l’annonce pour 2017 d’un modèle à 30 000 euros… Une somme non négligeable mais bien loin du double nécessaire pour en acquérir une aujourd’hui. La notion de créativité dans cette automobile n’est pas dans son allure d’Aston Martin aux faux airs de Jaguar mais plutôt dans son intérieur. Car avec l’Audi TT, elle fait partie des rares automobiles de série où l’interface utilisateur est entièrement digitale. Que ce soit au niveau des compteurs ou sur l’immense écran (17 pouces !) qui trône au centre de la planche de bord, les geeks comme les passionnés d’automobile sont tous d’accord sur un point, c’était gonflé mais fallait le faire ! Nul doute que dans les mois à venir, vous entendrez parler de Tesla qui multiplie ses bornes dans toute la France. Et qui, non content de proposer aujourd’hui le meilleur véhicule 100% électrique du monde, viendra se mettre en concurrence avec des modèles haut de gamme de berlines à motorisation thermique.
Avec Tesla le moindre détail est travaillé comme cette poignée de porte rétractable dans la carrosserie qui possède sa propre veilleuse.
115 000 euros
Merci, oui je dis un grand merci à Volkswagen qui vous accueille avec la même qualité que vous portiez un jean ou une cravate. J’avais en tête de voir leur nouveau véhicule dont la consommation laisse sans voix… 0,9L au 100km. Finalement, je me suis retrouvé derrière le volant de cette voiture à l’aérodynamisme exemplaire où le moindre détail est pensé en terme d’économie de poids. Si la note s’avère salée puisqu’il s’agit d’un véhicule à 115 000 euros, il est encourageant de voir que ce constructeur a parfaitement compris comment fonctionne le secteur automobile de nos jours. Nous voulons du rêve, oui, mais si possible disponible en concession. Avec cet engin qui s’apparente plus à un prototype qu’à un véhicule de série, c’est fait. Un pavé de plus envoyé dans la mare des constructeurs français qui pensent enfin à s’associer pour réfléchir à de futurs véhicules à basse consommation en s’appuyant sur l’hybridation. Ce n’est que quelques années de retard pris sur Toyota. Ce n’est pas grave, on pardonne et on économise dès maintenant pour la future génération d’automobiles hybridées et connectées.
Sur son stand, BMW proposait lui aussi de l’hybride, un scooter connecté et l’I8. L’I8 n’est pas un prototype de salon, c’est la voiture hybride disponible à l’achat (une habitude allemande apparemment) dès maintenant pour la modique somme de 145 000 euros. Certes c’est cher mais comme le dirait Ribery « la roue tourne va tourner » donc demain, gageons que son prix ne sera pas équivalent à une prime de but en ligue 1. Et qui sait, vous aussi demain vous ferez la queue chez le concessionnaire pour en obtenir une.
Des erreurs de stratégie ?
Si, en matière d’hôtesses, le salon tient toujours ses promesses en s’assurant que les coupes de vêtements permettent de ne pas avoir trop chaud sous les projecteurs, on remarquera aussi que beaucoup de véhicules « clés » n’étaient pas ou peu accessibles. Il y a deux ans, les marques de luxe comme Jaguar vous invitaient à vous rapprocher des véhicules ou encore à y pénétrer. Stratégie différente pour BMW qui, à l’instar de Volkswagen et son véhicule hybride, ne proposait d’accéder à l’I8 que sur invitation et concrètement comme on dit dans le 16ème « bah, si tu l’as pas, c’est que tu la mérites pas ».
Mention spéciale pour Venturi qui cette année proposait sa seule nouveauté sans la mettre en avant, dans un espace VIP inaccessible au commun des mortels. Impossible d’en faire le tour et d’en voir tous les détails. Dommage, mais comme me l’a dit l’une des hôtesses avec humour « eh bien, c’est une moto, donc de l’autre coté c’est pareil » … Pour Venturi, le salon était aussi une façon d’exposer le véhicule avec lequel la firme a battu un record de vitesse. Une chance que je tourne toujours autour des stands, cela m’a permis d’apercevoir cet « oiseau » accroché à plusieurs mètres du sol. (http://www.avem.fr/actualite-mondial-2014-venturi-recompense-par-la-fia-pour-son-record-electrique-5338.html)
Mes recherches pour en savoir plus sur les ambitions industrielles de Venturi m’ont amené sur un article qui expose une idée déconcertante : Venturi ne chercherait pas à vendre ces véhicules… Et pour le comprendre, je vous propose de lire cet article : http://www.caradisiac.com/Venturi-30-annees-d-innovation-vraiment-En-direct-du-Salon-de-Paris-2014-97981.htm
Le seul modèle d’automobile disponible à la vente de ce constructeur sera construit à 25 exemplaires au prix de 345 000 euros. Bref, deux fois le prix d’une I8, par exemple… Un détail.
Des véhicules autonomes pour demain ?
Le constructeur Ligier (fabricant de voitures sans permis) s’essaie au véhicule autonome. Cette pratique qui était l’apanage de centre de recherches comme l’Inria, pour ne pas le citer, se voit à nouveau au devant de la scène depuis que Google et les centres d’études américains amplifient les propositions dans ce sens. Concernant Ligier, rien dans l’esthétique ou la présentation du véhicule ne laisse entrevoir une solution originale ou différente de ce qui a déjà été aperçu sur les salons. Ce genre de produit souvent ciblé entreprise, infrastructure ou collectivité locale est très difficile à développer. Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui les maîtres en la matière ne sont plus les constructeurs automobiles mais les sociétés qui développent des solutions électroniques et logiciels innovants. Malgré le partenariat de la société avec Robosoft Technology et la création d’une société spécifique à ce marché, j’ai quelques doutes sur la possibilité de dégager des bénéfices sur le court ou long terme. Avec 92 millions de chiffre d’affaire sur le marché européen, il y a sûrement des niches plus profitables pour arrondir ce chiffre. Ligier n’était pas l’unique société à présenter un véhicule autonome sur le salon. Akka Technologie a pour sa part présenté un véhicule dont la qualité perçue démontre un ciblage vers un autre type de clientèle. Akka fait partie de ces sociétés que le grand public ne connaît pas mais qui intervient dans de nombreux domaines où les hautes technologies sont au cœur de leur business. Si vous avez la curiosité de voir l’ensemble de leurs activités, un seul clic ici vous donnera satisfaction.
S’il est possible aujourd’hui d’utiliser des véhicules autonomes au quotidien dans une ville comme à Masdar (Émirats arabes unis), il y a encore un long chemin à parcourir avant que l’on arrive à convaincre les français de monter dans un véhicule sans chauffeur. D’autant plus que le succès de ce type de projet réside aussi bien dans l’intelligence de fonctionnement que dans les perspectives d’intégration dans une ville. A Masdar, tous les véhicules autonomes sont en sous-sol par exemple, car il y a un projet architectural d’envergure qui met en lumière une vision globale sur l’écologie. Et je n’évoquerai même pas les modèles économiques à définir car ce ne sont pas nos villes surendettées qui vont investir dans ce genre de système encore trop coûteux et contraignant à l’usage. Il y a encore tellement de tramways à rembourser…
Le véhicule autonome par Ligier
Une autre solution de véhicule autonome proposé par Akka Technologies
Couleurs et Matières
Mise en valeur décorative pour les uns, tableau d’inspiration pour les autres, les nuanciers de couleurs et de matières sont en fonction des constructeurs mis en avant ou agencés comme de véritables petits écrins. L’effort de présentation chez certains, comme ici, rendait ces détails cosmétiques presque aussi précieux que chez un bijoutier. Chez Opel, on prônait la simplicité avec une mise en scène accessible à tous, sans recherche d’effets de style gratuits.
Le bien-être avant tout ?
L’immersion virtuelle faisait aussi partie du paysage lors de cet événement. Que ce soit chez Peugeot ou chez Volvo, il était possible de se greffer une paire de lunettes et de participer à une expérience sensorielle en totale immersion. J’ai pour ma part profité surtout de cette ambiance zen et de cette scénographie particulièrement apaisante du stand. Ecran géant, banc avec écran intégré et surtout mobilier confortable en forme de galet ou bon nombre de visiteurs venaient s’échouer pour terminer leur journée.
Le stand d’immersion chez Peugeot, tout en sobriété
L’immersion totale était possible aussi sur ce stand où l’expression « être dans sa bulle » était mise en scène à la lettre.
Un peu d’art dans ce monde de brutes ?
J’ai trouvé une artiste Shalemar Sharbatly dans cet amalgame d’acier. L’une de ses spécialités est de peindre directement sur des véhicules roulant et notamment de luxe, comme cette porche. On peut adhérer ou non à sa peinture mais ce que je trouve intéressant dans sa démarche c’est qu’elle essaie au moins d’apporter un peu plus d’identité graphique à des véhicules dont les lignes n’ont jamais été autant génériques. Serait-ce une pratique qui se développera dans l’avenir sur des véhicules de cette catégorie ? L’histoire de l’automobile regorge d’exemples de peintures sur carrosserie mémorables. J’ai le souvenir que Bugatti avait aussi réalisé une version spéciale de sa Bugatti Veyron avec une peinture des plus surprenantes. Souhaitons lui en tout cas de trouver d’autres clients pour, qui sait, un jour avoir un panel d’œuvres et de modèles susceptibles de remplir une grande salle de musée.
Une exposition de qualité
Une exposition mettant en évidence le rapport entre mode et automobile occupait l’intégralité d’un hall. L’expo aurait pu être un brin plus étoffée car il y avait beaucoup plus d’exemples que ceux qui étaient présentés. Mais il est fort à parier que l’indisponibilité de certains prototypes ait rendu incomplète une thématique qui mériterait d’être beaucoup plus développée.
Matra 530 « Simultanée » Sonia Delaunay – 1968. Une des applications du mouvement pictural « Orphisme », appliqué au monde de l’automobile.
« Life is Beautiful » installation artistique de Manish Arora réalisée en partenariat avec Alcantara
Smart « forjeremy » véhicule éléctrique – 2011. Partenariat entre Jeremy Scott et Mercedes
Citroen C3 Dolce & Gabanna – 2002
Mini réalisée en partenariat avec Paul Smith – 1997
Une belle confrontation Renault versus Citroën qui nous oppose deux prototypes aux proportions équivalentes mais qui resteront en l’état chez Citroën. Concernant Renault, le mythe Alpine se fait attendre depuis le faux départ de Renault avec la Spider en 1996.
Les différentes versions des véhicules (La Bulle en 2002 – La Exe en 2004 – La Zoop en 2006) créées par Coqueline Courrèges, épouse du couturier André Courrèges
Conclusion
Je n’ai absolument pas été frappé par une vague d’originalité qui pourrait me pousser à dire, l’industrie automobile est plus créative que jamais. J’ai surtout ressenti une frilosité, du tâtonnement et des essais encore maladroits de la part de constructeurs français qui, à défaut de cerner les attentes réelles des consommateurs, s’orientent vers des marchés plus porteurs à l’étranger. Avec le temps, nous verrons bien s’ils arriveront à tirer les leçons de leurs mauvaises ventes passées pour renouer avec une période ou un simple modèle relançait toute une gamme de produits.
De plus, cette année, le salon de l’auto n’a pas bénéficié d’une vitalité économique qui laisserait croire que tout se passera pour le mieux dans le futur. Il est même fort probable que d’ici deux ans, les acteurs de l’industrie automobile se réduisent encore à cause de rachats, de fusions ou de disparitions pures et simples. Si les constructeurs généralistes auront toujours un prototype ou deux sous le manteau, il n’y a toujours pas de solution miracle pour convaincre ceux qui n’ont pas d’automobile d’en acheter une demain.
Les offres d’achats et de garanties des véhicules de demain seront au coeur d’enjeux équivalents à celui des données. Quand nos autos communiqueront entre elles et qu’elles nécessiteront des mises à jour comme les appareils électroniques de notre quotidien, nous verrons alors émerger de nouveaux métiers et de nouvelles sociétés qui n’hésiteront pas à développer des systèmes à l’image des applications pour les téléphones mobiles.
Une application vous réveillera si vous vous endormez au volant. Une autre vous indiquera que vous avez trop bu et ainsi de suite. Si toutes ces innovations paraissent superflues aujourd’hui, attendez de voir comment demain nous ne pourrons plus nous passer de l’auto qui se gare toute seule, ou encore de celle qui gère les embouteillages sans que vous touchiez le volant.
En tout cas, nul besoin d’être médium pour comprendre que de grandes lignes se dessinent maintenant. Les offres vont se paramétrer plus que jamais en fonction de vos revenus. Pour les classes moyennes, le low cost prendra plus de place en proposant des véhicules aux finitions en progression. Pour les classes les plus aisées, les automobiles renoueront avec des sensations de conduite qui s’adapteront en fonction de votre humeur. Et pour tous ceux qui ne sont pas encore séduits par l’idée de posséder une automobile, une nouvelle génération de véhicules se fraie un chemin doucement mais surement en proposant de se placer entre l’auto et la moto.
On retiendra que ce salon n’était pas le meilleur de tous, mais sans aucun doute le plus fréquenté. Avec une augmentation des entrées permettant de passer haut la main la barre du million de visiteurs. Dire que le sujet intéresse toujours autant serait un euphémisme, voilà donc un point positif qu’il faudra entretenir dans l’avenir avec plus de créativité, de propositions crédibles et si possible durables.
Vraiment de très belles images. Superbe !
Merci j’essaie de m’appliquer, surement pour donner aux lecteurs encore plus envie d’être présents sur ce type d’événement 😉